Richard Brooks
Looking for Mr Goodbar (1977)
En regardant le film, le générique en forme de photos souvenirs en n et b donne le ton résolument année 70's du film. Et c'est d'abord ce que j'ai apprécié dans ce film, cette ambiance parfaitement retranscrite avec ce grain de photo, les cadrages, les tenues à la mode de l'époque, la façon de filmer les bars de nuit, la musique disco et les couleurs acidulées. Une bonne note pour ce début de film. Pour le sujet, le spectateur va suivre le parcours aux allures de descente en enfer d'une jeune femme sage, du moins en apparence, qui veut s'émanciper et gagner sa liberté. Sa motivation n'est pas toujours claire et des scènes éclair brouillent parfois à dessein la réalité et l'histoire lorsqu'elle a des délires visuels (accident, arrestation dans son appartement..)
Ses expériences de plus en plus poussées et sordides dans sa quête sensuelle et sexuelle lui laissent penser qu'elle pourra fuir les carcans familiaux, religieux, moraux, sanitaires qui l'étouffent:
famille catholique pratiquante aux parents rigides, une soeur Katherine qui a un parcours chaotique, une scoliose très grave qui l'a menée sur un lit d'hopital et de convalescence pendant des mois dans sa jeunesse qui est sa blessure intime. Au delà de ses expériences, elle va finir par quitter le domicile parental, se faire stériliser et oublier sa blessure secrète, (elle a découvert que c'est congénital).
Parallèlement, elle se révèle bon professeur, appliquée et volontaire, et il est difficile de reconnaître dans celle du jour, cette femme tourmentée et prête à tout pour s'offrir au premier venu la nuit. Le contraste est saisissant entre sa mission auprès de ses élèves, jeunes sourds qu'elle s'évertue avec brio à intégrer dans la société pour leur donner un avenir épanoui et sa propre désintégration progressive dans les milieux interlopes de la drogue et du sexe.
La perche tendue

par l'honnête travailleur social James; prêt à l'épouser est rejetée et elle va continuer à s'abandonner avec une envie difficilement compréhensible, comme happée dans cette vie dissolue jusqu'à mettre sa santé, son travail en danger. Tout se brouille de plus en plus dans une vie qu'elle veut brûler à tout prix, jusqu'à se consumer, pour finir en une
sorte de prostituée occasionnelle se laissant utiliser par n'importe qui.
Côté jeu d'acteur, Diane Keaton est parfaite dans ce double rôle et cette violence qui monte petit à petit, avec ce côté Hyde qui finit par prendre le dessus sur Jekyll.
Richard Gere (Tony) en espèce de petite frappe merdique et gouailleur est antipathique à souhait et l'ambiance de la vie nocturne des bars à putes et établissements de sexe est parfaitement rendue.
Le final est angoissant avec un clin d'oeil à la scène de la douche de Psycho au moment où l'on pense que Tony va finir par la violenter et la détruire et que c'est finalement une montée dans le délire de la fête costumée du nouvel an qui va terminer l'histoire en scène d'horreur et de crime dans la lumière stroboscopique.
D'après ce que j'ai lu, la signification de Mr Goodbar, venu du nom d'une vraie barre chocolatée, serait à chercher dans le sens M bien monté, ou gourdin, bref, c'est du cru.

Le film ne porte pas de jugement sur cette soif de liberté qui se révèle artificielle et factice, la quête de Theresa de vouloir s'appartenirn'est pas mauvaise, mais assurement le chemin pris la mènera dans une mauvaise direction, très mauvaise direction...
Ma note 15/20 pour son côté clinique, et représentatif d'une époque et de cette montée progressive et qualité technique.