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Hervé Bourhis : « La série devient le portrait d'une femme »

Entretien avec Hervé Bourhis et Lucas Varela

Propos recueillis par L. Gianati Interview 09/07/2025 à 11:28 3725 visiteurs

Faut-il être forcément un lecteur de polar pour en écrire ? Avec American Parano, Hervé Bourhis prouve que ce n'est absolument pas nécessaire. Les enquêtes de la mystérieuse Kimberly Tyler en sont déjà à leur troisième tome et c'est un vrai plaisir de la retrouver confrontée à de nouveaux défis aux Etats-Unis dans les années soixante. De San Francisco à New York, Lucas Varela instille une ambiance graphique propre au genre, sans pour autant tomber dans une noirceur trop glauque. American Parano ? On en redemande... 

Êtes-vous un passionné de polar ?

Hervé Bourhis : Je n’ai jamais lu de polar. J’ai pourtant essayé à de nombreuses reprises mais ça m’est toujours tombé des mains. Néanmoins, que je le veuille ou non, on bouffe du polar continuellement avec des séries et des films. Ce projet a été lancé pendant le confinement et c’est une conséquence directe de ce que j’ai pu regarder sur Netflix. J'ai notamment beaucoup aimé The Wire, True Detective ou Mindhunter. Dans le même temps, cela fait également suite à la lecture d’un bouquin sur Anton LaVey, le pape du satanisme californien. Je m’étais dit qu’il fallait que j’en fasse un biopic mais je commençais à saturer de ce type d’écriture. Je n’étais pas entièrement satisfait de ce que j'avais fait pour Jack Lang (Formidable - Les années Jack Lang (1981-1992) aux éditions Casterman, NDLR). De plus, l’histoire d’Anton LaVey a beau être folle, je ne trouve pas le personnage très sympathique et je n'avais aucune envie de lui faire de la pub. J’ai alors eu l’idée de m'en inspirer et de l'utiliser pour en faire un méchant. De là est venue l’idée du polar. J'ai commencé à me documenter sur la police aux États-Unis d'abord, plus particulièrement sur la police californienne. Concernant l'époque, les années 60, je la connais bien car je suis fan de la musique de ces années-là. Par contre, je ne voulais pas qu’elle prenne trop de place, juste qu’elle fasse partie du décor. Je me disais que même si les hippies étaient présents, ça restait un phénomène marginal.

Vous évoquez Mindhunter et True Detective où les policiers sont tous masculins…

H.B. : Toute la police est masculine depuis toujours. Avant l'an 2000, il n’y a aucun film avec des policières ou alors elles sont des faire-valoir ou des bonnes copines. Si on regarde Bullitt aujourd'hui, la façon dont est traitée le personnage féminin est une catastrophe. Je trouvais amusant d’inventer la première femme officier policière même si je ne connais pas du tout l'histoire des femmes dans la police américaine.

Kim est non seulement une jeune fille policière mais également un personnage très complexe qui livre ses secrets au fil des pages…

H.B. : Dans toutes mes histoires, je raconte des histoires de personnages qui ne sont pas de simples marionnettes qui se déplacent. Pour moi, c'est important qu'on y croie et qu'il y ait une vraie émotion par rapport à cette personne et aux relations humaines qui en découlent, qu'elles soient conflictuelles ou pas. Je fais des bouquins pour ça aussi, pour raconter des personnages dans toute leur complexité. Car des histoires de flics, on en a vu des milliards. Ce qui est intéressant, c'est de suivre un personnage auquel on s’attache et découvrir au fur et à mesure tout ce qu’il représente. Maintenant qu’on est certains qu’American Parano est une série, on apprend sur Kim de plus en plus de choses sur sa vie. La série devient le portrait d'une femme dans la deuxième moitié du 20ᵉ siècle. Lucas est en train de travailler sur le tome quatre et j'ai déjà écrit le tome cinq. Même s'il y a toujours des enquêtes, l’histoire tourne de plus en plus autour de Kim.

Lucas, qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce projet ? Le thème, l’époque, le lieu ?

Lucas Varela : J’aime beaucoup les polars, notamment ceux de Chandler. L’époque est également très sympa pour un dessinateur. Représenter un vieux téléphone à cadran, c’est un vrai plaisir. San Francisco est une ville que je connais, j’y suis allé il y a longtemps. Hervé a écrit le personnage de Kim d'une façon très humaine, avec ses forces et ses faiblesses. On voit très bien comment elle évolue dans ce monde très machiste de l'époque. Enfin, le satanisme est un sujet qui m’intéressait également.

H.B. : Lucas, je ne me souviens plus si tu connaissais Anton LaVey…

L.V. : Non, je ne le connaissais pas. J'étais très intrigué par ce personnage et on a décidé de ne pas le représenter exactement comme dans la vie réelle. On a fait une espèce d’individu un peu magique, sataniste, très attractif. Même à la fin, on ne sait pas s’il est vraiment mauvais.

Graphiquement, comment avez-vous imaginé le personnage de Kim ?

L.V. : Il y a eu quelques esquisses. Je trouvais les cheveux rouges très symboliques. Comme on ne sait pas exactement qui est le père de Kim, on peut imaginer que c’est la fille du diable ! Le bleu de ses yeux apporte le contraste. L’ensemble fait que le lecteur se questionne constamment sur le personnage. 

H.B. : Je ne savais pas à quoi elle allait ressembler. Je n'avais pas trop d'idée, je voulais juste que ce ne soit pas une fille sexy.

L.V. : Oui, on voulait éviter la femme fatale typique du polar.

H.B. : Il y a chez elle une espèce de neutralité dans laquelle on peut mettre plein de choses.

L.V. : Un personnage à la Columbo, ce détective que tout le monde trouve débile et qu’on sous-estime…à tort.

Le troisième tome marque un changement de lieu, l’histoire se déplaçant de San Francisco à New York…

L.V. : C'était un vrai challenge pour moi avec les architectures très particulières de New York mais c’était un travail très intéressant à faire.

L’année 68 a été riche en événements aux Etats-Unis, pourquoi avoir choisi précisément l’assassinat de Robert Kennedy pour toile de fond ?

H.B. : Pour répondre à cette question, il faut revenir au tout début du projet. Au départ, American Parano devait être un one-shot pour Aire Libre. Une fois qu’on l’a terminé, l’éditeur ne savais plus trop quoi en faire. Il nous a proposé de l’inclure dans la nouvelle collection Aire Noire qui devait être lancée l’année suivante. Comme l’album était déjà prêt depuis quatre ans, nous n’étions pas enchantés d’attendre encore avant sa sortie. C’est suite à un séminaire d’entreprise chez Dupuis pendant lequel ils discutaient des projets à venir pour l’année suivante que l’éditeur nous a proposé d’en faire une série comme on pouvait le faire dans la collection Repérages dans les années 90 avec une pagination moins importante. Ainsi, le gros one-shot que l’on devait sortir est devenu un diptyque que l’on a artificiellement découpé. Nous avons retravaillé certaines cases et certains dialogues pour que la scission donne un récit qui ne perde pas en fluidité. De mon côté, cela m’a donné l’occasion de faire quelque chose qui me tentait depuis toujours : suivre un personnage pendant des années, jusqu’à sa retraite de flic si tout va bien.

Et pour en revenir en 68 ?

H.B. : Le principe de la série étant posé, la première histoire se déroulant en 1967, je cherchais effectivement un récit pouvant se dérouler en 1968. L’été précédent, j’avais entendu une émission qui évoquait la famille Kennedy et notamment Rosemary. Comme tout bon scénariste, quand j’entends une histoire incroyable comme la sienne, j’ai envie de la raconter. Stéphane Beaujean (Directeur éditorial des éditions Dupuis, NDLR) m’appelle le lendemain et je lui propose d’inclure cette histoire dans American Parano. Le principe de la série est devenu une exploration du côté sombre de la mythologie américaine de la deuxième partie du 20e siècle. Pour chaque album, nous allons essayer de relier un fait réel pas très connu aux Etats-Unis pendant cette période à une enquête de Kim.

L.V. : Ainsi, nous avons la liberté de ne pas coller exactement à la réalité.

H.B. : Effectivement, on s'en inspire pour raconter une histoire.

Sans vous interdire d’y inclure des personnages historiques comme Andy Warhol ou Valérie Solanas…

H.B. : C’est à la fois pour me faire plaisir et apporter du contexte. Est-ce que c'est important pour le récit ? Je ne suis pas sûr. Mais il se trouve que Warhol vendait ses tableaux à des gens riches. Et je crois que la famille Kennedy en avait justement un. Ce sont des petits pas de côté qui ne sont pas forcément indispensables mais qui donnent du corps au récit. Quand il y a une scène qui ne contient que des dialogues, la faire chez Warhol la rend immédiatement plus spectaculaire.

Lucas, cherchez-vous une parfaite ressemblance avec les personnages historiques comme Andy Warhol ou Robert Kennedy ?

L.V. : J'avais vraiment l'intention de faire Andy Warhol exactement comme il était dans son studio. Je regrette presque qu’il n’y ait pas dans l’album la scène où Valérie Solanas tente de l’assassiner …

H.B. : On ne pouvait pas la rajouter parce que ça aurait indiqué aux lecteurs que c'était important pour le récit. Il fallait que ça reste un clin d’œil.

L.V. : Pour le tome quatre, je dois dessiner Charles Mason et c'est très difficile de le faire parce que c'est un personnage sinistre.

La musique est très présente avec cette radio qui joue le rôle de voix-off…

H.B. : Ce n’est pas nous qui avons eu l'idée mais Doug Headline notre éditeur. Il trouvait très bien ce que nous avions fait mais que ça manquait de densité. Il disait que les lecteurs de polars aiment bien quand il y a du texte et qu’il fallait donc un peu ralentir la lecture. L’idée ne m’enchantait pas, puis j'ai repensé au film de Tarantino, Reservoir Dogs, dans lequel il y a une radio qui passe des vieux tubes des années 70. Je trouvais ça pas mal à la fois pour apporter le côté pop et pour permettre aux lecteurs d’avoir des choses à lire. Ainsi quand je parle de tel jour précisément, mettons le 20 mai 67 à San Francisco, les infos que je donne sur la météo, sur le trafic ou sur l'équipe de baseball qui vient de gagner, c'est vraiment ce qu’il s'est passé ce jour-là. Pour le troisième tome, j’ai trouvé comme info que le début d'été 68 était caniculaire à New York, on en a donc tenu compte.

Comment avez-vous créé la playlist ?

H.B. : Suivant le même principe. Quand je mets une chanson, elle est sortie exactement l’année pendant laquelle se déroule le récit. J’ai aussi essayé de faire coller l’origine des groupes de musique : San Francisco pour les deux premiers tomes, New York pour le troisième.

Pour quand est prévu le tome quatre ?

H.B. : Dans un an environ. Comme la suite d’ailleurs, nous essaierons d’en sortir un par an tant que la série fonctionne.




Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

American Parano
3. Manhattan trauma

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Formidable - Les années Jack Lang (1981-1992)

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Paul - La résurrection de James Paul McCartney (1969-1973)

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