Ushijima, l'usurier de l'ombre

[Rorschach]

Message précédent :
Je profite de la sortie du tome 21 pour remonter le post de cette série. Il faut bien comprendre que je ne suis pas un gros consomateur de manga. Je ne suis ou ne possede que très peu de série en manga et leur nombre dans ma collection de bandes dessinées est plus qu'anecdotique en comparaison de mes comics ou de mes bd franco-belge mais Ushijima a une place à part.

Je trouve que cette série est un bijou. On suit les aventures d'un usurier au Japon, un yamikin ou plutôt de ses débiteurs c'est selon. C'est une série dure, impitoyable, sans concession qui nous révèle tout un pan de la société japonaise, celle des miséreux, des loosers, des épaves et de ceux qui les exploitent. Un manga ancré dans la réalité de ceux qui ont déjà presque tout perdu qui nous montre qu'il y a toujours plus profond que le fond.

Je ne la conseillerai pas à tout le monde car elle est vraiment dure et est destiné à un public averti mais pour tous ceux qui aiment les séries hard boiled je vous la recommande fortement. On en sort pas indemne.

[hadji ara]

Une de mes séries préférés, une visite en enfer dans le Japon des déclassés où se croisent putes, yakuzas, joueurs compulsifs, drogués, hosts et prêteurs sur gages. Une vision sans concessions du Japon underground qui puise sa force dans l'absence totale de morale ou de pathos. Ce regard c'est celui d'Ushijima, sorte de Méphistophélès qui prévient ses débiteurs des risques qu'ils encourent à contracter une dette chez lui pour ensuite les regarder sombrer et leur prendre tout ce qu'ils ont jusqu'à leur dignité. C'est violent, désespéré et pathétique et on éprouve un plaisir coupable à assister à la déchéance des personnages tout en se demandant jusqu'où ira leur autodestruction.

Un sommet.

[alley oop]

série fascinante et dérangeante. la nature humaine dans son côté pathétique et autodestructeur. on est abasourdi devant le talent de l auteur à nous emmener voir ses personnages se détruire. indispensable !

[Sunderclock]

Après un emprunt chez Cowcow finance, les intérêts qui suivent sont encore de Cowcow finance. C’est ce que Guitry disait de Mozart (mais c’est Desproges qui me l’a refilé).

Alors que reste-t-il après ce 46ème tome ? Bof, pas de regret. Les lourdeurs de l’intrigue finale avec les yakuzas sont soporifiques, le final tragique est si mauvais et caricatural que j’ai eu un bref éclat de rire avant de réaliser que ce n’était pas une parodie mais un 1er degré aussi poussif et triste « qu’une branlette quand on en a vraiment pas envie ». (autre citation de l’écriveur susmentionné).

Le regard naturaliste sur les petits commerces des bas-fonds est devenu une énième morne histoire de vengeance, de surins et de yakuzas impitoyables à qui je reproche un manque d’entrain aussi patent que celui de ma compagne lorsque j’ai proposé l’aide ménagère d’une jeune Suédoise de 16 ans pour mon bureau. Et après ça gueule contre le chomage et l’espace Shengen qui part à vau-l’eau mais quand il faut redresser la barre il n’y a plus personne.
Pouf, pouf.

Une fois de plus interrompu par moi-même je dois dire cette digression sordide illustre mon profond désintérêt pour ce qu’est devenu cette série qui m’a offert tout de même une vingtaine de tomes excellents. Quand au mois de mars, je le dis sans arrière-pensées, il fait rien qu’à venir comme un lion.

[Pouffy]

cette série qui m’a offert tout de même une vingtaine de tomes excellents

Oui mais retenons au moins ça... cette série, au moins ces premiers tomes, est absolument à lire. 14 ans après, je me souviens parfaitement du tome 1 alors que je ne l'ai pas relu depuis... et comme beaucoup j'ai arrêté vers le tome 29 ou 30. Mais les premiers tomes sont indispensables.

[Sunderclock]

Je suis d'accord. J'en profite pour préciser que la série a été récompensée par le Social Impact Award décerné par le Japan Media Festival il y a quelques mois, je viens de le lire dans le dernier numéro d'Atom (le 16 donc) où l'on peut lire le premier chapitre de sa nouvelle série Kujo no Taizai. On reconnait forcément sa patte mais le photoréalisme est encore un poil plus poussé, avec quelques portrait pleine page pour les moments forts. Je dois dire que le rendu en grand format est somptueux et donne au tout un aspect très percutant, la série s'annonce très prometteuse sur l'histoire, les thématiques, les personnages... sur tout en fait.

Seul petit bémol : l'avertissement en tout petit que le chapitre commençait par la dernière page pour respecter l'odre du manga... Non seulement c'est une idée à la con (puisqu'elle survient après 110 pages dans le sens de lecture occidental) mais je me suis autospoilé. Je sais que c'est anecdotique mais quand on aime vraiment un auteur ça prend son importance.