A
oût 2019. Le Mossad informe la Direction Générale de la Sécurité Intérieure qu’un ingénieur iranien fait de fréquents allers-retours pour visiter son fils à l’hôpital Necker, à Paris. L’occasion est belle pour s’emparer de son ordinateur, où se trouveraient des données sur des sites de lancements de missiles syriens. Une équipe de cinq hommes et femmes déploie son savoir pour remplir la mission.
Le prolifique Philippe Pelaez a obtenu l’aide d’Hugo de Bénat, un ancien officier des services français pour écrire Intelligences. Le spécialiste s’avère de bon conseil et le résultat est criant de vérité. Dans ce récit campé à des années-lumière des films de James Bond, il n’y pas de fusillades (si, un peu, mais à la fin), pas d’explosions et pas de poursuite. Les agents observent, écoutent, manipulent, mentent, trahissent et menacent.
Comme de nombreux romans d’espionnage, celui-ci devient rapidement complexe. Les personnages se multiplient et le lecteur a l’impression que les auteurs auraient eu besoin de plus d’espace pour les mettre en scène et explorer leurs motivations. Il est également déconcerté par le nombre de rebondissements surprenants, voire abscons. Cela dit, le récit, rondement mené, est d’une redoutable efficacité.
Le dessin réaliste et épuré de Gontran Toussaint se montre froid, d’autant plus qu’il s’appuie sur une colorisation reposant essentiellement sur le gris-vert et le marron. En cela, il traduit l’esprit d’une histoire laissant peu de place aux sentiments. Les cadrages apparaissent pour leur part un tantinet répétitifs ; le lecteur découvre en effet une abondance de plans insistants sur les visages des comédiens, malheureusement pas toujours expressifs. Pour tout dire, l’artiste semble avoir fait le choix de donner toute la place à la narration et aux dialogues ; au final, ses illustrations, très propres, apportent relativement peu au projet.
Un album susceptible de plaire aux amateurs de la série Le Bureau des légendes.
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