Je me lance dans ce sujet que je ne maîtrise pas spécialement...
En fait comme je ne vois pas de sujets sur les premiers auteurs de BD (américains ou européens), je me dis que cette collection est une bonne porte d'entrée.
En grand format relié (avec préface documentaire) ou en petit format broché à l’italienne, cette collection a eu le mérite d’éditer des séries qui n’étaient connues que des amateurs éclairés... Et pour certains auteurs, ces éditions restent encore les seules disponibles pour connaître ces séries en français…
Bref, discutons-en...
(S’il existe un sujet approchant, pas de souci on peut fusionner...)
Pour commencer, un peu de...
« Je cours vite mais je pense encore plus vite ! » pourrait être la devise du chat peut-être le plus célèbre de la BD et de l’animation. C’est une lutte permanente pour manger ou s’abriter, surtout que Félix exige le meilleur : l’assiette du propriétaire ou son lit douillet – même si, en bon stratège, Félix sait se contenter de restes ou d’un coin dans la maison...
Chat noir accusé de porter malheur ou bonheur (selon les lubies superstitieuses des uns et des autres), Félix met toutes ses ressources pour survivre dans ce monde de la concurrence libre et non faussée !
Félix joue des tours et on lui joue des tours. Dans ce monde où l’homme est un loup pour l’homme, Félix, humain trop humain parmi les humains ou ses congénères, n’est qu’un chat…
Félix joue tous les rôles titre à tour de rôle : chassé et chasseur, exploité et exploiteur, victime et agresseur, et même l’entre-deux : le médiateur pour régler divers problèmes d’ordre familial, conjugal, financier, etc.
Espiègle ou rageur, malin ou jaloux, on assiste à de vrais actes de violence verbale et physique, qu’on a du mal à retrouver de nos jours en BD comique…
Bien entendu, la représentation date de son époque : les rapports conjugaux dans des couples mal abouchés, des rôles bien tranchés entre l’homme qui travaille et la femme qui dépense, l’homme veule et la femme acariâtre, mais le ressort comique permettent de dépasser la caricature. La représentation des personnages afro-américains est particulièrement caricaturale pour ne pas dire raciste il faut le dire.
Tout au long des 3 albums, la disposition narrative est inamovible : 12 cases en 2 planches surmontées d’un bandeau-titre comportant un gag ou une illustration en rapport avec le gag principal.
Les préfaces de Denis Gifford sont très informatives et illustrées de documents étonnants : photographies, partitions, objets de merchandising (déjà)… Tout d’abord, il nous apprend que l’auteur des comics est, contrairement à l’indication de l’album, non pas Pat Sullivan mais Otto Messmer (d’où les 2 noms) – et ce serait même ce dessinateur œuvrant dans le studio de Sullivan qui serait l’inventeur de Félix…
Une lecture divertissante qui nous montre les contradictions de ce monde capitaliste où le confort est à portée de la main mais restant inaccessible ou précaire...
