Les romans de science-fiction et de Fantasy

[kiboko]

Message précédent :
Petit retour de lecture sur la Mosaique de Sarance, de Gavriel Kay. On y retrouve tous les éléments chers à l'auteur (destins tragiques, personnages hauts en couleur, fresque historique), cette fois dans un monde inspiré de la Byzance romaine. Cela fonctionne plutôt bien mais il y a quelques défauts qui le placent à mon avis en dessous d' autres oeuvres de Kay comme Tigana, Les lions d'Al-rassan ou Arbonne:
- beaucoup de longueurs et de redites dans le second tome. J'ai sauté de nombreux paragraphes inutiles à l'intrigue. J'ai eu une impression de remplissage (pour atteindre les 700 pages peut-être?)
- un certain manque de consistance dans le scénario:

[Révéler] Spoiler:

Le héros rencontre un dieu sous forme de bison en début d'aventure mais cet évènement reste inexploité ensuite. Le personnage de Kasia semble promis à un rôle important dans l'histoire, mais non, elle reste dans un rôle très secondaire. Il y a aussi ce chapitre sur un homme du désert a priori "messianique", dont on nous dit qu'il va devenir central dans l'histoire de ce monde, mais qui n'a aucun lien avec l'intrigue et dont on n'entend plus du tout parler ensuite -> qqn a-t-il une idée de sa signification?

.

Globalement agréable à lire mais le moins bon des Kay pour moi (je ne les ai pas tous lus).

[nexus4]

Notre "android" de combat livré à lui même continue de s'humaniser et c'est l'énerve pas qu'un peu. Ce tome est trois fois plus volumineux que les précédents et gagne en complexité. Pour ce chapitre le schéma de départ est assez classique pour ce genre de space-opéra : bloqué autour d'une planète dont on ignore à peu près tout (en dehors des trois cent épisodes de Star Trek , en littérature on l'avait déjà trouvé dans Au tréfonds du ciel de Vernor Vinge, Oméga de Jack McDevitt, La Faune de l'espace de Van Voght etc.). Là, cerise sur le gâteau, on a un vaisseaux endommagé, un autre vaisseau dans les environs dont ignore si c'est l'assaillant, une colonie au sol dont on ne sait si elle est viable et si ce ne serait pas plutôt elle l'assaillant. On rajoute des artefacts aliens proscrits, des protocoles commerciaux tatillons, une IA dévastatrice et pas mal d'autre surprises. Et une astuce qui fait qu'on se retrouve avec trois narrateurs. Ca parait cossu mais on s'en sort. il n'y a que les passages purement informatiques qui sont un confus et ennuyeux, sinon, on peut dire que Martha Wells a mis les petits plats dans les grands.

[kiboko]

En visite aux Utopiales à Nantes ce week-end, le paradis pour les amateurs de SF. Jamais vu autant de livres de SF à l'étalage.
Du coup j'ai un peu craqué et j'ai acheté pas mal de trucs (dont je viendrai faire des retours de lecture):
- Phare 23 et Outresable de Hugh Howey: j'avais bien aimé la trilogie Silo de cet auteur, donc j'avais envie d'essayer ses autres bouquins.
- Retour sur Titan de Stephen Baxter
- After d'Auriane Velten
- Quitter les monts d'automne d'Emilie Querbalec
- Jack glass d'Adam Roberts
- Blackwater T2 de Michael McDowell (le T1 m'avait bien plu)

Bref de la lecture pour quelques semaines

J'en ai profité pour acheter les 2 tomes de Ténébreuse et l'intégrale de la Brigade Chimérique aussi. J'ai lu Ténébreuse et j'ai bien aimé (ça rappelle fortement La Quête de l'oiseau de temps pour ce qui est du style).

[zxcvbnm]

Quelqu'un l'a lu? C'est bien?

[L'Ombre Jaune]

Quelqu'un l'a lu? C'est bien?

Oui, quelqu'un l'a lu.
Je ne sais pas si c'est bien, je ne l'ai personnellement pas encore lu.
Mais comme je suis intéressé, je reformule : "pour ceux d'entre vous qui l'ont lu, est-ce que c'est bien ?"

[zxcvbnm]

Vu le nombre de réponse, je crois que je vais devoir m'y mettre et venir te raconter ensuite

[Sysy77]

Lu Stalker - Pique-nique au bord du chemin d'Arkadi et Boris Strougatski



Des Visiteurs sont venus sur Terre. Sortis d'on ne sait où, ils sont repartis sans crier gare. Dans la Zone qu'ils ont occupée sans jamais interagir avec les hommes, ils ont abandonné des objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes. Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent piller au péril de leur vie, comme une bande de fourmis coloniserait, sans rien y comprendre, les détritus abandonnés par des pique-niqueurs au bord d'un chemin.
Adapté au cinéma en 1979 par Andreï Tarkovski, Stalker ou Pique-nique au bord du chemin est le chef-d'œuvre des frères Strougatski. Un roman qui a eu un tel impact sur le XXe siècle, que c'est sous le surnom de stalkers qu'on connaît désormais les hommes et les femmes qui ont étouffé le cœur du réacteur en fusion de Tchernobyl, entre le 26 avril et le 16 mai 1986.
Les frères Strougatski, Arkadi (1925-1991) et Boris (1933-2012), sont les écrivains de S.-F. russes les plus connus au monde. L'intelligence et la sensibilité humaniste de leurs romans, devenus des classiques, leur ont valu une renommée universelle.

Un classique qui a imprégné l'imaginaire collectif et inspiré de nombreuses oeuvres, dont des films (en plus de l'adaptation par Tarkovski, "Annihilation" d'Alex Garland avec Nathalie Portman en 2018), des romans, des BD ("Spill zone" de Westerfeld et Puvilland par exemple), des jeux vidéos... Il est même tentant aujourd'hui d'y voir une prédiction de Tchernobyl, le terme Stalker étant passé dans le langage courant pour désigner les visiteurs non officiels de la zone interdite.

Les éléments fantastiques sont relativement peu présents, ce qui amplifie paradoxalement la menace sourde contenue dans l'atmosphère générale, les scènes d'actions rares et les quelques traces d'humour y sont acides et évidemment désabusées. Car le vrai propos de ce court roman est d'abord la description de la nature des hommes, confontés à un environnement incompréhensible, ramenés, avec toute notre espèce, à une insignifiance absolue.

Dans ce texte à la fois cruel et sensible, on observe sur quelques années les activités d'un stalker, risque-tout des débuts, cynique et farouchement indépendant bien décidé à ramener les plus beaux trésors de cette zone fatale malgré tous les obstacles situés à l'intérieur et à l'extérieur, et d'un profiteur de cette mâne, organisateur souterrain du trafic de trouvailles en voie d'industrialisation scientifique.
Tout au long du livre, chaque personnage se débat et essaie de tirer parti de cette nouvelle réalité au-delà de l'entendement, change ou non sous la pression de forces qui le dépassent, issues directement de la zone ou influencées par celle-ci, comme révélatrices de tous les instincts.

Si je laisse à d'autres critiques le soin d'analyser le contexte géopolitique de l'époque et les éléments culturels typiquement russes (j'ai rarement lu un bouquin où on picolait et fumait autant ), je rapprocherais pour ma part ce roman de L'Homme dans le labyrinthe de l'américain Robert Silverberg datant de la même époque, 1970, où des hommes doivent également pénétrer dans un labyrinthe extra-terrestre truffé de pièges (tiens, tiens ?), pour y retrouver un homme cette fois-ci.
A la fin, comme chez les Strougatski, c'est bien à l'homme, et seulement à l'homme que l'on est confronté. Car, si tout le reste est inintelligible et même si les deux textes en exposent des penchants opposés, c'est bien la seule chose dont on peut parler.
Et comme pour cet autre roman magnifique, je comprends et n'hésite pas à rependre le qualificatif de "Chef d'oeuvre".


A noter enfin la postface présente dans cette édition, écrite par Boris Strougastki qui détaille les difficultés hallucinantes rencontrées à l'époque par les deux frères dans l'édition du texte original face aux engrenages infernaux de la bureaucratie et de l'idéologie du pouvoir communiste.

[Sysy77]

Vous avez essayé du Serge Lehman avant qu'il ne soit auteur de BD ? Vous en pensez quoi ?
Je ne l'ai découvert qu'à l'occasion de sa transition BD, et Créty avait dit qu'il était emballé et honoré de travailler avec lui. J'aime l'essentiel de sa prod BD sauf, majoritairement, ses fins.

Je me souviens avoir beaucoup apprécié Le haut-lieu et autres espaces inhabitables mais c'est un souvenir assez lointain et j'aurais bien de la peine à développer aujourd'hui ce qui m'avait plus à la lecture.
Bon, désolé, ça va pas beaucoup t'aider.

Je viens de finir Le Haut lieu et autres espaces inhabitables de Serge Lehman, acheté aux Utopiales de Nantes cette année.



Un court recueil de quelques (6) nouvelles et novellas de très bonne tenue.

Pour chipoter, quelques thèmes principaux auraient mérité d'être parfois un peu "resserrés" et l'écriture rendue plus accessible. En outre, le texte le plus court est franchement faiblard.

Mais le plaisir est bien là partout ailleurs. La lecture est souvent vertigineuse, et celui qui s'accroche pour suivre l'auteur dans son érudition est récompensé par de vrais frissons de plaisir et de Sense of wonder. J'ai même pensé à deux reprises à Greg Egan (compliment absolu pour moi ).

Enfin, le Graal est atteint lorsqu'on découvre, au hasard des nouvelles, les réminiscences et fantômes d'autres oeuvres de l'auteur, que ce soient de ses romans (une des mécaniques du Haut Lieu est exploitée dans le tome 3 de F.A.U.S.T.) ou de ses BD (Superscience est une prémisse évidente de Metropolis). J'adore tomber sur ces pépites qui nous plongent dans l'univers des écrivains, d'autant plus que Serge Lehman raffole lui-même de ces fulgurances et influences croisées dans le vaste domaine artistique et imaginaire

Une lecture que je recommande donc vivement aux amateurs de textes de format court, et encore plus aux fans de l'auteur, qu'ils soient lecteurs de SF et/ou de BD.

[nexus4]

De Dan Simmons en SF j'ai lu le cycle d'Hypérion et Flashback, il a écrit d'autres choses de bien (par SF j'entends pas fantastique comme L'échiquier du mal) ? SI c'est nul c'est pas la peine de conseiller.

[Sysy77]

Personnellement, j'avais été tenté par Ilium, annoncé comme très riche et dense, multipliant de façon alléchante les trames, SF, anticipation et mythologie, mais j'ai attendu la version poche, et donc, dans la foulée, j'ai patienté pour savoir si Olympos était bien accueilli aussi...
Et là, le hic : les critiques sont très partagées pour ce dernier, certaines l'encensent mais d'autres l'assassinent (beaucoup trop long, trop d'incohérences, trop de facilités de scénario), voire dénoncent une thèse sioniste nauséabonde.
Donc j'ai laissé tomber, sans avoir envie d'y revenir depuis.

[Aldaran]

Personnellement, j'avais été tenté par Ilium, annoncé comme très riche et dense, multipliant de façon alléchante les trames, SF, anticipation et mythologie, mais j'ai attendu la version poche, et donc, dans la foulée, j'ai patienté pour savoir si Olympos était bien accueilli aussi...
Et là, le hic : les critiques sont très partagées pour ce dernier, certaines l'encensent mais d'autres l'assassinent (beaucoup trop long, trop d'incohérences, trop de facilités de scénario), voire dénoncent une thèse sioniste nauséabonde.
Donc j'ai laissé tomber, sans avoir envie d'y revenir depuis.

Même avis ici, Ilium m'avait plu mais pas sa suite.
C'est d'ailleurs vrai pour tout ce que j'ai lu de cet auteur (peu, finalement), y compris L'Échiquier du mal qui est de très loin celui que je préfère. Systématiquement, passé la moitié de l'œuvre, je m'emmerde.

[crepp]

encore 2 semaines à attendre :

[JayCee]

Je passe juste pour dire : merci !

Je lis de temps à autre ce topic qui me permet d'alimenter ma liste de lecture. Et je ne suis jamais déçu. Toutes les lectures conseillées ici m'ont été agréables. C'est une mine d'or

Par contre, ma pile de bouquins en attente ne fait qu'augmenter...

[magic_fred]

Je viens de lire Légende de Gemmel




Ça se lit (vraiment) comme on regarde un film d'action des années 80. C'est donc un "fort Alamo" façon fantasy. Pas beaucoup de surprise, mais les scènes d'action sont efficaces, quelques rebondissements et des dialogues percutants tout de même pour pimenter le tout. Un premier livre publié et ça se sent
Pas le meilleur bouquin que j'ai lu mais on se laisse entrainer

Je vais tenter le cycle de Rigante du même auteur. A priori le niveau monte d'un cran .

Légende fait partie du cycle Drenaï (11 tomes si mes souvenirs sont bons). J'avais adoré à l'époque mais j'adore le style Gemmell.

Tu devrais prendre beaucoup de plaisir à lire Rigante (les deux premiers sont les meilleurs à mes yeux) et je te conseille la trilogie Troie également.

[Sysy77]

Je viens de finir L'instinct de l'équarisseur de Thomas Day et j'ai bien aimé.



Sherlock Holmes existe bel et bien ! Simplement il se trouve avec le professeur Watson sur une Terre paral­lèle ayant jadis reçu la visite des Worsh, des extrater­restres désormais parfaitement intégrés à la commu­nauté humaine, qui bénéficie de leur technologie avancée ; et notre Conan Doyle, capable de se rendre sur cette autre Terre grâce à une invention de Watson, se contente dans notre monde de raconter les vraies aventures du célèbre détective — très édulcorées, cela va sans dire. Car Holmes, l'« Assassin de la Reine », n'a pas grand-chose à envier aux monstres qu'il pour­chasse...
Le fabuleux trio, au fil de ses aventures, va devoir affronter pas moins de deux Jack l'Éventreur, et com­battre l'infâme professeur Moriarty, ennemi juré de Sherlock Holmes, qui va tout faire pour découvrir la clé de l'immortalité — un secret qui se dissimulerait dans un bien mystérieux Instinct de l'équarrisseur...

Avec un pitch pareil, allergiques au steampunk et aux univers décalés s'abstenir !
C'est très pulp et bourré d'humour noir à tendance gore. Le style est fluide et à l'avenant, tantôt rapide dans des scènes d'action nerveuses tantôt fouillé dans les descriptions scabreuses. Les dialogues font mouche et on n'est jamais perdu dans les situations et les intentions de chacun. L'auteur est bien connu pour ses nombreuses nouvelles et ses critiques dans Bifrost, 2 traits de caractère qui se retrouvent dans la forme du roman, organisé en trois grosses parties relativement distinctes bien que cohérentes, et dans le contexte de l'histoire, très documenté et reférencé (les titres de chapitres ). Outre le célèbre détective et son acolyte, on y trouve en effet l'auteur originel parmi les personnages principaux ainsi que de nombreuses célébrités de la fin XIXème - début XXème et on sent bien que l'auteur a potassé les biographies réelles et imaginaires de tout ce petit monde pour en livrer sa propre version déformée et jubilatoire.
A titre personnel, au (petit) rayon négatif, j'ai seulement trouvé la fin un poil moins ambitieuse que le reste de l'intrigue toute en extravagance, mais il faut plutôt voir cela comme un compliment, happé que j'étais par les péripéties haletantes et les outrances des personnages.
En résumé, une très digne série B qui offre un excellent divertisement intelligent.
Et c'est déjà très bien !

[Sysy77]

J'écris ce post ici mais il aurait pu avoir sa place aussi bien dans les topics "Now reading" que "Films vus en DVD ou à la télévision".
Car je viens de terminer La science fait son cinéma de Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer, et j'ai adoré !



Quand la science fait son cinéma...
Si le cinéma et la science-fiction, c'est une longue histoire d'amour qui remonte à 1902 et au fameux Voyage dans la lune de Georges Méliès, Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer s'attachent, au fil des quatorze chapitres de La Science fait son cinéma, à décortiquer quelques jalons du genre plus récents.
Défier les lois de la physique avec Ant-Man et celles de l'anatomie avec Godzilla. S'aventurer aux abords d'un trou noir... et y plonger, avec Interstellar. Communiquer avec les aliens comme dans Premier Contact.
Se retrouver seul sur Mars et tenter d'y survivre. Étudier Prometheus et s'interroger sur l'origine et l'évolution des espèces extraterrestres...
Ici, le but n'est pas de démolir le septième art dans son rapport à la science - hélas souvent approximatif -, mais plutôt d'enrichir le regard du lecteur en traitant du contenu scientifique d'une quinzaine de films. Plus que le résultat, c'est la démarche qui importe : mobiliser ses connaissances, s'informer, faire preuve d'esprit critique, développer sa capacité d'analyse, goûter au plaisir de la découverte. Et, surtout, faire de la science en s'amusant !

On dit que lire de la SF demande la suspension de son incrédulité. Les 2 auteurs, en scientifiques rigoureux et grands vulgarisateurs sont aussi amoureux du genre (voir leurs nombreux livres, conférences et articles, notamment dans Bifrost ou la revue "Pour la science" dont une partie du bouquin est issu, RL étant aussi président du festival de SF des Utopiales de Nantes). C'est pourquoi le regard méthodique qu'ils portent sur les données et le contexte des innombrables films cités respecte leurs parts de "sense of wonder" tout en ajoutant une couche supplémentaire de merveilleux scientique bien concrète.
Leur approche documentée, bienveillante, humoristique et humble, redonne ses lettres de noblesse aux sciences et à la démarche scientifique qui font alors part égale avec les éléments fictionnels pour procurer un vrai plaisir de lecture. Astucieusement, cela leur permet également de passer un message intelligent et responsable, en particulier sur le thème écologique et la dénonciation de l'obscurantisme.

Le livre se lit vite mais on peut feuilletonner par chapitre car ils se lisent indépendamment, par exemple si on craint l'indigestion de données et de raisonnements. A mon avis, un niveau lycée est nécesaire pour appréhender les notions les plus complexes, mais la lecture ne devrait pas être gênée sans cela.
Je recommande chaudement !


Enfin, on peut prolonger le plaisir par de très nombreux livres ou conférences des auteurs sur le même principe, comme ci-dessous, par exemple, à propos de Dune et Starwars.

[Sysy77]

Du 1er au 15 février, le festival de SF Les Mycéliades organise des évènements dans 50 villes partout en France.
C'est ici pour savoir si des conférences, expo, projections de films ont lieu près de chez vous : https://myceliades.com/
.

Coïncidence amusante au passage, cela fait 3 fois en quelques jours que j'entends parler du cosmisme russe, courant de pensée qui a irrigué de nombreuses oeuvres de SF, mythes, visions politiques, et projets spatiaux, et survit encore de nos jours : 1) sur la page d'Argenteuil du festival pré-cité 2) dans un article russe sur lemonde.fr paru aujourd'hui https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/02/13/courant-de-pensee-ambitionnant-de-rendre-les-humains-immortels-le-cosmisme-russe-est-aujourd-hui-reinvesti-par-poutine_6113463_6038514.html (article abonné) et 3) dans une conférence de Roland Lehoucq sur les habitats spatiaux données aux utopiales 2022 que j'ai regardée hier, hasard total https://www.youtube.com/watch?v=c4QIAXI-Hak.

Alors que des questions se posent sur l'avenir de l'aventure spatiale et sur l'exploitation de plus en plus commerciale et touristique du ciel lointain au seul profit des rêves de grandeur d'une poignée de milliardaires, ce genre de prise de recul me semble salutaire et éclairante.

[crepp]

C'est donc le grand retour de Jean Philippe Jaworski dans son vieux royaume. J'ai relu avant de m'attaquer à cette nouveauté la nouvelle "le service des dames" (dans le recueil Janua Vera), car on y trouve certains protagonistes dans ce tome 1 du "Chevalier aux épines", et bien entendu le chevalier en question, le fameux Aedan de Vaumacel.
Ce seigneur de Vaumacel aurait du venir au procès de la duchesse Audéarde de Bromael, que l'on accuse d'Adultère. Le problème est qu'il ne s'est pas présenté lors de l'audience, se mettant ainsi un nombre important d'ennemis à dos. Suite à cette affaire le duché se trouve fort divisé, et c'est là qu'Aedan réapparait pour réparer son honneur.
J'avoue que je faisais parti des gens souhaitant voir avancer Monsieur Jaworski dans ses aventures celtiques, mais j'avoue aussi, qu'à la fin de ma lecture de ce "Tournoi des preux", je me suis dis, qu'importe le lieu, le temps, l'époque , l'ivresse de la lecture est là !
Comme dans la nouvelle, on se retrouve donc dans un univers décrivant une certaine forme de chevalerie (je n'ai pas lu une partie du livre en foret de Brocéliande pour rien), celle où la courtoisie est mise à l'honneur, elle n'empêche en aucun cas une certaine "perversion" dans les intrigues politiques ou "religieuses". Dans tous les cas le style d'écriture est là, à la fois riche et léger, capable de décrire une foret comme personne, d'amener des formes de magie que l'on peut toucher des doigts. Bref capable de m'emmener dans l'univers, et ce n'est pas donné à tout le monde.
En dehors d'une richesse de personnages , c'est surtout la finesse qui marque mon esprit, l'auteur évite par exemple la facilité du chevalier trop pur, il montre que l'intransigeance de certains amène la désunion. Il y a aussi la description magique qui m'enivre, comme elle peut me faire frémir. Et je dois ajouter une chose que je trouve jubilatoire chez Monsieur Jaworski, c'est cette manière de raconter les différents passages, je suis toujours surpris de qui raconte la chose, ou même de quand il remonte l'information, l'espace et le temps joue là aussi un rôle important.
Alors que dire de plus, seulement vivement le mois de mai pour la suite d'une œuvre de Fantasy qui commence admirablement.

Quelques pages ont été lues dans le Val sans retour, sur les hauteurs et proche du miroir aux fées.

[Sysy77]

Lu Braises de guerre de Gareth L. Powell et je déconseille



Après la guerre, la bataille pour la paix commence…
Le Chien à Problèmes est un croiseur lourd, construit pour semer la violence. Doué de conscience, c’est aussi une adolescente dégoûtée par le rôle qu’elle a joué dans le génocide d’une planète entière.
Le Chien, reconverti dans le sauvetage des naufragés spatiaux, et sa capitaine, Sal Konstanz, reçoivent l’ordre de venir en aide aux éventuels survivants d’un paquebot en perdition au cœur d’un système contesté. De l’épave émerge une poétesse dissimulée sous une fausse identité pour échapper à l’horreur de la guerre, Ona Sudak. À quelques années-lumière de là, Ashton Childe, un agent des services secrets mis au placard, fait équipe avec un membre d’une faction adverse pour partir à la recherche de la rescapée.
Tous risquent de se retrouver, bien malgré eux, au cœur d’un conflit qui menace d’embraser à nouveau toute la galaxie.
Space opera débridé, Braises de guerre offre une galerie de personnages hauts en couleur, dans la plus pure tradition du genre.
« Un space opéra solide et exaltant, plein d’imagination et de vie. »
- Adrian Tchaikovsky, auteur de Dans la toile du temps.
Gareth L. Powell est né à Bristol, en Angleterre. Il est l’auteur d’une quarantaine de nouvelles. Il a reçu le prix de la British Science Fiction Association pour Ack Ack Macaque. Braises de guerre est son sixième roman.

L'intrigue recèle quelques bonnes idées mais reste très sommaire, le background aurait pu non : dû ! être bien plus développé (et pas réduit à de simples répétitions des traumas des différents personnages) et l'ensemble est truffé d'incohérences, de clichés, de longueurs et de facilités.
Ce sera une trilogie et le deuxième tome est déjà sorti : pour ma part, je vais m'abstenir.


P.S. (Rappel aux auteurs) :
Il ne suffit pas de donner des noms rigolos à des vaisseaux spatiaux pour faire du Iain M. Banks.

[nexus4]

Journal d'un Assasynth T.6 : Télémétrie Fugitive
Un opus mineur, à coté du précédent qui avait une toute autre ambition. Là on se contente d'une enquête policière à la sauce Assasynth dans une station orbitale. C'est sympathique, toujours agréable, souvent drôle par le regard que l'androïde pose sur l'espèce humaine, ses limites et ses incohérences. Un plaisir de retrouver un héros de série, mais ca ne va pas plus loin.

Les Voyageur T2 -: Libration
Dans le premier livre on suivait l'équipage d'un tunnelier qui perçait des trous dans l'espace temps. Au fil des pérégrinations, Becky Chambers présentait son univers, avec ses codes, ses races, leurs sociétés, leurs croyances. Comme je l'avais dit il y a avait un petit coté Star Trek à égrener les particularités de différentes civilisations (en bien plus moderne). Pour le T.2, l'univers étant posé, on part dans une toute autre direction. On suit les chemins croisés de deux personnages secondaires du T1. D'une part l'IA du vaisseau qui va, de façon illégale, quitter le bâtiment pour intégrer un corps synthétique et vivre sa vie (et la découvrir). De l'autre, une tech croisée au tome précédent qui va l'accompagner tout au long de son émancipation et, dans des chapitres croisés, dont on va suivre la jeunesse sur le mode Robinson Crusoé/Seul au monde revisité science-fiction, avec pour seule éducatrice une IA. C'est très bien fait, un peu lent mais on ne s'ennuie jamais, avec un final un peu plus trépidant. La partie Robinson est sympa mais n'apporte pas grand chose comme réflexions si ce n'est la perception que l'on a du monde où un vaisseau abandonné dans une décharge sert de caverne de Platon. La partie la plus intéressante est celle de l'IA qui, à l'opposé, découvre le monde, son corps et ses limites, en immersion totale, sensitive et intensive dans la cohue d'une ville portuaire. Le résumé parle de sororité, et pour cause, le seul male de l'affaire est un bègue qui intervient très peu. Un bon gros pavé, de la bonne grosse SF.

Nous
Sur la chaine YT crypto-bolchévique BLAST, la série de vidéos Planète B tente de revisiter la littérature de SF sous l'angle politique. Dans la dernière mise en ligne, l'intervenant présente côte à côte 1984 - Le Meilleur de monde - Kallocaïne - Nous. Connaissant les deux premiers j'ai jeté mon dévolu sur Nous. Ecrit en 1920 par un russe, on le décrit comme le prélude à 1984 et... c'est vrai. C'est même très intrigant de voir, au delà des nombreuses similitudes, comment on a pu écrire si tôt, après seulement 3 ans de révolution (et certes 30 ans de concepts intellectuels et politiques), comment on a pu décrire le monde qui s'annonçait. C'est de l'anticipation, une société mathématique dans un futur lointain où chaque individu est l'unité d'une machine unique, œuvrant au destin commun. Tout 1984 y est en germe (ou encore Les Monades Urbaines de Silverberg), les jeux sémantiques (pas au point des oxymores, mais quand même), la destruction de la vérité, comme le contrôle permanent des individus, les délations et le peu de place laissée à la vie privé (la télé n'existant pas encore il n'y a pas de "télécran" mais de grande membranes pour écouter les passants). On y voit bien également à quel point l'optimisation du productivisme est un objectif commun aux deux idéologies pourtant concurrentes que sont le communisme et le capitalisme. Que le Happiness Manager d'aujourd'hui n'est pas si éloigné de l'optimisme exalté du travailleur soviétique.
Le style est un peu étrange, a la fois avant-gardiste et surranné. Mais, à y bien penser, ca pourrait être du Damasio.
1920 quand même... Bordel, quel visionnaire.

[Sysy77]

Merci pour tes retours !

Les Voyageur T2 -: Libration

Tu le vends bien.
Je suis donc allé relire ton avis sur le tome 1 : emballé, c'est pesé !