J
acques Fleurentin et les plantes, c’est la passion d’une vie : leur diversité et leur beauté, mais aussi leur importance pour la médecine traditionnelle et moderne. Tout ça a commencé enfant, derrière le comptoir de la pharmacie de son père. Ensuite, il a étudié sérieusement la botanique à l’université, avant d’encourager toujours et encore plus sa compréhension et sa préservation. Elle lui a également servi de prétexte pour voyager autour du monde.
Mi-biopic, mi-documentaire naturaliste (scientifique, ethnographique, pharmacologique, etc.), L’homme qui aimait les plantes est une ode à la nature et à la curiosité. Stéphane Piatzszek raconte Jacques Fleurentin, un des pontes de l’ethnopharmacologie, et l’extraordinaire richesse de la flore mondiale. Passablement ouvert, le scénario suit bon an mal an la trajectoire du savant, sa jeunesse, des expéditions façon routard financées grâce à des films réalisés par ses soins, ainsi que la rencontre fondamentale avec Jean-Marie Pelt, son futur directeur de thèse, et une volonté de réunir démarche scientifique et savoir empirique. L’album explore et décrypte l’homme et, surtout, démontre l’importance cruciale de la botanique pour le devenir de l’humanité. Les molécules des médicaments de demain sont là, au cœur de la sève de cet arbuste poussant au fin fond du Yémen ou ici, profondément enfouie aux confins d’une forêt tropicale. Il est donc impératif de protéger la biodiversité (refrain à la mode) et de mieux cataloguer cet herbier médicinal à grandeur de la planète. Malgré une construction parfois déconcertante, l’exposé s’avère clair et, sans tomber dans le militantisme pur et dur, totalement convaincant.
L’illustration naturaliste a un long passé derrière elle, Benoît Blary ne l’a pas oublié. Il offre de nombreuses compositions de toute beauté. Il faut dire que son approche à l’aquarelle se montre tout à fait adaptée pour dépeindre ce récit dispersé aux quatre vents. Moins élégant et complet (les visages des protagonistes manquent parfois de précision) que Nicolas de Crécy, le dessinateur réussit néanmoins à retranscrire la splendeur des nombreux territoires traversés. Plus globalement, la fragilité du trait et la douceur des couleurs apportent énormément de ressenti à ce voyage entre laboratoire et montagnes perdues.
Un vent de liberté et d’urgence souffle sur L’homme qui aimait les plantes, beaucoup d’appétit pour découvrir, comprendre et partager aussi.
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