toine74 a écrit:
Quant au concept de grande famille et de liens indéfectibles entre éditeurs et auteurs, c'est du pipeau de première. Évidemment, qu'humainement, des relations d'estime et d'amitié se tissent entre individus qui travaillent ensemble. Par contre, le juge de paix final a toujours été et sera toujours les chiffres de vente.
Dans l'actionnariat déjà, Dupuis, Casterman, et Le Lombard dans une moindre mesure, on voit bien que c'était une entreprise familiale (Jean, Charles Dupuis, le beau-frère Matthews...). Dans la structure et dans les relations traditionnelles paternalistes également, reflet de cette époque (le bureau du patron par qui tout ou presque passait). Tout cela est factuel, documenté, et corroboré par des entretiens des auteurs de l'époque.
Ce n'est donc absolument pas du pipeau de parler d'entreprise (et de liens) familiale.
L'étalon de mesure n'était pas uniquement le tiroir caisse. C'est mal connaitre l'histoire des entreprises au 20e siècle.
Tif et Tondu ne vendaient pas des masses, mais a toujours été soutenu. D'ailleurs, le stock de bds à l'époque de l'arrivée de Van Hamme démontre qu'on imprimait parfois au delà du nécessaire, simplement car c'était un auteur apprécié du "patron" (et chez Dupuis, en prime, ils ont imprimé en grand nombre avant la vente de l'entreprise, pour augmenter la valeur "stocks").
Après cela, le débat peut porter sur "Était-ce mieux à cette époque"?" là, on est déjà plus dans du ressenti, plus difficilement quantifiable.
Et comme je le soulignais, sans doute que non, car aux temps des Dupuis, des auteurs étaient oubliés, d'autres choyés; et même là... Des auteurs comme Morris ou Peyo sont partis voir ailleurs car ils ne se sentaient pas assez soutenus (merchandising, droits étrangers, etc.).
Les commerciaux ont professionnalisé certains secteurs, ont permis de répondre à d'autres envies (nouvelles collections, par exemple), ont développé les droits dérivés (ça existait auparavant, mais peu exploités). Mais certains commerciaux ne voient pas la différence entre un objet culturel et son créateur, et un produit cosmétique.
On en revient donc à la base: ce qui fait un bon éditeur, ce n'est pas le fait d'être le "pater", ou d'être un "commercial-tiroir caisse" , mais de comprendre la notion du métier d'éditeur: une oeuvre, littéraire, où le responsable éditorial accompagne l'"auteur". C. Gendrot d'Aire Libre, Jean Van Hamme, ou Kennes, un "commercial" chez Dupuis début des années 2000, l'avaient bien compris.