Une petite expo, pour le plaisir, pour les idées cadeaux.
Un sujet globale pour parler de cette autrice qui a fait le bonheur des lecteurs d'Okapi et qui vient de recevoir un Fauve d'honneur pour l'ensemble de sa carrière lors du dernier Festival d'Angoulême.
Cornélius vient de sortir deux rééditions.
Déposées sur une plage par un train qui se désagrège à leur arrivée, deux détectives (auxquelles les autrices prêtent leurs traits) débarquent à l'Hôtel du Petit boudin des dunes. Dans ce refuge de bord de mer, le temps s'écoule différemment. La mer monte quand elle en a envie et les méduses volent dans le ciel. Les habitués vaquent à leurs occupations au son du pianiste d'automne, jusqu'au jour où l'Homme triste disparaît mystérieusement...
Dans cette oeuvre initialement parue en 1979 aux Humanoïdes Associés, Nicole Claveloux et Édith Zha nous entraînent dans un univers onirique et décalé où la magie s'engouffre à la moindre occasion. Sous la plume surréaliste d'Edith Zha, le dessin finement ciselé de Nicole Claveloux laisse libre cours à toute sa fantaisie.
Ici, les couleurs pop de La Main verte laissent place à un dessin au trait d'une grande délicatesse, qui plonge le lecteur dans un mirage balnéaire.
Le livre est complété par une introduction riche en documents inédits ainsi que par la série Louise XIV (entièrement en couleurs) qui débuta sa carrière dans Métal Hurlant avant de basculer vers Okapi, un transfuge qui laisse rêveur à une époque où les oeuvres destinées à la jeunesse ont abdiqué toute forme de subversion.
De Moebius à Gustave Doré en passant par Lewis Caroll, l'oeuvre de Nicole Claveloux s'affranchit des limites avec gourmandise, enfourchant le plaisir d'imaginer avec une énergie unique qu'il est urgent de redécouvrir - ne serait-ce que pour se souvenir que la bande dessinée n'est pas condamnée à la fade représentation du réel.
Récit onirique d'un corbeau mélancolique et d'une jeune fille rêveuse, La Main verte est paru pour la première fois dans le magazine Métal Hurlant en 1977 avant d'être édité l'année suivante aux Humanoïdes associés. Cette histoire fantasmagorique aux couleurs psychédéliques nous entraîne dans un univers surréaliste où les plantes parlent toute seule et les maîtres d'hôtel font des mots croisés. Comme dans une suite de rêves, le récit est divisé en plusieurs épisodes qui s'entremêlent subtilement. on retrouve dans ces pages l'influence de dessinateurs tels que moebius ou druillet mais aussi celle de l'illustrateur tchécoslovaque Heinz edelmann.
Le livre est complété par de nombreuses histoires courtes, pour la plupart parues dans le recueil Le Petit Légume qui rêvait d'être une panthère et autres récits et dont certaines étaient restées jusqu'alors inédites.
Scénarisés et illustrés par Nicole Claveloux, ces récits en noir et blanc au trait fin abondent de détails et de touches d'humour absurde. D'une grande richesse graphique, les dessins de Nicole Claveloux possèdent une force évocatrice intemporelle qui s'imprime immédiatement dans l'imaginaire des adultes comme des enfants.
De Topor à Gustave Doré en passant par Lewis Caroll, son oeuvre convoque de nombreux croisements tout en possédant une énergie unique qu'il est temps de redécouvrir. Ce premier ouvrage de rééditions consacré à l'oeuvre de Nicole Claveloux en bande dessinée adulte.
Et enfin quelques image de l'exposition qui lui était justement consacrée.
Photos de Thierry Lemaire.