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La cuisine des Ogres Trois-fois-morte

08/04/2024 4059 visiteurs 7.8/10 (6 notes)

D ans un petit village de Savoie, une bande de gosses traine dans les rues. La dernière à s’être greffée au groupe, c’est Blanchette, une gamine toute frêle qui doit son surnom à sa chevelure d’un blanc immaculé et fantomatique. Sans famille et sans toit, les enfants glanent, de-ci de-là, de quoi se sustenter un minimum. Lorsqu’un panier plein de victuailles apparaît devant eux, ils n’entendent pas rater une telle occasion d’améliorer leur quotidien… et ne flairent pas le piège. En surplomb, Grince-Matin remonte son appât et récupère sa prise du soir. Le sac rempli, le croque-mitaine prend la direction de la Dent du Chat, où il compte revendre le tout sur le marché, à l’ogre le plus offrant. Cela tombe bien, le sommet de la montagne est justement en plein nuages. Comme le veut la légende, cela signifie que les cuisiniers de l’Enfer ont allumé leurs fourneaux.

Regarder, au loin, une montagne, une forêt ou encore la mer et imaginer le monde féerique ou fabuleux, grouillant de vie, qui s’y agite. Imaginer, divaguer. Savoir que tout cela est faux mais aimer croire que cela pourrait être vrai. Voilà comment peuvent naître les histoires qui marquent, celles auxquelles il est possible de croire, juste le temps de les découvrir, car elles sont si bien racontées. C’est ce type de récit, qui prend place dans le massif du Jura, que propose Fabien Vehlmann avec un univers macabre et cru. Difficile de ne pas faire un rapprochement avec Jolies ténèbres, l’album qu’il avait commis avec les Kerascoët. Trois-fois-morte partage avec ce dernier de donner une dimension brutale au conte, finalement assez en ligne avec ce qu’ils étaient autrefois, mais assez éloignée des versions plus édulcorées qui se sont aujourd’hui imposées. Contrairement à son précédent dans ce genre, le scénariste ne verse toutefois pas dans l’horrifique (voire le malsain). Il s’inscrit davantage dans une approche « à la Tim Burton », où la noirceur est omniprésente, la malveillance assumée et la violence non suggérée tout en laissant sa place à une dose d’espoir et de bons sentiments. L’idée de départ n’a rien d’originale, pourraient dire certains. Sans doute. Mais une bonne idée ne fait pas une bonne BD. Ce sont ici l’enchaînement parfait des péripéties, les dialogues délicieux et les références multiples qui font de l’ensemble une franche réussite et captivent d’un bout à l’autre.

Depuis le cinquième et dernier tome d’Azimut en 2019, Jean-Baptiste Andréae s’était fait discret. Il faut dire que délivrer des planches – et cet album n’en compte pas moins de soixante-dix-huit – d’une telle précision prend du temps. Pour un résultat de cette qualité, il n’y a pas lieu de s’en plaindre. Le dessinateur a, semble-t-il, trouvé chaussure à son pied dans le scénario proposé par son co-auteur et, en tout cas, un terrain idéal pour s’exprimer. Accordant un grand soin aux trognes des personnages, croquées dans son style assez reconnaissable, il déploie aussi toute une ribambelle de créatures en assimilant et accommodant à sa sauce les stéréotypes habituels qui y sont associés. Peut-être plus encore que le reste - c’est dire - la mise en scène est remarquable et d’une grande efficacité. Malgré l’opulence de détails dans les décors, la lisibilité ne fait jamais défaut et le regard du lecteur est promené de cases en cases selon le rythme judicieusement dicté par l’artiste. Les atmosphères sont également travaillées avec justesse, notamment grâce une mise en couleur saisissante qui varie habilement les dominantes selon les séquences.

Dans un bol, hachez finement les ingrédients d’un conte. Ajoutez une généreuse louche de couleurs soignées puis mélangez avec une riche galerie de personnages. Versez une larme d’effroi, un soupçon de poésie et un zeste de courage. Le premier tome de la Cuisine des Ogres est prêt. Vous pouvez déguster.

Lire la preview.

Par D. Kebdani
Moyenne des chroniqueurs
7.8

Informations sur l'album

La cuisine des Ogres
Trois-fois-morte

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Note: 4.6/5 (29 votes)

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L'avis des visiteurs

    MAL75 Le 23/04/2024 à 21:53:14

    La beauté et la poésie du dessin de Jean Baptiste Andréae suffisent déjà à justifier le fait de s’attarder sur cet album. Si vous avez aimé, la série « Azimut » vous ravira.
    Coté scénario, c’est un conte doux et cruel. Jamais mièvre. Touchant, émouvant, mēme.
    Le résultat est un petit bijou de BD. Ce sont des albums comme celui ci qui me font aimer la BD

    Grobool Le 14/04/2024 à 10:04:07

    Petite Perle.
    Visuellement impressionnant, il faut vraiment prendre le temps de décrypter chacune des cases car l'actions ou les protaganistes peuvent apparaitre dans des endroits pas visibles au premier coup d'oeil.
    Des couleurs douces qui mettent bien en avant ce conte, qui démarre comme un récit de Ma Mère l'Oye et qui finit pareil ... ahah.

    Le scénario, intelligent et riche, nous laisse à penser que Trois-Fois-Morte n'en a pas fini de régler ses comptes! Maline et douce à la fois, elle est aussi créative et inventive...ce qui nous donne à voir un personnage haut en couleur, qui dans un sens me fait penser à l'Héroïne de "De Capes et de Mots"!

    Bref c'est une perle... c'est chouette... et pas sûr qu'on en est fini de cette histoire!

    Mention spéciale pour la construction du livre! Vraiment très très jolie!

    Miriss Le 11/04/2024 à 21:01:03

    Un coup de coeur absolu ! On serait tenté de croire à une BD jeunesse, et puis au fur et à mesure de la lecture, la cruauté des ogres (et des hommes) se font plus pressant.

    Un superbe BD dont la morale de fin ne laisse pas indiffèrent et ne prends pas le lecteur pour un idiot.

    Une histoire de résilience, de combativité et d'intégrité le tout avec un style enfantin, des couleurs magnifiques et des expressions de visage travaillés.
    J'ai été prise d'une certaine mélancolie à la dernière page. Je ne sais pas si cet album est un One Shot, mais si suite il y a, j'ai hâte de l'avoir entre les mains !

    tractorkhoj Le 09/04/2024 à 13:07:00

    Engaging post! The thoughtful insights and well-presented information make this a valuable read. I appreciate the effort that went into crafting such an informative piece. Looking forward to more content about Swaraj tractor then click here.
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    Kyeezee Le 07/04/2024 à 20:53:03

    Il aurait été facile de louper ce conte bien plus complexe qu'il n'y parait. Le réussir est un coup de maitre!

    Jozef Le 04/04/2024 à 10:37:00

    Toujours un bon moment de retrouver le dessin d'Andreae. Cependant, je préfère quand il est encré et plus contrasté comme dans ses albums précédents. L'histoire est un conte distrayant, drôle et cruel.

    minot Le 21/03/2024 à 13:52:00

    Gros gros coup de cœur !

    Le dessin onirique d'Andréae confine au sublime et est absolument parfait pour illustrer l'ambiance à la fois gore, angoissante et féerique de ce conte macabre imaginé par Velhmann. C'est rempli d'originalité et l'aventure, l'humour noir, la poésie et la mélancolie se combinent à merveille, faisant de la lecture un vrai moment de bonheur. J'attends déjà la suite avec impatience.

    Shaddam4 Le 19/03/2024 à 13:39:25

    Il y a trois ans s’arrêtait au cinquième tome l’une des plus incroyables saga de la BD franco-belge, un monde fou co-construit par Wilfried Lupano et Jean-Baptiste Andreae, cet Azimut qui restera un chef d’œuvre intemporel. L’univers de JB Andreae est si fort et identifiable qu’il fait toujours craindre que le scénariste soit vampirisé, étouffé sous cet imaginaire issu de Tim Burton et du surréalisme de Dali. Fabien Vehlmann était le comparse idéal pour proposer un nouveau projet au dessinateur, dans lequel il se fond avec gourmandise et une facilité toujours sidérante.

    La Cuisine des Ogres est un (gros) one-shot, en tout cas annoncé comme tel. Le format double-album n’est pas de trop tant l’univers juste aperçu est monumental et se prête à une série. Le sous-titre de l’album semble rappeler cette volonté qui cadre avec la politique raisonnable de Rue de Sèvres de ne jamais démarrer sur de longues séries mais de laisser la porte ouverte au développement de l’univers. Le scénario malin permet tout à fait cela et on l’espère vivement en refermant le volume tant celui-ci est riche!

    On commence avec une amusante variation Andreaéienne de Seuls lorsque l’histoire s’ouvre sur une bande d’orphelins très vite raptés par un croque-mitaine bondissant qui file livrer sa victuaille au monde des Ogres. Début alors pour celle qu’on appelle Trois fois morte la découverte d’un monde souterrain où des milliers de créatures sont occupées aux différentes étapes de fabrication du repas des Géants, du nettoyage de la vaisselle à la conception des plus fins mets. Réchappée au broyeur par miracle, la jeune fille est bien décidée à sauver ses amis de l’assiette…


    Le ton tragi-comique est celui de tous les albums d’Andreae: celui d’un conte de fées pour sales gosses, où les personnages ont les yeux globuleux, les ogres le nez crochu et la plus mignonne des créature un je-ne-sais-quoi d’inquiétant. Au-delà des pérégrinations truculentes de l’héroïne se dessine une vie tout à fait dramatique qui n’a pas grand chose à faire dans un récit pour enfants… ce que n’est pas vraiment cette Cuisine des Ogres.

    Sous une base tout à fait classique du conte de fée (distordu), les auteurs plongent allègrement dans le monde de Rabelais, que ce soit par le verbiage utilisé, les citations (nos géants sont Gargamel et Pantagruel) ou les tableaux de grande bouffe où le dessinateur se régale à croquer mille et un détails. Les facéties et déformations de son dessin nous ont d’ailleurs fait oublier combien il était précis dans ses planches et la finesse de tous les décors ne cesse d’étonner. Aussi brillant dans sa colorisation directe (qui ferait passer Marini pour un débutant) que dans le dessin pur, Andreae confirme par cet album qu’il reste un des plus éminent dessinateurs de la BD franco-belge.

    Fourmillant de références aux contes et légendes sans perdre en cohérence locale, La Cuisine des Ogres s’avère bien plus ambitieux qu’il n’en a l’air et parvient à créer un monde fonctionnel où la bonne morale est absente et que l’on a hâte de retrouver pour peu que le lectorat soit au rendez-vous. Avec deux artistes absolument gourmands et appliqués il aurait été difficile de se rater. Alors on savoure les pages avec un plaisir permanent et le seul regret que l’aventure ne soit pas plus longue.

    Lire sur le blog:
    https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/03/15/la-cuisine-des-ogres/