De façon générale, ce qui détermine la pertinence de la lecture, c’est sa conformité à la réalité. Donc si tu dis que par principe toutes les opinions se valent, je ne serais pas d’accord : un point de vue arbitraire, irrationnel, au mépris des preuves, n’a pas la même validité qu’un point de vue étayé par des arguments et des preuves (je parle toujours en général). Peu importe qui parle. J’essaye de soutenir mon point de vue par des arguments logiques et rationnels. Tu peux juger que mes arguments ne sont pas convaincants, tu peux proposer des contre arguments, mais la simple invocation d’un relativisme général de tout point de vue quel qu’il soit, en effet je rejette cela.toque a écrit:Souffre camarade que non seulement ta lecture de l’œuvre n'est pas plus pertinente que celle des autres lecteurs...
Cela dépend de ce que tu entends par “important”. Mais savoir si mon point de vue est “important” ou non n’est pas ce qui me préoccupe (et cela n’est pas un facteur de validation ou d’invalidation du reste). Ce qui m’intéresse, c’est ce qui est vrai et juste. Donc j’argumente dans cette perspective et je soumets mon point de vue au débat, car cela nourrit ma réflexion. Nous sommes tous des êtres humains dotés d’un cerveau, d’une faculté de raison et de jugement, par conséquent on peut avoir une pensée et un point de vue personnel, qui peut même être différent de celui de l’éditeur, du procureur ou de qui que ce soit. Et on a le droit de le dire, cela fait partie du débat public, quel que soit l’impact ou l’absence d’impact que cela a. Ce qui détermine la validité de ce point de vue, c’est la réalité, et non le titre ou statut que l’on porte à un moment donné.toque a écrit:mais qu'en plus elle à moins d'importance que celle de l'éditeur ou du procureur de la république.
Rappelons d’abord que la préface va dans mon sens (elle dit que le livre n'a pas de vocation masturbatoire et n'est pas porno) et ne dit rien qui contredise fondamentalement mes propos. Ce qu’elle dit en substance c’est que l’album parle de sexe de façon transgressive et qu’il ne cherche pas à exciter son lectorat.toque a écrit:Balayer d'un revers de la main une préface de l'éditeur qui est là pour contextualiser l'ouvrage ce n'est pas sérieux.![]()
Sur un plan plus théorique à présent, ce que j'estime ne pas être sérieux, c’est substituer ce que les gens disent à la réalité observable (et au jugement indépendant de cette réalité). Supposons que la préface dise : “Il s’agit d’un album en couleurs”. Même si tu voyais de tes propres yeux que la BD est en noir et blanc, soutiendrais-tu qu’il s’agit d’un album en couleur parce que quelqu’un l’a écrit dans une préface ? Est-ce vraiment cela que tu considères être “sérieux” ? (As-tu déjà entendu parler de l’expérience de Asch ?) Du reste, il n’est même pas vrai qu’une préface est forcément là pour contextualiser. La plupart du temps, lorsqu’on utilise un nom connu pour préfacer, c’est simplement pour une raison commerciale. Que ce soit Alain Chabat qui préface Gotlib, Benoît Poelvoorde qui préface Goossens, Katsuni qui préface Vivès, et j'en passe. Et on peut parfaitement être en désaccord avec un préfacier sur le contenu d’un livre. Cela ne t’arrive jamais ? Ce n’est pas parce qu’il est préfacier qu’il a nécessairement raison sur le livre. Deux préfaciers d’un même livre peuvent dire des choses différentes, voire opposées. Ce n'est que leur point de vue dans tous les cas. De façon générale, je ne regarde pas le statut de la personne qui parle pour déterminer si je suis d’accord ou non avec elle, je regarde d'une part ses arguments, la façon dont elle arrive à sa conclusion et d'autre part si cela correspond à mes connaissances factuelles. Je pense que c’est la seule façon sérieuse d’être juste.
Tu ne sembles pas avoir compris mon propos. Je parlais de la gravité des conséquences de l’accusation de pédophilie parce que tu me parlais de ton point de vue au sujet de Vivès et de ce que tu trouvais problématique chez lui. Ce que je voulais souligner ici, c’est que ce n’était pas ce qui était en jeu ici, dans l’échange que nous avons. La question cruciale est de savoir si oui ou non les BD de Bastien Vivès sont de la pédopornographie. Nous pourrions aussi débattre du bien-fondé de ta vision de Vivès, mais tout cela est encore un autre sujet. À tort ou à raison, chacun a naturellement la liberté de boycotter les artistes qu’il n’aime pas. Ce dont je parlais moi c’est d’une accusation injuste de pédophilie. Même si l’on n’aime pas une personne, que l’on n’aime pas ce qu’il fait ou ce qu’il dit, que l’on trouve cela de mauvais goût (et comme je l’ai dit dès le départ, je peux comprendre cela) une telle accusation reste une grave injustice lorsqu’elle est fausse. De façon générale, toutes les fausses accusations sont des injustices bien sûr, mais certaines sont particulièrement graves, et celle-ci fait partie des plus graves et des plus destructrices qui soient. Ce que je veux dire par là c'est qu'il ne faut pas faire la confusion entre d'une part considérer que quelqu'un tient des propos de mauvais goût, fais des dessins de mauvais goût selon des normes que l'on peut débattre et d'autre part l'accuser de pédopornographie, donc de pédophilie. S'il y a bien quelque chose de moralement problématique, c'est de commettre cette confusion.toque a écrit:Tu me porte beaucoup d'importance. J'en suis flatté mais je reste lucide sur les limites de mes prises de position[...] Tant que Vives n'aura pas pris du recul sur sa puérile misogynie, tant qu'il portera un regard aussi désinvolte sur l'inceste, tant qu'il ne s'excusera pas du harcèlement qu'il fait subir à des autrices, je me féliciterais que des auteurs ou des éditeurs ne veulent plus travailler avec lui. Je dénoncerais, a mon modeste niveau, les invitations , les hommages ou les expositions qui lui seront consacrés.
Ce que je trouve d'ailleurs déplorable et très grave (là encore), c’est l’immense confusion qui règne dans les discussions sur l’affaire Vivès. On mélange tout : inceste, pédophilie, mysogynie… On prend des définitions approximatives, on fait des accusation floues, on amalgame des accusations d’une chose avec une autre, on confond l’accusation et la culpabilité, les propos et les BD, les mots et les faits, les opinions et les faits, le mauvais goût et les infractions pénales, on prend pour acquis ce qui doit être démontré, on renverse la charge de la preuve, etc, etc. Comme si le sujet n’était ni grave ni sérieux.
C’est une accusation parfaitement gratuite : a-t-on parlé de ce sujet ? Non. Donc merci de ne pas présumer arbitrairement de ce que je pense ni de fabriquer d'homme de paille. Je condamne les propos violents que Vivès a tenu à l’encontre d’Emma (il s’en est excusé) et le harcèlement dont est l’objet qui que ce soit. Il est toutefois faux de dire qu’il a détruit la réputation d’Emma.toque a écrit:Tu as l'air moins sévère quand Vives détruit la réputation d'une autrice ou participe et alimente un harcèlement envers elle.