David Amram a écrit:Les deux pages qui, au milieu de Spirou chez les Pygmées, mettent en scène le sapin de noël en Afrique ne sont pas mises de côté, au premier chef, pour des raisons idéologiques, mais platement narratives et historiques : ayant été intégrées après coup dans l'histoire, elles contredisent les planches originales de Franquin, et créent un faux-raccord temporel idiot. La scène passe de la nuit (avant dernière case de la planche 21), au jour le lendemain (dernière case de la planche 21 telle que dessinée initialement), à à nouveau la nuit de la veille (ces pages de Noël 21BIS et 22BIS)!
En ce cas, puisque la décision a été prise de prendre comme référence canonique le déroulement des planches originales (et non pas celui de la parution dans la revue, -ce qui était possible aussi- ), il aurait été judicieux de faire suivre le récit des Pygmées par les deux planches du sapin de Noël.
Une intégrale, c'est une intégrale, non ? Si on écarte des travaux (quelle qu'en soit la raison) ce n'est plus une intégrale.
D'ailleurs, la problématique avait été fort intelligemment résolue dans la précédente intégrale, et laissant les deux planche du sapin au milieu du récit, mais avec des marges marron ; ce qui faisait un intermède, sans occasionner de rupture franche du récit...
Quoi qu'il en soit, cela ne sert plus à rien à présent de discuter de la pertinence d'écarter ou non du récit des Pygmées les deux planches du sapin de Noël, ce qui est fait est fait.
Par contre il est encore possible de rectifier le tir en les publiant au début du prochain volume, puisque ce premier volume se clôture avec l'histoire des Pygmées...
C'est Franquin lui-même qui refusait de voir republier cette histoire de Saint-Nicolas, parce qu'il considérait qu'il s'agissait d'une propagande catholique, d'une forme de bien-pensance qu'il avait beaucoup subi et qu'il en était venu à dénoncer fermement.
...
Dans le cas de Franquin, qui a construit une partie de son œuvre sur la remise en question de ses premiers travaux, il était important de marquer cet écart, en reprenant sa logique fidèlement.
Dans l'esprit, ce n'était pas indispensable. C'est une intégrale
chronologique, non ?
Donc, il paraîtrait cohérent de publier ce qu'a fait Franquin au fur et à mesure, sans tenir compte de ses éventuels repentirs ultérieurs, mais en présentant son travail tel qu'il l'a fait à l'époque considérée, avec son état d'esprit supposé, correspondant à ce moment-là de sa vie.
C'est bien connu que les créateurs ne sont presque jamais satisfaits de leur premiers travaux, et que sans doute ils préfèreraient les faire disparaître. Mais c'est justement cette imperfection des débuts qui fait mesurer la progression d'un artiste.
Hormis ces considérations générales, je ne vois pas trop le problème qu'ont certains avec le récit court de Saint Nicolas.
Il est bien présent dans ce premier volume, c'est ce qui importe. Oui, il est cucul, mais bon, je vois cela cela comme du folklore bon enfant, de la tradition ; il n'y a pas besoin d'aller chercher plus loin.
Sinon, à ce compte-là, on devrait se passer des couvertures de Noël de Franquin, ce qui serait grand dommage, car elles sont belles.