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Châtiment corporel

08/02/2006 24 planches

Pour fêter la sortie du tome 4 de Lincoln, BDGest' donne un coup de projo sur une série dont le succès a été immédiat... et mérité ! Au travers d'une interview déchaînée d'Olivier, Jérôme et Anne-Claire Jouvray, découvrez les aventures de Dieu, du Diable et d'un cow-boy nihiliste, de nombreuses images inédites et des planches du tome 4.


BDGest' : D'où vient Lincoln ?  
 
Olivier Jouvray : D'une envie de faire du western, de raconter des conneries  pour faire rire, de critiquer les américains. Comme Lincoln est le  héros du livre et qu'un héros est forcément confronté au choix entre  le bien et le mal, on en profite pour tailler un costard à la morale  judéo-chrétienne.  
 
BDGest' : Quand on écrit une série comme Lincoln, sur quelles références se  base-t-on ? Des westerns, des graphismes particuliers ?   Olivier Jouvray : Tout ce qui peut me passer par la tête mais rien n'est  vraiment défini... C'est parfois après avoir écrit le scénario que je  me rend compte de ce qui a pu me donner des 

Ze Jouvray Familly
idées, au moins en  partie... Mais il n'y a pas de référence précise, ce sont des petits  bouts de plein de choses.   Jérôme Jouvray : Pour le dessin, j'ai regardé quelques BD et quelques films,  pour piquer des idées de décors... on a trouvé pas mal de photos de  New York sur le net aussi... La référence qui vient le plus souvent c'est Sergio Léone...  
 
BDGest' : Lincoln est un western "à l'envers". Dans le tome 3, le "cow-boy"  va d'Ouest en Est, ce qui est suffisamment rare pour être noté.  Qu'avez-vous souhaité montrer par cette entorse aux habitudes du  western ?  
 
Olivier Jouvray : Je n'y a absolument pas réfléchi, ce sont certains lecteurs  qui ont pu me le faire remarquer donc je n'ai rien voulu montrer ! Le  chemin vers l'ouest est pour moi une aventure de pionniers, mais là  dans les années 1900 - 1910, les pionniers c'est terminé, ils sont  arrivés au bout du pays les cow-boys alors logiquement, ils font demi- tour.  
 
 
BDGest' : L'humour de Lincoln est presque totalement au second degré.   Comment savez-vous à l'écriture qu'une séquence fonctionnera ? Avez- vous des réactions du public par rapport à ça ?  
 
Olivier Jouvray : Mon premier public, c'est moi. Si j'arrive à me faire rire,  je pense que c'est pas mal. Après j'ai un peu la honte parce que je  pense que tout ça manque un peu d'humilité, alors je montre la super  vanne que je viens d'imaginer à mon frère qui me regarde l'air gêné  et me lance un "ouais ouais... euh..." ce qui veut dire en langage  Jouvray "Ha ha ! c'est quoi cette merde ?" alors ma tête ayant bien  dégonflé d'un coup, je recommence jusqu'à ce qu'il se marre... Je  fais aussi lire le scénario à ma femme qui ne laisse rien passer,  elle me dit "ça c'est pas très drôle" ou bien "ça c'est drôle" avec à  peu près la même expression de visage, impressionnant ! et Anne- Claire m'engueule parce que je ne fais que des histoires de cons  vulgaires qui se mettent sur la gueule à longueur d'album !   Jérôme Jouvray : C'est vrai que c'est le boulot d'Olivier de trouver les  trucs drôles... Après c'est à moi de bien les dessiner, souvent il me  fait retravailler une case ou une mise en scène pour aller un peu  plus vers ce qu'il imaginait... Il me pousse souvent à aller vers  quelque-chose de plus caricaturo-comique, ce que je n'ose pas  forcément du premier coup...  
 
Anne-Claire Jouvray : oui , je l'avoue , ça ne me fais pas beaucoup rire,  mais de manière générale , je suis un très mauvais public en matière  d'humour .  
 
BDGest' : Lincoln est prévu en un nombre incalculable de tomes, "tant que  l'envie sera là". N'avez-vous pas peur de perdre toute envie de  faire d'autres séries ?  
 
Olivier Jouvray : Non heureusement j'arrive bien à laisser une histoire de  coté pour travailler sur une autre.  
 
Jérôme Jouvray : On en est tous là, on passe d'un univers à l'autre avec  plaisir...  
 
Anne-Claire Jouvray : c'est justement le fait de faire plein d'autres choses  à coté qui nous donne le plaisir de retrouver certains héros,  certains univers une fois par an !  

BDGest' : Si l'envie se perd, y'aura-t-il une vraie fin ?  
 
Olivier Jouvray : oui et non, il y aura forcément un tome qui dira clairement  que c'est le dernier mais à moins de faire mourir tout le monde, on  pourrait toujours imaginer une suite... Et puis trouver comment faire  disparaître Dieu et le Diable, c'est pas simple !  
 
Jérôme Jouvray : Il y a un tas d'exemples d'histoires qui ont eu des suites  alors que tout le monde croyait que c'était fini... On appelle ça des  cycles maintenant, c'est plus facile à justifier... Pas mal de  lecteurs ont cru que le tome 3 était le dernier de la série... On  nous a même reproché la fin du trois qui n'était pas terrible pour  une fin de cycle.  
 
Anne-Claire Jouvray : la fin des fins, dans un bain de sang rouge, vermillon,  cyan, carmin....... le bonheur coloré!!!!!  
 
 
BDGest' : Lincoln est immortel ; le diable peut le transporter n'importe où.  Avez-vous l'intention de le faire voyager dans l'espace et le temps ?  
Olivier Jouvray : Je n'ai aucune intention particulière pour la suite puisque  je ne la connais pas, mais je n'ai pas du tout envie de partir dans  une direction "fantastique". L'immortalité me donne des facilités  d'écriture et des possibilités de gags mais ne deviendra pas le sujet  central de cette histoire.  Jérôme Jouvray : Une des idées de départ était qu'on pouvait facilement  avancer dans le XXème siècle, que le personnage pouvait participer,  de près ou de loin, aux grands événements, sans pour autant faire du  forest gump.  
 
 
BDGest' : Olivier, vous travaillez sur Camilo avec Jean-Jacques Sanchez.  Jérôme, vous, c'est La Région, avec Denis Roland. Par rapport à ces  deux séries, Lincoln a été tout de suite très bien accueilli par le  public, sans toutefois bénéficier d'une campagne de promotion ou  d'un éditeur plus importants. Pensez-vous  que le travail entre frères permet une plus grande osmose, et que le  public le sent?  
 
Olivier Jouvray : C'est possible effectivement. C'est toujours difficile  d'expliquer un succès mais le fait qu'on travaille ensemble, qu'on  aie les mêmes références et à peu près les mêmes goûts en matière  d'humour, ça aide. Je pense surtout que ce qui fonctionne bien entre  nous, c'est que Jérôme parvient toujours à représenter exactement ce  que j'ai en tête. Et si je n'ai rien en tête, ce qu'il imagine me  convient toujours alors c'est chouette... On se regarde tendrement,  on se dit "Ho ho qu'est-ce qu'on est bons hein ?" et dans la pièce  d'à coté on entend Anne-Claire qui nous gueule dessus parce qu'on se  prend vraiment pas pour de la merde... Et on se remet au boulot..
Jérôme Jouvray : En tout cas, d'un point de vue médiatique, ça plaît qu'on  soit tous les trois de la même famille...  
 
Anne-Claire Jouvray : ah , les garçons !!!!!   BDGest' : Le travail en équipe est réputé difficile. Est-ce que le fait de  faire ce projet en famille vous a aidés ?  
 
Olivier Jouvray : Les sujets de discorde ne sont pas les mêmes qu'avec  quelqu'un d'autre mais il faut savoir les gérer de la même façon.  Avec Jérôme on sait qu'on peut s'engueuler un peu mais comme on est  frères et qu'on a envie de le rester, on calme vite le jeu ! On a  pris le temps d'apprendre à vivre ensemble en fait.  
 
Jérôme Jouvray : Comme Olivier le disait plus haut, on a un peu les mêmes  références, les mêmes goûts, tout simplement un peu le même bagage  culturel...  ça aide, oui...  
 
Anne-Claire Jouvray : N'étant pas une vraie jouvray mais une pièce rapportée,  je trouve que je n'en sort pas mal entre ces 2 zozos ! Je les laisse travailler en fait , je n'arrive qu'a la fin et je donne rarement mon avis ! De toutes façons les garçons ça joue pas avec les filles ! Et puis depuis quand l'avis d'une coloriste est autorisé ?????  

 
BDGest' : Vous avez reçu le prix de la bande dessinée chrétienne internationale pour un album et une  série très largement iconoclastes. Quelle a été votre première réaction ?  
 
Olivier Jouvray : D'abord j'ai cru à une blague et ensuite ça m'a un peu  agacé. J'avais l'impression qu'on tamponnait mon livre "conforme à  notre idéologie" sans me demander mon avis ! Après, j'ai pris le  temps de rencontrer les personnes qui avaient décidé de nous donner  ce prix et comme c'étaient des gens intelligents et ouverts d'esprit,  j'ai rangé mes flingues !  
 
Jérôme Jouvray : On nous a demandé si on l'acceptait... Il est arrivé que  d'autres le refusent... En tout cas, c'était une drôle d'expérience.  Nous avons dédicacé dans l'église et la cathédrale d'Angoulême, avec  un public très différent de celui que nous avions l'habitude de voir.  
 
Anne-Claire Jouvray : "plus prés de toi mon dieu, plus prés de tooooooiiiiiii !"  
 
 
BDGest' :  La création du Tirage de Tête du tome 3 a-t-elle demandé un travail  spécifique ? Allez vous renouveler cette expérience ?  
 
Olivier Jouvray : Nous voulions un chouette bouquin avec beaucoup de choses  rajoutées et pas seulement la version noir et blanc ou crayonnée du  livre. On a rajouté 16 pages d'infos, d'explications sur notre  travail et nous avons pris le temps de commenter ensuite chaque page  de l'album. Il a été conçu comme un DVD avec ses bonus en fait.  
 
Jérôme Jouvray : Nous avons fait, en collaboration avec la librairie  expérience, le bouquin que nous avions envie de voir dans nos  bibliothèques... Un bouquin qui parle de cuisine, de bricolage... Peut- être qu'un jour il y aura un autre livre dans ce genre, mais pas dans  l'immédiat...  
 
Anne-Claire Jouvray : je trouve que c'est un très beau bouquin , je ne suis  pas collectionneuse dans l'âme, ni fan, mais là je me suis rendue compte de ce que pouvait représenter un objet comme ça !  
C'est un peu le dessous de l'affaire qui se dévoile, une petite  curiosité, et surtout un beau choix de matériaux, le plaisir des yeux et du toucher aussi .  
 
 
BDGest' :  Vous travaillez tous les trois en atelier avec Guillaume Martinez  et Efix. Comment fonctionnez-vous ? Est-ce une source  d'inspiration, le moyen d'avoir un deuxième oeil sur son travail ?   Olivier Jouvray : Le travail en atelier est indispensable pour moi. J'ai  besoin d'avis extérieurs qui m'aident à prendre du recul, de moments  de détente, de petites bouffes au petit resto du coin entre copains  etc. Faites-moi bosser seul dans un environnement calme et je deviens  dingo ou dépressif... Je tiens quand même à faire une petite dédicace  à Guillaume Martinez qui a quitté notre atelier pour s'expatrier à  Grenoble et qui nous manquera beaucoup (surtout pour nous faire rire,  parce que pour ce qui est de faire la vaisselle, il ne manquera à  personne)  


Jérôme Jouvray : On discute beaucoup effectivement, on se montre nos Planches  on progresse tous... c'est un vrai plaisir que de voir le travail des  autres évoluer, de voir les projets se concrétiser. Pour moi aussi  c'est indispensable. Il m'est arrivé plusieurs fois de me retrouver  seul à l'atelier et je glande beaucoup plus....  
 
Anne-Claire Jouvray : Moi je suis plutôt de mon coté, je suis dans la chambre, j'ai l'avantage de pouvoir m'isoler, et je montre le bout de mon nez quand j'entend rigoler ! Je ne donne pas souvent mon avis sur le travail des autres, mais  c'est vrai qu'il y a une sacré émulation a travailler tous ensemble, je ne concevais pas de rester chez moi, isolée ..... en pyjama et les cheveux gras !  
Le gros problème c'est que les garçons ne font pas la vaisselle, ni le ménage !
Interview réalisée par Nina Stavisky