I
nlassablement les tintinophiles se remettent à la tâche et replongent au cœur de l’œuvre d’Hergé. Chaque relecture inspire de nouvelles remarques, alimentées par des angles d’analyses toujours plus précis. Mieux encore, les spécialistes peuvent désormais appuyer leurs recherches sur les innombrables volumes (plus de cinq cents) déjà existants. Auto-citation, référence et approfondissement de ce qui a déjà été mis en exergue, sans oublier la joie de se retrouver en compagnie de Tintin, Milou et du Capitaine Haddock. Il y a pire comme hobby ou plaisir coupable.
Renaud Nattiez, collectionneur bien connu, s’est associé à son frère Jean-Jacques, musicologue renommé, afin de préciser le rôle de la musique au sein des aventures du célèbre journaliste à la houppe. Ultra-documenté, le duo a déniché pas moins de cent nonante huit cases où la musique est citée/utilisée dans les vingt-quatre albums (couleurs et N&B, plus les inévitables variations d’une éditions à l’autre) de la collection. Hergé, selon ses propres dires, n’était pas un grand connaisseur du domaine et ses connaissances en solfège se limitaient à quelques souvenirs scolaires. Pourtant, comme le démontre très bien l’essai, la chanson grand public, l’opéra (la Castafiore !) et les ritournelles enfantines rythment régulièrement les péripéties de son héros fétiche. En très résumé, la musique joue très rarement un rôle critique pour le déroulement des intrigues et sert le plus souvent de ressort humoristique. Les frères Nattiez relèvent aussi qu’Hergé n’était pas snob ou spécialement attaché à un genre précis. En effet, les airs et morceaux repris au fil des planches trouvent leur origine autant dans le registre classique que léger ou populaire. En gros, l’artiste repiquait simplement des titres en vogue, entendus à la radio ou ailleurs, afin de nourrir et enrichir ses scénarios.
Petit livre sympathique et réalisé très professionnellement (cf. le décorticage systématique des portées de notes, souvent fantaisistes, utilisées pour «montrer» la musique en dessin), Hergé musicien ? démontre une fois de plus la richesse infinie de l’œuvre fondatrice du Neuvième Art franco-belge. Un ouvrage à réserver aux fans absolus, évidemment.
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