La révolte des Valtis

C oline a tout perdu le jour où son monde a été envahi par les Dricks. Famille, amis et même son statut envié dans la haute société. Pourtant, la jeune femme garde la foi et une incroyable force de (sur)vivre. Mais à l'heure de faire des choix, comment va-t-elle se comporter ? Subir, se cacher, abandonner ou se battre et rejoindre la résistance qui semble émerger ? Il va lui falloir vite trancher quitte à influer définitivement sur le reste de sa vie.

Sharon Shinn, prolifique romancière américaine, adapte en bande dessinée (pour First Second Book outre-Atlantique et Rue de Sèvres dans nos contrées) l'un de ses tout premiers ouvrages, Shattered Warriors.

Cette histoire d'aventure à tendance fantastique met en scène une jeune héroïne courageuse, dont le peuple est opprimé suite à l'invasion de sa planète par les Dricks. Pour ces êtres autant avides d'exploration que des ressources des planètes conquises, la vie des autochtones n'a que peu d'importance, seul compte leur dessein. L'autrice propose une mise en place un peu poussive. D'une part, les nombreuses informations, notamment pour poser le contexte politique, alourdissent par trop le propos. De l'autre, ses personnages - hormis Coline - ne se montrent guère attachants, du moins de prime abord. Mais, après une quarantaine de pages (avec l'arrivée de Lucie en somme), les forces en présence sont clairement identifiées, les enjeux parfaitement exposés et la curiosité s'accroît. Grâce à un équilibre réussi entre action grandissante et relations entre les divers protagonistes, la scénariste déroule un récit fluide, rythmé par nombre de rebondissements. Si certains sont quelque peu convenus, rien de franchement rédhibitoire à la pleine immersion. Le destin de Coline intéresse au point qu'il tarde d'arriver au terme des 244 planches pour connaître son devenir. Sur ce point, le lecteur curieux risque de rester sur sa faim, la conclusion offerte ne clôture pas réellement l'intrigue, au contraire, elle ferait même un point de départ idéal pour de nouvelles péripéties.

Pour mettre en image cette saga, Molly Knox Ostertag dont c'est le premier ouvrage publié ici-même prend les pinceaux. Son style est dynamique, clair et n'est pas sans rappeler ce que propose Faith Erin Hicks avec La cité sans nom. La même modernité dans le dessin et la mise en page encouragent le parallèle même si la colorisation est moins nuancée (mais pas moins réussie) que celle de Jordie Bellaire. Une prestation convaincante qui ne faiblit pas tout au long de l'album.

Malgré une introduction laborieuse, La révolte des Valtis n'en reste pas moins plaisant et divertissant. Toutefois, il faut espérer une suite un peu plus originale pour se révéler être autre chose qu'une gentille lecture et se démarquer clairement du reste de la production.