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La traduction des comics

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La traduction des comics

Messagede Inigo Montoya » 04/09/2014 16:25

Comme la question de la traduction des comics revient assez souvent ces temps-ci, notamment à propos des intégrales Spider-Man, j'ai cherché à en savoir plus à ce sujet... mais mes recherches n'ont pas vraiment été couronnées de succès. Alors si une brave âme a les réponses à ces quelques questions...

Entre l'achat des droits et la traduction en elle-même, au final ça coûte combien de traduire un comics ? Le prix est-il le même pour une série Marvel ou DC que pour une série indépendante de type Chew, Revival ou The Sixth Gun ?

(Et est-ce que les sommes sont les mêmes dans l'autre sens, dans le rare cas d'une bd française traduite par les américains ?)

Concrètement, ça marche comment une fois le texte traduit ? Il y a un logiciel pour retoucher les bulles ? Ou bien l'éditeur original fournit aussi les pages sans textes ? Ou c'est encore autre chose ?

D'avance, merci.
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Re: La traduction des comics

Messagede Nikolavitch » 04/09/2014 21:07

une série Marvel ou DC, elle est achetée dans le cadre d'un package. Un éditeur français achète les droits de tout Marvel ou de tout DC pour une durée de plusieurs années reconductible (je crois que c'est 5 ans, en général, mais à vérifier). ce pack coûte en général assez cher. pour de plus petites séries, c'est au coup par coup, parfois album par album. Et c'est clair que Chew coûte moins cher que Walkind Dead, par exemple.

Mais tu ne trouveras pas les chiffres, les éditeurs tiennent rarement à communiquer dessus.

Dans l'autre sens, c'est généralement du coup par coup aussi, et à ma connaissance, le prix où un éditeur américain achète une série française est à peu près du même ordre de grandeur que celui auquel l'éditeur français paye une "petite" série américaine.

le prix de la traduction, c'est quelques euros par page, en général. un traducteur qui parvient à faire un épisode de comics (20 à 22 pages, en général) dans la journée gagne à peu près correctement sa vie. mais ce n'est pas un poste qui revient très cher, en soi, dans l'économie d'un bouquin de ce genre.

une fois le texte traduit (sous forme d'un fichier texte où le contenu de chaque bulle est numéroté), il est transmis à un lettreur, qui va le coller dans les bulles du fichier image américain.

après, deux cas de figure :
- le lettrage original était manuel (ou numérique, mais "écrasé dans le fichier") et il faut effacer le contenu des bulles avant de relettre.
- le lettrage original est conservé sur une couche à part au format texte (qu'on peut travailler suivant les cas dans illustrator, indesign, xpress ou photoshop) et c'est plus simple pour le lettreur.
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Re: La traduction des comics

Messagede Tireg » 05/09/2014 11:00

Ca faisait longtemps que je me posais ce genre de questions, merci Inigo Montoya de les avoir synthétisées ! ;)
Et merci Nikolavitch pour ces réponses.

Concernant le lettrage, une autre question : comment cela se passe-t-il pour relettrer/réécrire un texte "incorporé" à la case ? Par exemple, un tag sur un mur, ou un texte écrit à la main sur le papier que le personnage est en train de lire ?
Comment fait-on pour récupérer la même écriture ? Ca doit prendre un temps fou, non ?
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Re: La traduction des comics

Messagede Nikolavitch » 05/09/2014 11:55

tout dépend. si c'est intégré sous illustrator ou d'une façon similaire, sur une couche séparée, c'est pas hyper compliqué.

quand c'est dessiné sur la planche, c'est plus hard, et parfois on recours à une note en bas de page.

mais la typo, très souvent, ce n'est pas exactement la même. et en règle générale, ça ne se voit pas. (bon, et parfois, ça se voit et c'est une catastrophe, voir par exemple l'édition Panini d'Arkham Asylum, dans laquelle la typo du Joker était affreuse)
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Re: La traduction des comics

Messagede Papy Boingtone » 05/09/2014 12:03

En parlant de ça, les traductions de Panini ne sont pas vraiment terrible des fois, surtout sur les intégrales (pour ma part celles des X-Men)... J'avais remarqué une certaine Geneviève Coulomb à un moment, qui faisait un beau carnage... Et la dernière traduction de l'intégrale X-Men 1990 n'est pas top non plus. Certaines phrases ne sont pas toujours cohérentes... C'est vraiment pénible, ça pourri une lecture [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest]
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Re: La traduction des comics

Messagede Tireg » 05/09/2014 12:15

Nikolavitch a écrit:voir par exemple l'édition Panini d'Arkham Asylum, dans laquelle la typo du Joker était affreuse)

Ah tiens ? Je croyais que c'était fait exprès ? :D :?
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Re: La traduction des comics

Messagede Nikolavitch » 05/09/2014 12:18

Tireg a écrit:
Nikolavitch a écrit:voir par exemple l'édition Panini d'Arkham Asylum, dans laquelle la typo du Joker était affreuse)

Ah tiens ? Je croyais que c'était fait exprès ? :D :?


que la typo soit fofolle, c'était fait exprès, mais là, c'était clairement pas la bonne, ça devenait illisible.
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Re: La traduction des comics

Messagede Oncle Hermes » 05/09/2014 12:50

Papy Boingtone a écrit:En parlant de ça, les traductions de Panini ne sont pas vraiment terrible des fois, surtout sur les intégrales (pour ma part celles des X-Men)... J'avais remarqué une certaine Geneviève Coulomb à un moment, qui faisait un beau carnage... Et la dernière traduction de l'intégrale X-Men 1990 n'est pas top non plus. Certaines phrases ne sont pas toujours cohérentes... C'est vraiment pénible, ça pourri une lecture [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest]

Tu n'es pas le seul à l'avoir remarqué, cette dame est un mythe vivant. Mais on en a déjà reparlé récemment dans plusieurs autres topics, on va peut-être arrêter de tirer sur l'ambulance.

Je m'associe aux remerciements de Tireg à Inigo Montoya et Nikolavitch pour la pertinence des questions et des réponses. :ok:
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Re: La traduction des comics

Messagede kilfou » 05/09/2014 12:58

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Re: La traduction des comics

Messagede Papy Boingtone » 05/09/2014 16:02

Oncle Hermes a écrit:
Papy Boingtone a écrit:En parlant de ça, les traductions de Panini ne sont pas vraiment terrible des fois, surtout sur les intégrales (pour ma part celles des X-Men)... J'avais remarqué une certaine Geneviève Coulomb à un moment, qui faisait un beau carnage... Et la dernière traduction de l'intégrale X-Men 1990 n'est pas top non plus. Certaines phrases ne sont pas toujours cohérentes... C'est vraiment pénible, ça pourri une lecture [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest]

Tu n'es pas le seul à l'avoir remarqué, cette dame est un mythe vivant. Mais on en a déjà reparlé récemment dans plusieurs autres topics, on va peut-être arrêter de tirer sur l'ambulance.



OK J'ai loupé ce topic... Désolé !
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Re: La traduction des comics

Messagede pirotin » 05/09/2014 16:24

Nikolavitch a écrit:une série Marvel ou DC, elle est achetée dans le cadre d'un package. Un éditeur français achète les droits de tout Marvel ou de tout DC pour une durée de plusieurs années reconductible (je crois que c'est 5 ans, en général, mais à vérifier). ce pack coûte en général assez cher. pour de plus petites séries, c'est au coup par coup, parfois album par album. Et c'est clair que Chew coûte moins cher que Walkind Dead, par exemple.

Mais tu ne trouveras pas les chiffres, les éditeurs tiennent rarement à communiquer dessus.

Dans l'autre sens, c'est généralement du coup par coup aussi, et à ma connaissance, le prix où un éditeur américain achète une série française est à peu près du même ordre de grandeur que celui auquel l'éditeur français paye une "petite" série américaine.

le prix de la traduction, c'est quelques euros par page, en général. un traducteur qui parvient à faire un épisode de comics (20 à 22 pages, en général) dans la journée gagne à peu près correctement sa vie. mais ce n'est pas un poste qui revient très cher, en soi, dans l'économie d'un bouquin de ce genre.

une fois le texte traduit (sous forme d'un fichier texte où le contenu de chaque bulle est numéroté), il est transmis à un lettreur, qui va le coller dans les bulles du fichier image américain.

après, deux cas de figure :
- le lettrage original était manuel (ou numérique, mais "écrasé dans le fichier") et il faut effacer le contenu des bulles avant de relettre.
- le lettrage original est conservé sur une couche à part au format texte (qu'on peut travailler suivant les cas dans illustrator, indesign, xpress ou photoshop) et c'est plus simple pour le lettreur.


Je rebondis sur le thread concernant Mickey chez Glénat.
Tu évoquais le parlé "argot" des premiers Mickey.
Est ce que tu sais à l'avance sur quel registre de langage tu vas tomber ? Dans ce cas précis, tu étais au courant de l'argot employé par Mickey dans les premiers bouquins avant d'accepter?

Tu pratiques des tarifs plus élevés dans ces cas-là ? :D (c'est du boulot supplémentaire, non ?)

Merci ;)
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Re: La traduction des comics

Messagede Nikolavitch » 05/09/2014 16:42

pirotin a écrit:Je rebondis sur le thread concernant Mickey chez Glénat.
Tu évoquais le parlé "argot" des premiers Mickey.
Est ce que tu sais à l'avance sur quel registre de langage tu vas tomber ? Dans ce cas précis, tu étais au courant de l'argot employé par Mickey dans les premiers bouquins avant d'accepter?

Tu pratiques des tarifs plus élevés dans ces cas-là ? :D (c'est du boulot supplémentaire, non ?)

Merci ;)


Le problème c'est que sur Mickey, on m'a demandé de l'adoucir pas mal, l'argot. et comme c'est de l'humour, il faut adapter beaucoup plus (les gags, les calembours, etc). J'ai négocié un tarif spécifique sur Mickey, mais pas tant sur les problèmes de texte en soi que sur les problèmes de volume : avec 30 à 40 bulles par pages, ça ne pouvait pas être le même tarif qu'un Witchblade.
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Re: La traduction des comics

Messagede Edhral » 05/09/2014 17:13

[:fantaroux:2]

Nikolavitch a écrit:(...) le prix de la traduction, c'est quelques euros par page, en général. un traducteur qui parvient à faire un épisode de comics (20 à 22 pages, en général) dans la journée gagne à peu près correctement sa vie. (...)

Moi aussi, je suis une vilaine curieuse. C'est en traduisant 200/250 fascicules US par an alors qu'un traducteur peut gagner sa vie ? Ou un peu moins ? Je me pose la question pour avoir idée du temps qu'il vous reste pour vos projets plus personnels (scénarios, essais, articles dans la presse) : sont-ce week-ends et soirées qui en sont l'objet ou pouvez-vous vous réserver du temps "normal" pour y travailler ?

Merci d'avance !
(et si Jean-Marc Lainé passe ici sa réponse m'intéresse aussi ;) )
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Re: La traduction des comics

Messagede pirotin » 05/09/2014 17:19

Edhral a écrit:Moi aussi, je suis un(e) vilain(e) curieuse(x)


Tu dis ça pour moi ? :cry2: :D
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Re: La traduction des comics

Messagede Nikolavitch » 05/09/2014 17:22

ouais, 300 comics par ans, tu gagnes correctement ta vie. en gardant un peu de temps pour le reste (cette année, je sors un album franco-belge et un essai de 170 pages). Mais parfois, faut jongler, faut choisir, et surtout faut faire comprendre à l'entourage que ce n'est pas parce qu'on est à la maison qu'on est disponible pour tout.
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Re: La traduction des comics

Messagede pirotin » 05/09/2014 17:32

Nikolavitch a écrit:Le problème c'est que sur Mickey, on m'a demandé de l'adoucir pas mal, l'argot.


Rassure moi, c'était déjà bien une publication pour enfants à cette époque là ? :?:

Désolé de bloquer sur ce sujet mais en te lisant cela m'a beaucoup surpris et j'ai trouvé cela très intéressant.
Sais-tu s'il existe un bouquin sur le personnage de Mickey ? (évolution du personnage, etc...)

Et 300 comics par an, c'est du boulot ! [:lega]
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Re: La traduction des comics

Messagede Nikolavitch » 05/09/2014 17:45

pirotin a écrit:
Nikolavitch a écrit:Le problème c'est que sur Mickey, on m'a demandé de l'adoucir pas mal, l'argot.


Rassure moi, c'était déjà bien une publication pour enfants à cette époque là ? :?:

Désolé de bloquer sur ce sujet mais en te lisant cela m'a beaucoup surpris et j'ai trouvé cela très intéressant.
Sais-tu s'il existe un bouquin sur le personnage de Mickey ? (évolution du personnage, etc...)

Et 300 comics par an, c'est du boulot ! [:lega]


Des bouquins sur Mickey et son évolution ? Oui, il doit y en avoir. (réponse garantie 100% non constructive, hélas).

C'était un strip dans le journal, à l'époque où ça a commencé (toute fin des années 20), donc lu par tout le monde, au même titre que les autres succès de l'époque comme Popeye ou les Katzenjämmer Kids(Pim Pam Poum). Qui posent exactement le même problème que Mickey. Ce n'est pas un argot "dur" en soi, mais une oralité des dialogues, des accents, des trucs pas faciles à restituer (dans Pim Pam Poum, en VO, ils ont tous l'accent d'immigrés allemand, et une partie de l'humour du truc est basé là-dessus, et selon le témoignage d'un pote traducteur qui a bossé dessus, c'est un cauchemar) (et Popeye, c'est pas mieux : les mots qu'il ne bouffe pas, il les invente). Le strip humoristique, c'est vraiment particulier.
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Re: La traduction des comics

Messagede Edhral » 05/09/2014 18:11

Nikolavitch a écrit:ouais, 300 comics par ans, tu gagnes correctement ta vie. en gardant un peu de temps pour le reste (cette année, je sors un album franco-belge et un essai de 170 pages). Mais parfois, faut jongler, faut choisir, et surtout faut faire comprendre à l'entourage que ce n'est pas parce qu'on est à la maison qu'on est disponible pour tout.

Grand merci pour la réponse. 300 comics par an, hé bé, ça ne fait des bulles...
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Re: La traduction des comics

Messagede Jimbolaine » 05/09/2014 18:38

Oncle Hermes a écrit:
Papy Boingtone a écrit:En parlant de ça, les traductions de Panini ne sont pas vraiment terrible des fois, surtout sur les intégrales (pour ma part celles des X-Men)... J'avais remarqué une certaine Geneviève Coulomb à un moment, qui faisait un beau carnage... Et la dernière traduction de l'intégrale X-Men 1990 n'est pas top non plus. Certaines phrases ne sont pas toujours cohérentes... C'est vraiment pénible, ça pourri une lecture [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest] [:bdgest]

Tu n'es pas le seul à l'avoir remarqué, cette dame est un mythe vivant. Mais on en a déjà reparlé récemment dans plusieurs autres topics, on va peut-être arrêter de tirer sur l'ambulance.


Alors je pense même qu'on va aller plus loin qu'arrêter de tirer sur l'ambulance.
En tout cas, JE vais aller plus loin.
Geneviève Coulomb traduit à l'ancienne, parce qu'elle a commencé à bosser comme ça (comme d'autres, genre Nicole Duclos, Françoise Effosse-Roche ou Sophie Viévard, qui sont dans le milieu depuis un bon bout de temps). Ça veut dire quoi, "traduire à l'ancienne" ? Ça veut dire travailler avec un calibrage (une longueur de texte) plus court, et des marquages de langage moins appuyé (grossièretés lissées, références francisées…). Pourquoi ? Parce que ce sont des gens qui ont travaillé à une époque à l'outil informatique n'existait pas ou n'était pas généralisé, je parle des années 1980, que le lettrage s'opérait manuellement et s'exerçait sur films, et qu'il était problématique d'agrandir les bulles. Si bien que les lettres tracées à la main étaient plus grosses dans des surfaces qu'on n'agrandissait pas, il fallait donc faire plus court. Rajouter à cela la pression de la censure (exercée ou pas, elle avait son influence sur le boulot des gens), et vous avez des traductions qui essaient de dire en moins de mots et en termes moins fleuris ce qui était signifié en anglais.
Quand vous passez dix ou vingt ans (ou plus) selon cette méthodologie, c'est pas toujours facile à changer. Quand j'étais chez Semic, j'ai eu l'occasion de bosser avec deux des personnes nommées plus haut, à une époque où l'on passait progressivement du film au tout informatique, et où les lettreurs avaient déjà intégré X-Press à leur outillage : hé bien il n'était pas facile pour les traducteurs et traductrices d'intégrer le fait qu'ils pouvaient se montrer un poil plus bavard afin de mieux retranscrire le sens d'origine. Les habitudes sont dures à prendre et plus dures à changer. L'outil change, il faut changer avec, c'est pas facile.
Voilà pour la première critique que j'entends souvent (et qui est légitime) consistant à dire que le texte français est plus court / plus elliptique / plus pauvre que le texte anglais.

Maintenant, pour les argots, les marquages de langue, le travail de Geneviève en particulier et la collection des Intégrales. Déjà, qu'il soit clair que je n'ai jamais rencontré Geneviève et que je n'ai jamais eu l'occasion de bosser avec elle. Sauf que j'ai lu son boulot pendant des années (grosso modo, les X-Men dans Spécial Strange, d'après plusieurs sources, c'est elle), et que j'y trouve plein de qualités. Je n'ai personnellement JAMAIS eu l'occasion de souffrir à la lecture d'une de ses traductions. Mais je lis depuis des années beaucoup plus de VO que de VF, et je suis passé peut-être à côté de trucs criticables. Je veux bien accorder cela.
Les dernières traductions dont je me souvienne de la part de Geneviève, c'est les Thor de Jurgens et Romita, me semble-t-il (j'ai la flemme d'aller vérifier si mes souvenirs sont justes, mais si quelqu'un les a sous la main…), et j'avais trouvé plutôt pas mal le vocabulaire néo-shakespearo-moliéresque qu'elle utilisait. Ça remonte à quinze ans, ouais, mais quand même.
Mon expérience des Intégrales de Panini est en gros la suivante : j'ai commencé à en acheter (du Spider-Man, du X-Men, d'autres trucs aussi…), et j'ai trouvé que ça sonnait "djeunz". Que ça ne sonnait pas old school comme j'aurais aimé, selon mes goûts et mes attentes, que cela sonnât. J'ai donc offert ces intégrales à un pote qui préfère les VF et je me suis mis aux VO des Essentials. Les heureux propriétaires des premières intégrales de ces séries pourront me dire qui est le traducteur ou la traductrice, et si c'est Geneviève, on saura.
Mais l'orientation "djeunz" est un choix éditorial (dicté d'ailleurs par qui ? le traducteur ? l'éditeur), mais c'est un choix, pas une erreur. On peut critiquer un choix, mais on ne peut pas en conclure que le boulot est mauvais. Et c'est le point essentiel de mon intervention.
Je me souviens d'un commentaire long comme le bras, d'un bloggueur qui, comme beaucoup de bloggueur, anime sa rubrique (fielleuse) dans l'espoir de se faire remarquer et de décrocher un boulot, en déversant de l'animosité. Bref, selon moi une triste utilisation de ce média. Bref. Ce monsieur a donc lu une intégrale consacrée, de mémoire, à Marvel Team Up (ou une autre série de Tête-de-Toile), et il finit par se répandre en critique revanchardes sur la traduction de Geneviève, en prenant des exemples. C'est bien, de prendre des exemples, ça fait argumenté. Sauf qu'un exemple, ça se retourne. Et l'un des exemples, c'est qu'il n'acceptait pas le terme "coturne" (pour ceux qui l'ignorent, un "coturne", c'est celui qui partage la turne : un "coloc", quoi). Et de passer par les blagues classique ("si c'est la chaussure, ça s'écrit pas comme ça"). Bref, ce monsieur ne connaît pas un mot (ce qui arrive à tout le monde), mais puisqu'il ne connaît pas ce mot, alors ce mot n'existe pas. Donc la traductrice invente, utilise mal, bref livre une prestation médiocre. Ce monsieur justifie ses attaques avec des exemples qui démontrent surtout sa propre méconnaissance de la langue, et son incapacité à admettre que le traducteur peut faire le choix de dater l'époque de création d'un récit en utilisant un vocabulaire qui correspond (ou correspondrait) à l'époque en question. Mais non, faut employer des mots d'aujourd'hui, et surtout les mots que les bloggueurs comprennent, sinon on parle mal la langue.
(Ouais, j'aime pas les bloggueurs, c'est comme les représentants de commerce, j'ai un a priori négatif, pardon, désolé, tout ça tout ça…)

Là où je veux en venir, c'est que nous sommes sur internet. Internet, c'est une caisse de résonance, qui reproduit en les amplifiant toutes les traces de ressentiment (bien plus que les témoignages de compassion, par exemple). Et que si quelqu'un dit "c'est du caca", beaucoup de gens vont rapidement répéter "c'est du caca" sans aller vérifier.
Ce qui suscite en moi un profond agacement.
Alors j'ai été le premier à critiquer le boulot de copains et/ou de collègues, et à le faire en public sans avoir pris la précaution d'envoyer un petit mot au préalable pour dire simplement "tiens, là, t'as merdé". Depuis, je fais plus attention.
Et je suis le premier à faire des conneries. Mais je sais par expérience que lorsqu'on se fait allumer pour une traduction, c'est toujours, TOUJOURS, TOU ! JOURS ! pour un choix qui ne plaît pas, pas pour une véritable erreur. Moi, j'ai fait des conneries dans mes traductions, je les connais, j'en ai quelques-unes en mémoire. C'est JAMAIS pour ces conneries-là que je me fais allumer. Jamais ! Mais en revanche, si je choisis d'utiliser un argot à la Audiard et qu'un commentateur décide qu'il ne comprend pas cet argot, alors je me fais allumer sous prétexte que je traduis mal ! Et tel collègue se fera allumer parce qu'il a traduit au plus-que-parfait et pas au passé composé, tel autre va se faire allumer parce qu'il utilise l'adverbe "carrément" et que ça se fait pas…
Le cas de Geneviève Coulomb ressemble à ça. Je veux bien croire ceux qui lisent plus de VO que moi (c'est pas bien dur) qu'elle a pu laisser des boulots moins bons que d'autres, mais si on remonte aux sources, il y a quand même, dans son cas, un acharnement et un emballement que je ne m'explique pas.

Pour connaître le boulot de pas mal de gens dans la profession, je peux vous dire qu'il y a des gens nettement moins bons que Geneviève. Et qui pourtant ont plein de boulot. Et qui pourtant passent entre les gouttes de la critique.
Ceci nous mène au dernier point, celui de l'entourage éditorial. Un traducteur ne bosse jamais seul. Il y a un lettreur qui prend son boulot et le met en forme, il y a une rédaction qui propose des directions éditoriales, des tonalités éditoriales, il y a des relecteurs qui corrigent les fautes (et parfois en rajoutent), bref, ce que vous lisez (ce que nous lisons) est le produit fini d'une chaîne entière d'intervenants. Et si le traducteur a une responsabilité conséquente dans le résultat final, le reste de la chaîne aussi.
On peut très bien rajouter une erreur, amener une correction injustifiée, ou mal faite. Le lettrage peut aussi être l'occasion de bugs, de retouches maladroites ou disparaissent un mot, une ponctuation, une fin de phrase. Je ne cherche à dédouaner personne, mais même chez les éditeurs où le processus intègre trois phases de contrôle du lettrage, on trouve encore des coquilles. Ces coquilles, quelles qu'elles soient, ne sont peut-être pas du fait du traducteur. Sauf que le traducteur, c'est l'un des rares intervenants à avoir son nom dans le bouquin, souvent à des endroits faciles à repérer. Le relecteur, non, le rédacteur, non. Du coup (et là encore, c'est légitime), le lecteur, lui, quand il tombe sur quelque chose qui le défrise (à raison ou pas, là n'est pas la question…), il cherche des informations et il tombe sur le nom du traducteur.
À sa décharge, il n'est pas facile de savoir comment un mot a pu disparaître d'une bulle. J'ai vu ça récemment dans une VF, la bulle était impeccable dans le fichier du traducteur, impeccable dans le fichier du lettreur, et pourtant, paf, trois mots ont disparu quand ça a été imprimé. Bug chez l'imprimeur ? Sans doute.

Donc voilà.
Désolé pour ce coup de gueule, qui j'espère n'aura pas plombé l'ambiance, mais j'ai saisi l'occasion pour essayer d'évoquer une traductrice dont j'ai, visiblement, lu beaucoup du travail quand j'étais jeune sans connaître son nom, et que j'ai continué lire en voyant son nom dans les crédits. Il me semble qu'elle s'est pris des volées de bois vert qui auraient été mieux distribuées à d'autres.
Mais bon, ça aura été l'occasion d'évoquer une fois de plus les coulisses du métier.

Je reviendrai répondre à d'autres points plus tard.
;)



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Re: La traduction des comics

Messagede Tibo! » 05/09/2014 20:26

J'ai pas suivis toutes les affaires, mais l'inversion du 9/11, la rue de la morgue c'est disqualification directe :D :D (Et ça ne relève pas vraiment de choix)
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