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epuis que le basileus Léon III a interdit le culte des images en 730, des brasiers s’élèvent régulièrement un peu partout dans l’empire byzantin pour brûler les objets du délit, suscitant la colère de certains et en creusant le fossé avec l’Église d’Occident. Douze ans plus tard, à Athènes, la petite Irène voit le jour. Trop tôt orpheline, elle est élevée par son oncle Constantin, qui lui raconte la vie des saints à travers les icônes. En 758, accompagnée de son tuteur, Irène découvre Constantinople, la fastueuse capitale impériale. Ce voyage a un objectif précis : un concours de beauté visant à retenir l’attention pour épouser l’héritier. Bientôt, tout s’enchaîne. Iconodule parmi les iconoclastes, la jeune femme va devoir s’imposer et déjouer les complots et querelles intestines qui font vaciller le trône.
Sans relâche, la collection Les reines de sang des éditions Delcourt met en avant de nouvelles figures féminines qui ont contribué à façonner l’histoire. C’est au tour de d’Irène l’Athénienne (752-803), impératrice de Byzance, d’occuper le devant de la scène au cours d’un diptyque écrit par Éric Corebyran, scénariste chevronné, et illustré par Gabriel Ippóliti (Bienvenue à Pandemonia, Planeta extra ).
Ce premier volume débute par une mise en contexte circonstanciée, permettant aux lecteurs de saisir le cadre et les enjeux internes comme extérieurs. Puis, il déroule chronologiquement le parcours de l’héroïne. Quoique relativement linéaire, le récit n’en ménage pas moins des moments plus intenses et d’autres plus intimistes. Les échanges entre Irène et son mari, ou avec son conseiller, l’eunuque Staurakios, apportent ce qu'il convient de matière intéressante sur les événements. Assez rapidement, la fillette éblouie par les histoires des saints se métamorphose en femme déterminée qui n’hésite pas à faire entendre sa voix. Le portrait dressé se révèle contrasté, la montrant intelligente, habile et sachant tirer le meilleur parti de ses soutiens, tout en ne cachant pas certaines faiblesses. Outre la volonté du personnage de rétablir le culte des icônes qui occupe une large partie de l’album, son rôle pour assurer la stabilité et l’unité du royaume est également souligné, que cela soit en déjouant les intrigues de ses beaux-frères ou en tentant la voie diplomatique face à la puissance montante des Abbassides. Au dessin, Ippóliti anime avec délicatesse cette reine aux fortes convictions. Son trait fin et semi-réaliste s’avère expressif ; en parallèle, un soin appréciable est apporté aux vêtements et les décors sont plutôt réussis. Les choix de cadrages et de découpage assurent dynamique et fluidité. Seule la colorisation, un peu terne, demeure en deçà.
Répondant en tous points à son cahier des charges, L'iconophile propose une plongée riche et globalement satisfaisante dans l'histoire personnelle, et plus large, de l'impératrice byzantine Irène. Les amateurs de cette collection et curieux de la période y trouveront leur compte.
Je suis déçu par le dessin,aucune envergure,aucun volume.
Je continuerai à acheter la série parce qu'elle m'intéresse,pour l'instant j'achèterai le 2ème volume mais par dépit.