Bert74 a écrit:Oui j'avais suivi le passage de Mornet chez Delcourt.
En fait, pour l'implosion, je pensais surtout à l'arrêt brutal de la publication des Semic Books qui a été pour le lecteur, la partie visible de la déliquescence de Semic. Et c'est sur cet aspect essentiellement (et essentiel pour le commun des lecteurs) que je base ma vision de reprise du flambeau par Panini : Planetary, 100 Bullet, Powers (la suite bordel !... Digression... Pardon), Sleeper, Authority, Sup Identité Secrète, Y le dernier homme, Fables, la ligne ABC.
Le résumé qu'en a fait Nikolavitch est bon. Fie-toi à ce qu'il dit.
Et n'oublie pas qu'à partir du moment où il y a renégociation de droits (dans l'édition ou ailleurs), il y a toujours des conséquences fâcheuses (l'arrêt de séries au milieu en faisant partie).
Bert74 a écrit:Pour les nouveautés, Urban peut vraiment se sortir les doigts du c... et nous proposer beaucoup plus quand on voit tout ce qui reste à sortir en VF première édition du catalogue Vertigo, par exemple.
Deux choses :
- si nous étions encore à l'époque des films d'impression, l'éditeur français (et là, ce que je dis vaut pour n'importe lequel, pas essentiellement Urban) pourrait piocher dans n'importe quelle série et traduire ce qu'il veut sans inquiétude pour l'accessibilité du matériel. Mais nous sommes à l'heure des fichiers numériques, plus aucun imprimeur ne bosse sur film, et même si c'est le cas, ça coûte une blinde désormais. Donc l'éditeur français doit s'assurer que le matériel existe sous une forme numérique. Que ce soit chez Vertigo, chez Wildstorm, chez DC, chez MAD, pour qu'un truc soit traduit, il faut être sûr que la version numérique existe. Et il n'est pas impossible que certains trucs soient, pour l'heure, indisponibles.
- Urban (et là, je vais rentrer plus spécifiquement dans leur offre DC et autres) propose des bouquins qui n'ont pas d'équivalent US. Je pense en premier lieu à leurs anthologies, mais on pourrait aussi citer les deux tomes de
Superman : Superfiction (qui, malgré le côté inédit / pas réédité mille fois / bouffée de fraîcheur, ne semble pas avoir rencontré un succès planétaire, hein, même si pourtant c'est excellent). Ils proposent du Superman, personnage et univers notoirement difficiles à vendre en France, et pas seulement en faisant les grands standards, mais aussi en prenant des sagas marquantes (genre
Empereur Joker ou, bientôt,
Président Lex). Ils reprennent et complètent des séries Vertigo, parfois en offrant deux formats afin de ne pas dépareiller les collections de ceux qui suivaient avant (ni d'épuiser leur porte-monnaie). Et ils explorent l'univers des indés. Donc bon, quand je lis qu'Urban ne fait que des rééditions, j'ai l'impression d'être face à quelqu'un qui considère ce catalogue de manière sélective, ou bien dont le libraire ne reçoit pas tout. J'ajouterai enfin que les rééditions semblent bien fonctionner. Ce qui veut dire qu'il y a une partie du public qui a raté les précédentes éditions et qui souhaite se rattraper, et que, dans l'absolu, ledit public s'élargit.
Bert74 a écrit:Et leur format bâtard plus cher, j'espère que ça sert au moins à payer un peu mieux leurs traducteurs que ça me console un peu.
Alors bon, moi qui suis concerné par ça (je traduis, pas autant que certains de mes éminents confrères représentés ici, mais un peu quand même, pour différents éditeurs et notamment pour Urban…), je ne ferai qu'une remarque : Urban, comme d'autres éditeurs de
comics VF, traite les traducteurs selon les termes définis par la loi, ce qui implique que le traducteur reçoit une avance de droit et que, si les ventes sont suffisantes, cette avance est ensuite complétée par le versement de royalties.
Grosso modo, si je traduis un succès, je gagne des sous. Et plus ça se vend, plus je gagne des sous.
Donc je suis content. Je n'ai jamais travaillé pour Panini mais j'ai cru comprendre que Panini ne pratique pas cette méthode, ce que je regrette (mais n'étant pas concerné directement, je me réjouis en fait de travailler pour ceux qui font leur boulot correctement).
Au-delà de mes sentiments personnels, et pour rentrer un peu plus dans le sujet, un bouquin au format agrandi, pour le traducteur, ne représente pas une avance agrandie. Si je traduis 200 pages d'un bouquin au format
comics et 200 pages d'un bouquin au format agrandi, les avances seront les mêmes. Mais le calcul de ma part se fait autour d'un pourcentage. Donc si le bouquin agrandi coûte plus cher, ma part pèsera plus lourd que pour le bouquin au prix normal. Il me faudra donc moins d'exemplaires vendus pour atteindre le seuil au-delà duquel l'avance sera remboursée (en contre-partie, si le bouquin est plus cher, ça freine peut-être un peu les ventes, et le seuil sera atteint plus lentement, peut-être).
Donc, très indirectement, et à moyen ou long terme, oui, tu peux te réjouir pour le traducteur (mais à court terme, ça ne change pas grand-chose, je le reconnais). À condition bien entendu que ça marche, que ça fasse de bonnes ventes.
En tout cas, au nom de cette corporation laborieuse, je me réjouis que tu te réjouisses pour nous.

En tant que lecteur (certes, j'achète de plus en plus de VO, de moins en moins de VF, j'en suis même à racheter en VO des VF qui feront le bonheur de mes copains…), j'apprécie tout particulièrement leurs anthologies. Je n'en ai traduit qu'une, donc je me permets de donner un avis de lecteur sur l'ensemble de la collection. C'est de chouettes bouquins, au sommaire bien choisi et aux commentaires très riches. Alors ouais, effectivement, le format agrandi est emmerdant. Mais je suis un lecteur de longue date et j'ai une collection qui a environ trente-cinq ans, et dont certaines des plus vieilles pièces sont des "formats agrandis", justement (je pense au
Superman / Spider-Man de Conway et Andru, chez Sagédition, que j'ai en cartonné : gigantesque, ce machin-là, inrangeable !!!). Donc oui, à chaque fois que j'en mets un nouveau dans le rayon, ça bouscule tout, c'est chiant comme la pluie, faut bouger des trucs, déplacer, gnagnagna…
Mais j'y vois aussi un petit plaisir de collectionneur et de lecteur, pour ma part, ces minutes que nous passons à pousser les rayons du coude pour y placer un format inadapté.
Ça met un peu de sel, quoi.
Jim