crepp a écrit:"Le consentement" de Vanessa Filho
C'est donc l'adaptation du livre de Vanessa Springora. Ce n'est pas facile de parler d'un film sur un tel sujet, avec un fond aussi dur et fort. Je vais essayer d'être le plus objectif possible.
Le film met mal à l'aise, il est déstabilisant, et même si je suis au courant sur Gabriel Matzneff, c'est tout de même glaçant de voir cette époque. car en dehors du prédateur, c'est les entourages qui me marquent surement le plus.
Je trouve que le film tient par ses actrices, Kim Higelin, Laetitia Casta, et même si elle apparait peu, Elodie Bouchez est épatante. Pour Jean Paul Rouve, j'ai déjà vu des interview de Matzneff, mais je trouve tout de même son jeu trop théâtral.
Le film joue sur un point, le cinéma c'est l'image, donc l'image d'une peau d'un homme de plus de 50 ans, sur la peau d'une jeune fille touche au but(oui je sais qu'Higelin à 23 ans et pas 15, il n'empêche que c'est vraiment perturbant). Maintenant la répétition de ses images étaient elles nécessaires ? Question sans réelle réponse, faut il montrer l'horreur pour la comprendre ? Vaste débat.
Mais c'est plutôt les dialogues qui donnent les uppercuts, et m'ont fait que je m'enfonçais dans mon siège. J'ai l'impression que les mots du livre font le film, ce qui le rend bancal à mes yeux. Maintenant le film a le mérite d'exister, donc de parler d'un sujet dur, mais aussi de faire venir des jeunes voir le cinéma classé "art et essai", et pour cela c'est déjà plus que positif.
Bon maintenant je l’ai vu. Et si vous avez ressenti de la gêne, c’est que la réalisatrice a réussi son pari. Parce que heureusement les cadrages choisis ne permettent pas d’objectifier en esthétisant le corps de Kim Higelin( la scène avec le gynécologue est d’ailleurs aussi très interessante à ce sujet). En fait on renverse la perspective et c’est le prédateur qui devient l’objet et est immédiatement défini comme vilain avec ce focus sur cette main baguée qui saisit plutôt qu’elle ne caresse (qui renvoit aussi à un imaginaire de culture pop). Après je ne pense pas que ce soir qu’une question de mots qui rend l’atmosphère oppressante, il y a une ambiance froide, sobre et surannée qui se dégage des décors. Enfin je trouve qu’on voit aussi très bien les processus de domination à l’œuvre et qui remettent en effet en question l’image que l’on peut avoir du consentement ou plutôt de comment on peut être conditionné pour dire oui, alors que son propre corps dit non. Et aussi à un autre niveau où comment la société vous conduit à trouver des situations monstrueuses, normales au nom de la malpensance (lol) ou de la subversion (lol bis).