Le constat est frappant : les librairies françaises ne disparaissent pas assez vite, surtout si on compare aux pays européens dans lesquels le prix unique des livres n'existe pas. Pour aider au nettoyage de ces parasites du papier, c'est un e-book lancé par une sympathique petite start-up bien connue pour son éthique financière et managériale qui est en lice pour le Renaudot cette année. Fort heureusement d'ailleurs quand on songe que ces Don Quichotte de l'économie se versent souvent des salaires misérables... voire parfois rien du tout (ce n'est pas une blague) car ils font leur métier par passion.
la lettre ouverte d'une libraire indépendante : https://www.facebook.com/Lamousme/posts/2318514241496698?__xts__%5B0%5D=68.ARCQxFehps8FMZpwy-ubJ6HBYtwXRMPsll3q6XVYPtCILvXzfCvxlti_b9F0yk9ymwapKppZtM6PRdKbkGwnEZyawGCnJw8eUzen3KhfLMvGaB89XlNSTeC3Wly1tbfCEqY5psuOM4CfY-eBj5BvbXi8olFoR_mDB64FmDBBdAlkkrMhj1knQg&__tn__=K-R
Post Scriptum personnel : la lecture de cette lettre m'a fait me souvenir d'une petite librairie briviste où d'immenses étagères boisées abritaient des centaines de BD. A ma hauteur d'enfant des vieux comics Marvel et des BD européennes (le Concombre Masqué, les Toyotes et d''autres perles rares...) à l'abri dans leurs caisses en bois, en sommeil comme un trésor, un piège et un territoire mystérieux. Assis au pied d'un escalier, le couple de libraires âgés, toujours souriants envers les enfants, offrait des conseils à voix basse et une présence rassurante. On a du mal à retrouver çà sur Amazon, même chez les esclaves du téléconseil.
J'ai 34 ans et une toute petite fille et je me demande si elle aura la chance merveilleuse de construire son imaginaire dans un bel endroit, coupé du temps, clos mais ouvert sur les îles infinies d’auteurs grands et petits. Surtout j’aimerais la voir assise avec un livre ou une BD, à l’abri pour une heure d’une société où l’Internet a ôté toute innocence à l’enfance et où l’argent est l’alpha et l’oméga de dirigeants ennemis jurés des profs, des infirmières, de tout ce qui est culture, solidarité et humanité.
Je n’ai ni colère ni mépris pour cette grande partie de la jeunesse qui ne lit pas, n’aime pas l’histoire ni la littérature et passe son temps à liker le dernier clash. Je ne ressens que de la tristesse parce qu’à 18 ans, quand on ne sait pas qui sont Picasso ou Staline ni écrire 10 mots sans faire 3 erreurs, c’est le signe d’une dangereuse pauvreté : un lecteur assidu vote rarement Trump. Je ne suis pas anti-jeune, juste vigilant face aux petites flammes artificielles de Snap qui étouffent celle de Prométhée.
Je ne suis pas un taliban du papier : je me suis vautré dans les tournois de Street Fighter, les réseaux sociaux et les MMORPG etc. Mais rien n’est aussi enrichissant que ce temps très lent que l’on capture dans une belle page. Le temps d’une page vaut plus que de l’argent parce qu’il fait de l’exclus un héros et de l’infirme un oiseau. Il ne différencie pas le garçon de café de son client doté d’une Rolex. Il fait résonner la beauté d’un Rembrant ou d’un Rimbaud et la laideur de notre indifférence face à la misère immigrée ou non, dans nos rues. Les bons livres nous coupent du monde, les chef-d’œuvres nous y relient.
Je sais que les libraires ne disparaitront pas en un an ni en dix mais les parts de marché ne cessent de baisser. C’est pour cela que je suis inquiet.
Parce que la culture ça coûte un cœur de dingue, chers dirigeants, et vous n’en avez pas.
PPS: et tant qu'à faire boycottez Amazon !
![[:flocon:2]](./images/smilies/flocon2.gif "Bravo")
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