shino1987 a écrit:Une relecture intelligente des origines de Cap par l'excellent Mark Waid !
Parfais pour les débutants ( et notamment les spectateurs d'Avengers), plus dispensables pour ceux qui connaissent déja le personnage.
(une critique est dispo sur mon blog)
Je l'ai lu en VO hier soir, et c'est vraiment sympa.
La réécriture de l'épisode des Vengeurs (enfin, précisément, de deux épisodes…) est profonde, mais elle reste assez fidèle dans l'esprit, exploitant les moments de solitude et d'isolement du
Captain sauvé des eaux. C'est plutôt bien joué, et voir Rogers dans un état de semi hallucination sur deux épisodes est assez impressionnant.
Le troisième épisode fait le point sur la situation (avec rencontre du Président et tout et tout), et les deux derniers sont une relecture de la rencontre avec Kang.
Waid en profite pour faire deux choses importantes : d'une part, faire le portrait de l'Amérique moderne, qu'il confronte à l'Amérique de la Dépression : il parle de la sécurité dans la rue, de la prolifération des armes, de la santé publique, des retraites, du racisme. Bref, il dresse un portrait de son pays guère amène. Intelligemment, il évite le "c'était mieux avant", puisqu'il montre une vieille Amérique déjà bien raciste et pour qui les victoires des années 1960 ne sont encore que des fantasmes. À chaque époque ses tares. D'autre part, il inverse le cliché sur
Captain America. Ce dernier est souvent vu comme un homme des années 1930 perdu dans le présent (son futur). Là, notamment par le biais de la confrontation avec Kang, on voit un homme qui commençait à prendre pied dans le présent,
qui se retrouve soudain renvoyé dans le passé, et qui y voit les défauts, les imperfections,
et comment il se trouve soudain inadapté.
Captain America est un homme de l'instant, qui ne se projette pas dans l'avenir (voir les discussions avec Bucky sur les projets après la démobilisation).
C'est d'autant plus intéressant que désormais, on a en BD un
Captain America plus actif, qui prend l'initiative, qui crée des choses. Durant ses deux passages sur la série, Mark Waid avait fait du personnage, selon sa propre expression, une sorte de Jack Ryan qui se lance dans l'action sans ruminer le passé. Actuellement, il construit les Vengeurs Secrets, il s'occupe d'espionnage, il recrute des alliés. Mais déjà sous Gruenwald il avait commencé à construire des choses, notamment en créant une hotline, en embauchant du personnel (Peggy Carter, John Jameson comme pilote…), en bâtissant un réseau. Je crois que la rupture avec le passé se fait autour de
Captain America #300, avec la mort du Red Skull (momentanée) et la disparition des spectres du passé.
Cette mini de Mark Waid intègre cette évolution, et puisque l'action se passe au moment de son retour dans la société moderne, elle se pose comme tremplin pour les évolutions qui suivront.
C'est très finement joué.
Oui, très chouette album, avec un twist intéressant sur le décalage temporel, sur le paradoxe. Et une modernisation qui tombe bien, qui est bien vu, le sentiment d'inadaptation de Cap est bien ressenti. Vraiment, conseillé. On ne lit jamais trop de Mark Waid.
Jim