Le problème avec les fantômes

U n soir d’été, un groupe d’amies, Anne, Nour et Marie-Pierre — se retrouve autour d’un apéro. Plus tard dans la soirée, Irène finit par les rejoindre, son arrivée réveille les souvenirs d’un passé partagé. En discutant de tout et de rien, la conversation glisse peu à peu vers un sujet plus intime : la disparition de Caleb, ami cher décédé un an et demi plus tôt. Le ton change lorsque Irène confie que Caleb est revenu dans sa vie… sous la forme d’un fantôme. Ce trouble inattendu vient bouleverser l’équilibre du groupe et raviver des émotions longtemps contenues.

Avec Le problème avec les fantômes, Mirion Malle aborde le thème du deuil avec finesse. Le scénario interroge la manière de traverser la perte, de composer avec l’absence et de continuer à vivre tout en préservant la mémoire de l’être aimé. Imaginer partager une tisane avec un disparu relève-t-il d’une douce consolation ou d’une dérive malsaine ? Existe-t-il un temps légitime pour aller mieux ? L’autrice donne la parole à chacun de ses personnages, offrant ainsi une pluralité de regards sur la peine.

Cette œuvre met en lumière la complexité des émotions liées au deuil : le sentiment d’injustice, la colère, la culpabilité, mais aussi l’attachement indéfectible qui unit un groupe d’amies malgré la distance et les épreuves. La phrase La peine, ça change les gens résonne comme un fil conducteur : la douleur transforme, parfois sépare, mais révèle aussi la force des liens. Malgré la gravité du propos, le récit conserve une grande douceur. Des touches d’humour et de tendresse viennent alléger la tristesse ambiante, transformant les échanges. Le dessin, aux lignes souples et aux couleurs chaudes, vives confère à l’ensemble une dimension poétique. L’apparition de cet esprit dans la vie d'Irène, réelle ou symbolique, importe finalement peu : l’essentiel réside dans la capacité à accueillir ses émotions et à trouver un sens à la présence des absents. Par petites touches, Mirion Malle rappelle également les enjeux féministes qui lui sont chers et offre une bande dessinée profondément réconfortante.