Les mystères de la république

de **rennois** » 16/10/2017 19:59

Message précédent :

4ème "aventure" de Peretti et sa bande d'adjoints, sans doute la moins intéressante des 5.
Nous sommes ici en 1940, et le commissaire enquête sur le meurtre d'un de ses anciens adjoints, justement.

Le dessin de Wachs reste égal et bien en prise avec l'époque, il n'y a donc toujours rien à dire là-dessus.
Les faiblesses sont dans le scénario :
- moins de grandeur dans l'action, on est plus dans des histoires particulières, sauf à son extrémité. On ne sent pas la chappe de plomb que fait peser tous les caciques d'un certain système vichyste tout du long des trois premiers albums. c'est décevant un brin à ce niveau.
- Et malheureusement, les histoires particulières laissent froids, par manque de charisme ( à mon sens ) initial des personnes concernées. C'est Perrier qui est "l'objet" d'enquête et on aurait préféré Lacaze, flic à l'ancienne truculent.
- Claire est le personnage principal final nous menant vers le 5ème tome, de par la chute offerte. Mais on retire peu d'empathie de ce qui lui arrive, dans la mesure ou le rôle de potiche de l'abum lui a été dévolu ( faire et servir le thé à Peretti dans les cases ou elle apparait. En exprimant certes son opinion contre Vichy et les nazis par moment, juste par tempérance du semblant de neutralité de Peretti )

Un petit coup de moins, là...

de **TILLIERTON** » 16/10/2017 21:51

J'ai toujours eu un faible pour ces "mystères de la République" en phase avec l'Histoire, avec toutefois une préférence pour la quatrième ou la cinquième, peut-être plus contemporaines. Ce dernier tome de la troisième, au scénario toutefois bien ciselé s'apparente plus à un (excellent) polar.

de **rennois** » 21/10/2017 13:47

Conclusion en beauté de la "3eme république", cet ultime chapitre laisse à voir toute l'évolution morale du personnage principal, le commissaire Peretti.

Le contexte : fin 43, De gaulle lui-même, depuis Londres, tente la réunification des mouvements de résistance en France, sous son égide, suite à la défection forcée de Jean Moulin ( et pour cause ! ), qui avait entrepris de mettre de l'huile dans les rouages.
Certains pro-vichystes, qui ont sentis le vent tourner, sont entrés dans une des mouvances pour se blanchir à l'heure des bilans, celui de la nébuleuse Giraud.

On semble loin des enquêtes policières quotidiennes du commissaire et son équipe.
C'est là qu'apparaît le plus visiblement le changement évolutif de mentalité de Peretti. Il est passé d'une bienveillance sans outrance du régime de vichy, sans prosélytisme mais avec une certaine compréhension ( dénuée de discernement, il faut l'avouer ), à un rejet propre à l'amener à se rapprocher de la résistance.
C'est là qu'on le charge de se rapprocher de proches de Giraud, ou il va retrouver un vieil ennemi...

C'est très bien mené de bout en bout, même si on regrettera des petites choses au final :
- les happy-end à foison qui concluent toute l'histoire
- l'absence criante d'uniformes allemands dans les rues, alors que ce n'était pas la réalité
- le peu de place laissé à Claire Morel, qui apparait en filigrane comme une espèce de potiche cinématographique, alors qu'elle est une des raisons principales du changement de perspective de la situation globale du pays dans l'esprit de Peretti

Des petites fausses notes qui n'empêchent pas l'adhésion globale au propos et traitement de la période. Un "divertissement" très sain que cette série.

de **rennois** » 11/11/2017 15:57

D'une république à l'autre, le concept général reste le même : mettre la police criminelle aux prises avec les conséquences d'évènements majeurs en France, qu'on pourra résumer par une espèce de "guerre civile" en monde clos, celui des gens qui comptent ( partis et hommes politiques, syndicats, pègre, influents du pays ).
La 4ème république nous rattache à l'après-occupation, période noire ou les âmes se révèlent : la compromission et la délation défient le courage et la probité, les affaires sordides s'opposent à l'oubli. On cherche un ennemi partout, on hurle à la collaboration là ou on omet ses propres actions.

Le 1er tome de ce pan ( 1946 à 1956 ) déroulait un fil identique aux 3 républiquest. On y voyait, pour commencer, durant 2/3 planches, le personnage principal ( ici le commissaire Coste ) tel qu'il apparaîtra en début de situation d'urgence au tome 5, 10 ans après la première enquête.
L'enquête, ici : la découverte d'un cadavre dans un champ en culture, en 1946, qui, via une lettre anonyme, devint un petit charnier, avec l'exhumation de six corps supplémentaires.
Comme à priori, le début d'enquête montre qu'on a abattu là des résistants communistes, Coste et son équipe se tournent vers les représentants de la milice marseillaise pendant la guerre.
Mais dans ce "juste après-guerre", un flou total était de mise. Démêler les fils, entre vrais/faux résistants, vrais/faux miliciens, ou un peu des deux pour s'en sortir, était une entreprise des plus difficiles, tellement pullulaient faux témoignages et silences de circonstance...

Saut de 4 ans pour le tome 2, avec de toutes autres considérations, mêlant pègre marseillaise, syndicats ( la CGT créant le ressentiment, parce que menant seule une grève des dockers ) et caciques de la ville…
Le mort qui entraîne une enquête semble ne rien à voir avec tout ce petit monde, puisqu’agent de la DST.
Les faux-semblants, encore et toujours…

« Le bel automne des collabos » prend pied 3 ans après. Coste a quitté Marseille pour Paris. Il enquête cette fois-ci sur un résistant, ex-membre du parti communiste, qui avait rejoint un parti dissident, aux finances pour le moins trouble. L'inspecteur et son équipe vont tomber dans les méandres de la "pieuvre politique", celle qui tire les fils, fait et défait, les hommes comme les fondations.

Il y a un saut de qualité par rapport à la 3ème république, moins par le dessin qui me parait un poil travaillé plus froidement, que par le scénario, d'une clarté et d'une lisibilité de bon aloi malgré la difficulté de coucher sur papier cette période. Moins de fioritures et de personnages inconsistants, Richelle semble avoir tirer des conclusions au fur et à mesure de son travail, et c'est heureux...

de **rennois** » 21/01/2018 12:54

"4eme république" qui manque de souffle au final, malgré mon avis positif après 3 tomes...
"La main rouge" est centré autour du supposé suicide d'un journaliste/écrivain, qui travaillait sur les mouvements procolonialistes en Afrique du nord.
"Opération résurrection" se déroule en Algérie, avec en toile de fond le démantèlement des réseaux FLN, après la bataille d'Alger. Un semblant de paix sa dessine, sauf que les colons voient d'un très mauvais oeil les réformes visant à rendre les musulmans citoyens à part entière.
Si les sujets sont très intéressants, on ressent tout de même une certaine fadeur de traitement sur la longueur, principalement dû au calque trop criant dans la forme avec la 3eme république. Et cette manière d'absolument vouloir positiver la conclusion du "tout redevient bon dans le meilleur des mondes" s'apparente à l'eau de rose et apparait assez dérangeante, compte tenu du sujet de la série laissant peu de place à la pitié.

de **rennois** » 10/02/2018 11:34

A mon sens, sans doute la meilleure "république" des trois, et de loin, seulement trahie par une énorme faute de gout au 5eme tome ( qu'on pourrait même qualifiée de professionnelle ).
De 1959) à 1968, le commissaire Verne et ses acolytes se débattent dans la grande histoire, au travers de meurtres semblant au premier abord de simples méfaits ordinaires du monde de la truanderie. Ils vont entrer dans les méandres et suites de la guerre d'Algérie, via le financement du FLN en France ( mêlant caciques et église ) et les réseaux qui l'activent, l'indépendance

de **rennois** » 10/02/2018 11:34

A mon sens, sans doute la meilleure "république" des trois, et de loin, seulement trahie par une énorme faute de gout au 5eme tome ( qu'on pourrait même qualifiée de professionnelle ).
De 1959) à 1968, le commissaire Verne et ses acolytes se débattent dans la grande histoire, au travers de meurtres semblant au premier abord de simples méfaits ordinaires du monde de la truanderie. Ils vont entrer dans les méandres et suites de la guerre d'Algérie, via le financement du FLN en France ( mêlant caciques et église ) et les réseaux qui l'activent, l'indépendance algérienne et la guerre meurtrière entre l'OAS et ce même FLN, l'histoire des barbouzes envoyés dans le pays, et pour terminer les intérêts troubles de la France en Afrique de l'ouest...
Très prenant, échevelé, sans fioritures, cette "cinquième république" n'a pas les quelques défauts lus dans les deux autres concepts. Assez passionnant à suivre, somme toute.
Comme dit en préambule, unee rreur majeure gâche l'ensemble, sans que ce ne soit rédhibitoire dans la note finale qu'on pourrait donner, mais tout de même, il est incroyable que quelqu'un ait pu laissé passer cela.

[Révéler] Spoiler:

En effet, alors que Verne est le héros du cycle depuis 4 tomes, il meurt dans le 5eme, page 17, d'une balle dans la tête. Et on ne trouve rien de mieux............que de nous l'annoncer d'emblée en 4eme de couverture, avant même d'avoir ouvert l'album. :grrrr:

Une bêtise sans nom

de **TILLIERTON** » 12/02/2018 20:21

Effectivement. C'est une grosse maladresse
On peut noter, sans grande surprise, que le sort du commissaire Verne semble sceller dès le début du premier tome. A noter, et j'ai bien aimé, le rôle de l'adjoint, qui prend de l'importance au fil des tomes. Au début, qui a l'air d'un gros beauf, mais qui se révèle un être sensible, blessé par la vie, et mènera l'enquête jusqu'à son terme, par mémoire pour son patron

de **rennois** » 12/02/2018 20:30

Exact, le genre de personnage qu'on aime détester, et qui finit par révéler ses failles ( avec son fils, et l'absence d'empathie de sa femme, entre autres ) :ok: