A
u ras de l’herbe, de frêles lumières animent la nuit. Les lucioles paradent. Un couple se retrouve, s’allonge, s’aime. Un éclat de vie en surgit : un enfant bioluminescent. Bousculé, chassé, l’enfant part, explore, découvre, éclaire, jusqu’à se fondre dans l’immensité.
Avec Lueurs, paru aux Éditions de la Cerise, Adrien Demont (Feu de paille, Buck), invite le bédéphile de tout âge à un voyage onirique et poétique sans parole qui se révèle de toute beauté. Dans l’écrin élégant d’un format à l’italienne, les planches dévoilent un travail minutieux à partir de collages, de découpages et d’incisions au scalpel de papier et de carton. Le résultat de cette partition graphique originale impressionne par son rendu qui accroche l’œil, son jeu avec la matière, les formes, les superpositions et avec les couleurs. Pour ces dernières, le noir et le bleu ont été privilégiés et font contraste ; toutefois, il s’y glisse aussi différentes nuances, notamment de gris, ainsi que l’explosion lumineuse d’inserts jaunes et blancs dont l’éclat augmente avec leurs chevauchements. Des détails sont ajoutés par de fines entailles ; celles-ci soulignent les traits et plis d’un visage, des angles ou des reliefs ou esquissent des mouvements, ce qui apportent du dynamisme à chaque page.
Quant au récit, il aborde en douceur diverses thématiques. Le miracle du vivant apparaît au centre du propos, à la fois à travers les lucioles et l’amour qui aboutit à la conception d’un être. Il évoque également la différence et l’exclusion, l’exil et la migration, mais encore le travail et le divertissement. Surtout, il explore diverses échelles, allant du presque rien au foisonnement, du minuscule au gigantisme de l’univers.
Album sortant de l’ordinaire, Lueurs offre un bien joli voyage à découvrir aux Éditions de la Cerise. Une lecture féérique et envoûtante.
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