Pour ceux qui reviennent de leur voyage intersidéral long de 30 ans, Warren Ellis est un prolifique scénariste anglais né en 1968 qui a considérablement marqué les comics US.
Il est associé à la British Invasion (en résumé, le succès d'Alan Moore avec Swamp Thing et Watchmen ouvre la porte à la fin des années 80 à Jamie Delano, Grant Morrison, Peter Milligan, Neil Gaiman...) alors qu'il se trouve plutôt dans la queue de la comète avec Garth Ennis. De plus, il ne passe pas par la case 2000 AD (excepté un short de Judge Dredd dessinée par Sean Phillips), se faisant remarquer chez un petit éditeur avec sa première série Lazarus Churchyard en 1991.
C'est Marvel qui lui ouvre du marché américain en 1994, d'abord avec Hellstorm, et puis principalement Doom 2099 et Excalibur (le pendant british weird magic des X-Men pour les novices).
Mais c'est la création de Transmetropolitan et c'est son passage chez Wildstorm que les choses sérieuses commencent. Avec la première, il calque son personnage Spider Jerusalem sur le journaliste gonzo Hunter S. Thompson, le balance dans un futur dystopique, décadent et haut en couleurs, se sert de lui dans ses "social/political commentaries" et fera étalage de concepts scientifiques aussi fous qu'ineptes et débiles. Chez Wildstorm, en compagnie de Alan Moore ou Joe Casey, il redonne un élan créatif à un éditeur moribond. Il reprend Stormwatch pour le faire sortir doucement du champ super-héroïque classique en injectant une dose d'horreur et de "sexual content". Warren Ellis crée en parallèle Planetary, véritable investigation du champ pulp.
Les trois oeuvres précités seront un peu ses pierres angulaires, ses directions à suivre, un maniement des concepts (abondamment nourris par ses lectures scientifiques) qui servent le récit (excepté dans Transmetropolitan où c'est du dropping gratuit) et plus globalement, une convocation d'une inspiration pulp, ou du moins l'idée qu'il s'en fait, investissant les genres sci-fi (le transhumanisme fut un thème quasi omniprésent chez Ellis), horreur et polar tout en prenant soin de les réactualiser. Dans son exploration du pulp, il rappelle ainsi Alan Moore sans forcément atteindre sa maestria. D'ailleurs, comme le souligne Jean-Marc Lainé dans l'édition française de Apparat, Warren Ellis a également piqué autre chose au sorcier de Northampton, c'est le personnage de Constantine qui a servi de matrice aux siens: Des personnages rentre-dedans, des prolos qui cabotinent et qui n'ont rien à prouver, qui se livrent des dialogues comme des coups de poignards.
Autre tic moorien, la remise à plat. Technique qu'il a utilisé par exemple pour liquider une grande partie des personnages de Stormwatch. Il faut dire qu'il était déçu du désintérêt du public pour le titre mais décidé de continuer à travailler avec le dessinateur Bryan Hitch, il lance The Authority avec les personnages restants. Une écriture plus relâchée accompagnée par les planches explosives de Bryan Hitch popularisera un certain de sens de la décompression et ouvrira la porte aux Ultimates de Mark Millar et Bryan Hitch par exemple.
Bon, j'arrête les digressions et venons au sujet de ce topic: pour les connaisseurs, quels sont vos titres préférés de Warren Ellis ? (limités à 5 options par intervenant).
L'exhaustivité étant impossible, le sondage étant limité à 40 entrées, il a fallu élaguer. J'ai préféré écarter ses débuts chez Marvel (Hellstorm, Doom 2099, Druid...), l'ensemble de son travail sur le Marvel x-verse (Excalibur, la gamme Revolution, son run sur Astonishing X-Men...) ou ses nombreux fill-ins dans les ongoings series (tous éditeurs confondus). Certains de ces titres chez Avatar Press ou d'autres éditeurs plus exotiques ont également été écartés. Mais n'hésitez pas à me signaler si vous pensez que j'ai oublié un truc majeur.
