D
ans leur cachette, à Bourgneuf-en-Retz, les généraux monarchistes organisent la prise de la ville de Pornic pour y renverser l'ordre républicain. Or, c'est là que se trouvent Titor et Pince-Mitraille, deux mois après leur incorporation forcée dans un régiment de soldats. La pénurie s'installant, ce dernier se voit confier la mission d'aller chercher du blé à l'extérieur. Une partie des militaires, dont Pince-mitraille, reste sur place avec l'inspecteur Lambert comme observateur, tandis que le gros de la troupe, avec Titor, part en ravitaillement. C'est là que l'ennemi choisit de frapper. L'armée vendéenne prend Pornic et livre deux prisonniers à De Valoire. Pendant ce temps, Mélina et Léocadie tombent sur Mange-Doigts qui non seulement a survécu mais qui est aussi plus que jamais déterminé à tenir sa promesse envers Célénie.
L'intrigue avance à un rythme effréné dans ce tome. Régis Hautière plante l'action dans la région de Pornic, lieu stratégique en raison de son accès maritime. Il parvient à inclure plusieurs personnes ayant réellement existé, dont le général Charette. En effet, c'est en mars 1793 que des paysans opposés à la levée en masse viennent le trouver afin de bénéficier de son expérience militaire. Puis, c'est le comité royaliste de la ville de Machecoul qui lui confie le commandement de milliers d'hommes pour prendre Pornic. Ce fait historique est traité en arrière-plan du récit, ce qui permet d'ancrer davantage celui-ci dans la véracité historique. Ce dernier point fait le sel de cette série et chaque album permet d'en apprendre davantage sur les évènements révolutionnaires ayant eu lieu dans l'Ouest français. Dans ce tome, le scénariste propose une conclusion pour l'intrigue principale tournant autour de Célénie. La jeune fille parvient à recouvrer légalement ses droits. La scène donne lieu à un coup de théâtre pour un autre personnage, laissant présager de potentielles nouvelles aventures, comme le suggère l'épilogue montrant deux des protagonistes principaux à l'âge adulte à Fontainebleau en 1814. La narration, bien calibrée, sait doser les moments de tensions, d'actions et d'humour.
Concernant l'aspect graphique, comme pour le scénario, les qualités déjà présentes dès le premier volume sont toujours là. Xavier Fourquemin est habile dans la construction des planches. Son souci de réalisme lui fait dessiner des décors plus vrais que nature, résultats de longues recherches. La remarque s'applique tout aussi bien pour les armes que les vêtements. Conservant un trait semi-caricatural, il parvient à faire vieillir quelque peu les enfants ou à les marquer physiquement pour bien montrer les conséquences des épreuves qu'ils ont traversées jusque-là.
Le dossier pédagogique inclut à la fin permet aux bédéphiles d'en apprendre davantage sur Charette et le contexte vendéen. Ces quelques pages illustrées offrent un résumé solide pour une meilleure compréhension des faits.
Avec ce cinquième opus de Révolutionnaires, le duo Fourquemin/Hautière se pose en référence de la bande dessinée historique et jeunesse. Le sujet est maitrisé de bout en bout, en offrant des moments forts divertissants. Un sans-faute.
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