N
on, il ne s’agit pas du dernier reboot en date ! Même s’il est question d’aviation (un peu), cette histoire vraie n’a rien à voir avec les aventures du plus canadien des pilotes de chasse de la bande dessinée franco-belge. L’homonymie est seulement un coïncidence amusante (ou malheureuse, selon le point de vue) et les ayant droits d’Albert Weinberg n’ont pas à redouter un plagiat éventuel. De plus, le Dan Cooper dont il s'agit dans ce dernier vol n'est que le pseudonyme pris par le personnage central d’un fait divers non résolu et qui passionna l’Amérique pendant des décennies.
Portland, le 24 novembre 1971. Un individu se faisant appeler D. B. Cooper embarque sur le vol 305 de la Northwest Orient Airlines à destination de Seattle. Dans sa mallette, il transporte une bombe artisanale et une arme à feu. Peu après le décollage, il détourne l’appareil et exige une rançon de deux cent mille dollars. Arrivé à Seattle, il libère les passagers et prend possession de l’argent. Il fait repartir l’avion vers le Mexique. Contre toute attente, après quelques minutes de vol, il saute en parachute au-dessus de l’état de Washington. Il ne sera jamais retrouvé. Finalement, le FBI clôturera définitivement le dossier en 2016.
Titillé par cet incident incroyable, Jean-Luc Cornette propose dans Le dernier vol de Dan Cooper une version possible de cette affaire digne des meilleurs thrillers du répertoire. Préparation du coup, aléas imprévisibles qui bouleversent un plan méticuleusement établi, un ou deux coups de théâtre et une conclusion compatible avec les faits avérés, son scénario se montre au point. Cornette a réussi à insérer une foule d’éléments pertinents aux informations existantes et a tissé un récit logique et potentiellement vraisemblable. Ce mélange entre vrai et inventé/revisité rappelle la manière utilisée par Jean Van Hamme pour sa série phare, XIII.
Renaud Garreta, dessinateur qui connaît également deux-trois choses à propos de l’aviation ayant travaillé à une époque sur Tanguy et Laverdure, illustre avec efficacité cette vraie-fausse histoire. Mise en scène carrée et découpage maîtrisé, son approche très respectueuse des canons du genre (William Vance vient immédiatement à l’esprit) s’avère directe et parfaitement rythmée. Le trait est cependant un peu moins assuré quand il s’agit d’animer les différents protagonistes. Chaque artiste possède des forces et des faiblesses et ces quelques hésitations – particulièrement dans les visages – n’enlèvent en rien au très bon rendu général des planches.
Anecdote historique pleine de mystères mise à plat avec talent et une certaine autorité, Le dernier vol de Dan Cooper se lit comme toute série B de qualité : avec avidité. Le côté histoire vraie apporte quant à lui un petit supplément de plausibilité tout à fait appréciable.
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