A la demande de l'évêque de Strasbourg, Jhen se rend dans la ville pour construire la flèche de la cathédrale. Il fait le voyage avec son sympathique ami, Parfait, ce qui le change un peu de Gilles (qui ne sera mentionné qu'en fin d'album. Il y découvre à la fois une rivalité ancestrale stupide entre 2 familles voisines et un complot de l'évêque. Il sera évidemment mêlé à ces deux affaires.
C'est la première que j'ai trouvée la plus réussie et touchante (la seconde étant assez banale) puisqu'elle crée un drame en empêchant l'amour de deux jeunes gens appartenant à chacune de ces familles. Ceux-ci, qui bénéficient notamment de l'aide de Parfait, resté près des châteaux, sont vraiment touchants et attachants, ce qui n'empêche malheureusement pas la tragédie due à la bêtise des adultes. J'ai bien aimé en revanche l'attitude de la mère supérieure, qui sait se montrer compatissante et faire preuve d'autorité pour aider la jeune fille et montrer leur bêtise et les conséquences de leurs actes aujx deux familles et à l'évêque.
Avec l'aide de son ami Jhen (qui n'est pas trop à cheval sur ses principes pour rester son ami), Gilles de Rais met en scène une somptueuse pièce de théâtre en l'honneur de Jeanne d'Arc à Orléans (ce qui lui cause aussi quelques soucis financiers : il faudra voir si ce sujet a des conséquences pour la suite). Il doit cependant la quitter pour une campagne militaire mais reviendra pour accueillir le roi, sa nouvelle maîtresse, Agnès Sorel et le dauphin Louis.
Il y a beaucoup de choses intéressantes dans ce volume - et un défaut récurrent chez Jacques Martin, qui crée 2 intrigues différentes mais a du mal à les gérer ensemble : la campagne militaire s'arrête donc de façon abrupte, non sans avoir donné lieu à un échange intéressant entre Gilles et son cousin (le petit frère n'est en revanche pas réapparu depuis Barbe bleue). J'ai notamment aimé les passages de dévotion de Gilles de Rais envers la vierge, dont il pense qu'elle est la seule, avec Jhen, à pouvoir le sauver - ce qui ne l'empêche pas de poursuivre allègrement ses crimes durant l'album.
Et à propos de crimes, il faut parler du dauphin Louis, futur Louis XI :

J'ai apprécié ce personnage, et la façon dont il cherche à se venger, même si ce n'était pas sur un sujet très important. Il se montre cruel, comme son antagoniste (mais pas avec les mêmes vices) mais aussi manipulateur et efficace, sachant également jouer de son statut qui le protège de la justice. C'est un personnage que j'ai envie de revoir.