Nous sommes en 1930 juste après la grande dépression, les gens vivent avec des bouts de ficelle mais Sachem Blight arrive encore à s'en sortir. En même temps, il travaille pour la haute société le monsieur, ben oui il court après les gosses de riches cherchant l'aventure dans un monde qui s'ouvre de plus en plus. Il a du boulot en somme, il a vu de drôles de choses dans certains pays lointains et hostiles. Alors en débarquant à Montréal il imagine une enquête plutôt facile... ah la la quelle erreur !
Troisième roman de Monsieur Cedric Ferrand, après une fantasy "sombre" (Wastburg), après un futuriste soviétique (Sovok), il s'attaque à du pulp Lovecraftien. Résumer "et si le diable le permet" à ça, est tout de même mensonger, le pulp est indéniable mais l'auteur transforme parfaitement le coté lovecraftien avec une belle dose d'humour et des personnages plus physiques qu'intellectuels, je ne veux pas dire qu'ils sont cons hein ?! juste que l'on ne va pas trouver vraiment des névrosés de la première heure dans cette aventure.
On retrouve du Cédric Ferrand dans ce roman, surtout sur deux points : la description de la ville et l'amour des "langues". Comme Wastburg et Sovok, la ville est un personnage, Montréal est donc vivant. Je viens de comprendre en fait que Wastburg était dans un sens un Montréal "caché", mais ici la description de la ville est frontale. C'est donc toujours aussi plaisant de se sentir vraiment dans les ruelles de la ville grâce aux mots de l’écrivain. Sur ce point encore une belle réussite.
Cedric Ferrand adore les mots, mais il doit être passionné par les dialectes locaux (je suis sûr qu'il possède un dico du style : comment traduire les expressions les plus populaires dans tous les dialectes possibles et inimaginables), ici il y aura des passages délicieux en "Joual" (pour plus de détails sur le joual :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joual). Il s'amuse avec ça, et j'adore ça.
Il écrit aussi toujours d'une manière "vive", il existe des passages longs mais entrecoupés de chapitres très courts donnant toujours un rythme bien particulier à la lecture.
Mais de ma lecture de ses deux premiers romans, j'ai toujours eu du mal avec ses personnages principaux. Dans Wastburg il y en avait trop dans un sens, dans Sovok je ne me suis pas attaché aux ambulanciers, ici en prenant le partie de n'avoir que deux personnes et surtout d'en faire des héros, peut être plus classiques, ben ça tape juste. Yep je m'imagine à la place de Sachem, et oui j'aime le côté facétieux d'Oxiline. Seul peut être le premier quart du livre est trop démonstratif.
Mais en fin de compte je suis très heureux de lire du Cedric Ferrand, je serai donc là pour la suite, et cette fois ci on parle réellement d'une suite des aventures de Sachem Blight et Oxiline !
3.5/5