Que du fun en perspective
Si on la construit, est-ce que tout le monde meurt ?
« On n’arrive pas vraiment à programmer les intelligences artificielles d’aujourd’hui pour qu’elles prennent en compte les conséquences néfastes de leurs actions. Si on ne règle pas ce problème, on se dirige vers des situations où l’IA nous ment pour atteindre des objectifs qui peuvent nous nuire et essayer d’échapper à notre contrôle. On commence à en voir des signes dans des expériences en laboratoire », rapporte le scientifique.
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Des expériences récentes en laboratoire sur l’IA ont notamment été menées par l’entreprise américaine Anthropic, qui a développé le robot conversationnel Claude. L’une d’elles, « la plus impressionnante » aux yeux de Yoshua Bengio, s’est déroulée plus tôt cette année.
Lors de ce test, la plus récente version du robot conversationnel a eu accès aux courriels d’une entreprise (fictive) où il avait été intégré. Parmi ces messages, on indiquait qu’il allait être remplacé par un autre système d’intelligence artificielle.
Séparément, d’autres courriels faisaient état d’une relation extraconjugale (fictive elle aussi, je le précise) qu’entretenait l’ingénieur responsable du changement de système annoncé.
Devinez-vous la suite ?
Pour éviter d’être remplacé, le système d’intelligence artificielle a décidé de faire chanter cet ingénieur.
« On ne lui a pas dit de faire du chantage ! C’est juste que [les systèmes d’IA] sont rendus capables de stratégies pour atteindre leurs objectifs », constate le chercheur montréalais.
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Le chercheur admet que l’on constate un recul en matière d’encadrement de l’IA, aux États-Unis comme en Europe, depuis le retour de Donald Trump au pouvoir. Sitôt élu, le président américain a laissé tomber les efforts de l’administration Biden visant à réglementer l’IA. Il tente maintenant d’empêcher les États américains de légiférer à ce sujet.
Mais Yoshua Bengio n’en démord pas. L’aspect politique de l’équation est fondamental. Et l’enjeu est international. Le multilatéralisme, dont Donald Trump n’est pas friand, est par conséquent incontournable.
« Une IA pourrait être développée dans un pays, ensuite des terroristes d’un autre pays y ont accès et la modifient pour pouvoir l’utiliser pour fabriquer un virus pandémique qui va affecter un troisième pays. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut gérer juste avec des réglementations nationales », lance-t-il.
Alors que les géants technologiques aux États-Unis et en Chine sont entraînés dans une course folle pour améliorer la performance des systèmes d’IA, les cris et les S.O.S. de Yoshua Bengio peuvent sembler naïfs.
N’empêche qu’il serait tout sauf bête, si on se soucie du sort de notre civilisation et de l’état de santé des démocraties libérales, de privilégier la prudence plutôt que la fuite en avant.
https://www.lapresse.ca/contexte/chroniques/2025-12-21/l-ia-et-nous/si-on-la-construit-est-ce-que-tout-le-monde-meurt.php