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                        n l'an 48, à Rome, une silhouette à demi dévêtue court à travers un jardin alors que la pluie s’abat sur les bosquets de roses. Bientôt, le centurion à ses trousses la rattrape et lui enfonce son glaive dans le ventre. C’en est fini de Valeria Messalina. Dans un dernier sursaut de conscience la mourante se rappelle l’ultime présent offert par son père : un miroir. Alors, combien il était grisant pour la jeune fille d’y contempler son beau visage. Mariée au vieux Claude à quatorze ans, elle a été introduite à la cour impériale, où elle a côtoyé Caligula et Agrippine. Surtout, devenue impératrice et négligée par son époux, elle a cherché à aimer et être aimée. Cela lui a été fatal.
Nouvelle venue parmi les Reines de sang, Messaline prend place auprès d’Agrippine (pour laquelle deux albums sur trois sont déjà parus) et précède Poppée (dont l’histoire paraîtra en 2026). Luca Blengino (Les trois Julia, Les sept merveilles, R.U.S.T.) officie aux scénarios mettant en scène ce trio. Ici, secondé au dessin par Antonio Sarchione et aux couleurs par Axel Gonzalbo, il frappe fort dès les premières pages : l’ouverture, parfaitement maîtrisée, est immédiatement prenante et plonge le lecteur dans l’ambiance. Un long flashback s’ensuit, lequel permet d’en apprendre davantage sur l’héroïne, contextualise les événements marquants de son existence, révèle son caractère ainsi que le panier de crabes dans lequel elle évolue. Le portrait brossé dans La déesse des miroirs montre une femme ambitieuse, imbue de sa propre beauté et décidée à l’utiliser comme moyen pour obtenir ce qu’elle souhaite. Pour autant, celle que l’histoire a retenue comme étant une dépravée cruelle et que les Romains ont frappée de damnatio memoriæ (vouant son nom à l’oubli) apparaît également comme une amoureuse éperdue et aveuglée, que ses appétits rendent manipulable. De fait, les complots et intrigues fleurissent dans le cercle impérial et Messaline a aussi bien été l’instigatrice de certains que la victime d’autres.
Le propos est porté par une partition graphique réussie et ce dès le plan séquence introductif très visuel auquel répond un final qui prend de la hauteur et offre un panorama aérien de Rome. Sous les crayons d’Antonio Sarchione, les personnages, principaux et secondaires, s’animent et jouent juste. Pour Valeria Messalina, le dessinateur use du truchement de son miroir toujours à portée de main pour montrer son côté narcissique et plonger dans les profondeurs de son âme. L’oie blanche en apparence se reflète en avide insatiable mais aussi sûre de ses charmes et de son pouvoir. Par ailleurs, les vêtements, coiffures et décors se révèlent particulièrement soignés. De même, la composition des planches alterne les angles de vue, se glissant dans l’intimité ou s’éloignant pour des cadrages plus larges, et offre quelques grandes cases fortes. La mise en couleurs assurée par Axel Gonzalbo accompagne plaisamment l’ensemble.
Dans le lot des souveraines quelque peu sulfureuses de la collection orchestrée par les éditions Delcourt, Messaline. La déesse des miroirs constitue une bonne pioche. Maîtrisé de bout en bout, l’album mérite largement de s’attarder sur cette destinée fulgurante et hors-norme.                                         
 
 
        

 
                        
 
                
 
                                






bon album, , intrigue intéressante, personnages captivants, dessins accrocheurs, une pointe d'érotisme, bref de la bonne ouvrage, à lire absolument