Intégrales Valhardi

[JYB]

Message précédent :
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[Jopo de Pojo]

Question : quel aurait été l'intérêt de Jijé de faire croire qu'il avait écrit le scénario de 4 planches sur 44 ? Il ne va pas toucher plus de droits, il n'est pas crédité du scénario dans l'album... S'il a choisi de travailler avec un scénariste après un album en solo, c'est justement pour être déchargé du fardeau de l'histoire.


Il y avait un côté un peu improvisé dans ce qu'il faisait et comme il n'avait pas reçu le scénario de Charlier à temps et qu'il devait considérer que Valhardi était un peu son personnage, il s'est lancé dans ces quatre dernières pages. D'ailleurs, son fils Philippe m'a dit qu'il se souvenait que Charlier n'était pas du tout content que son père ait improvisé cette fin.

Quant à la ressemblance de la trame générale entre les deux fins, elle est logique : Valhardi est prisonnier des méchants à New York, Gégène a prévenu la police, il reste trois pages au héros pour s'en sortir et au gang pour être arrêté, il n'y a pas 36 coups de théâtre possibles. Un émetteur pour Charlier, une bombe artisanale pour Jijé... J.D

[JYB]

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[JYB]

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[Jopo de Pojo]

Sur le tapuscrit, c'est bien "Chriscraft" qui figure.

Plus généralement, il ne faut pas perdre de vue que Jijé n'est pas Jacobs : il n'est pas un maniaque du détail. C'est pour cela, sans doute, qu'il écrit "Crift-Craft". Et ses scénarios sont parfois un peu improvisés, comme il a improvisé la fin du "Gang du diamant". La manière dont son fils Philippe, qui fut son scénariste, décrit leur collaboration dans l'introduction de cette Intégrale le montre bien. J.D

[JYB]

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[carbonnieux]

[Cabarezalonzo]

On va me rétorquer : Charlier et Jijé sont décédés il y a longtemps, il n'y a plus de témoin de cette affaire, on ne saura jamais la vérité.
Eh si, il reste un témoin direct : Mme Charlier, épouse de Jean-Michel Charlier. Car je suppose que c'est elle qui a reçu le coup de fil de Jijé. C'est à coup sûr elle qui a répondu à Jijé que son mari était parti en Italie.
Il suffit donc de l'interroger... Même si Mme Charlier ne se souvient pas de cette affaire très particulière ni du coup de fil de Jijé, elle pourrait sans doute se rappeler si son mari est parti seul, sans elle, en voyage en Italie en 1957...

Et Jopo pourra ainsi récrire une partie du dossier. Pas près d'être au chômage, le de Pojo.

[Vivi2]

Il y en a au moins un qui en a eu marre d'attendre les scénarios en retard, c'est Mitacq. Il a d'abord crée "Stany Derval", puis il a réalisé l'une ou l'autre histoire courte pour les "Castors" et a repris la série à son compte lors de l'épisode "Prisonniers du large".

[Cabarezalonzo]

Yann et Schwartz vont pouvoir pondre un "Voyage en Italie" qui n'aura en commun, avec celui de Cosey, que le titre. Et le désormais traditionnel prière d'insérer contiendra la version Charlier ou Gillain, en contrepoint avec celle développée dans le scénario.
Bon, je file...

[the frog]

Il y en a au moins un qui en a eu marre d'attendre les scénarios en retard, c'est Mitacq. Il a d'abord crée "Stany Derval", puis il a réalisé l'une ou l'autre histoire courte pour les "Castors" et a repris la série à son compte lors de l'épisode "Prisonniers du large".

Ton intervention necessite une rectification de taille, MiTacq a repris le scenario des Castors parce que Charlier s'etait arrete a la planche 9 (si mes souvenirs sont bons) de Prisonniers du large et non parce qu'il livrait ses scenarios en retard. Il en avait assez de cette bande considerant qu'une bande de 5 adolescents qui en faisaient autant etait invraisemblable. L'anecdote est bien connue et a ete souvent rapportee.

[jerryspring]

Sinon il me semble que Jijé a aussi terminé ou au moins modifié un Jerry Spring scénarisé par Goscinny.

[JYB]

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[JYB]

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[carbonnieux]

Le dossier de l'intégrale 5 de Valhardi relève que Jijé, en reprenant le personnage en 1956 avec un premier épisode (Contre le Soleil noir), a apporté une touche de modernisme. Des exemples sont donnés avec la tenue de Valhardi qui évolue, son compagnon d'aventures Gégène qui change aussi de Pierrot, l'apport de décors modernes comme des maisons sans doute inspirées de Le Corbusier et d'architectures "fifties", etc., y compris la stylisation de la signature de l'auteur.

Mais il manque un paragraphe sur un thème important : l'avion qui semble également futuriste que Valhardi pilote dans l'épisode du Soleil noir, un avion qui fait d'ailleurs la couverture de l'album (une "couverture-cockpit", comme le précise le dossier pour indiquer que c'est un gros plan sur le cockpit de l'avion). Jijé a-t-il inventé ? Ou, comme d'autres sujets cités plus haut, s'est-il inspiré de quelque chose de réel ?

Eh bien, je dirais qu'il n'a pas inventé. L'avion de Jijé a une silhouette générale à aile Delta (une aile en forme de triangle) et il ressemble plus ou moins à trois prototypes qui ont bien existé : le Lippisch P 13 (mais des détails importants me font écarter ce modèle éventuellement choisi par Jijé), ou l'Akaflieg DM1 (mais problème, c'est un planeur, sans aucune propulsion, et d'autres détails ne collent pas) et enfin le Payen Ka-59 Katy.

Je laisse chacun regarder sur Internet ce que sont le Lippisch et l'Akaflieg, mais le Payen Katy a ma faveur pour plusieurs raisons : un avion à réaction avec des entrées d'air de chaque côté de l'avant, une grande dérive, un cockpit monoplace en forme (à peu près) de bulle, situé au pied de la dérive, un train d'atterrissage "haut sur pattes", un nez pointu... Certes, Jijé a sûrement extrapolé en faisant une dérive plus haute (et même un peu trop haute pour un avion à réaction censé filer à une vitesse élevée). Voici deux photos du Katy (qui est d'ailleurs visible de nos jours au musée de l'air du Bourget au nord de Paris) :




Il y a deux autres raisons particulières qui me font pencher pour cet avion :

- le Katy a effectué son premier vol janvier 1954, or, l'histoire de Valhardi date de 1956. Jijé avait certainement entendu parler de cet avion peu avant d'imaginer son histoire (peut-être un numéro de Spirou en a-t-il parlé dans une fiche "Aviation", courant 1954 ou 1955 ? Il faudrait vérifier chaque numéro de Spirou de cette période-là). Le prototype avait attiré l'attention du Président de la République lors du Salon de l'Aéronautique de 1955 ; la presse en a sans doute parlé à ce moment-là ?

- le constructeur de cet avion prototype, Roland Payen, était né et avait installé son usine à Athis. Et alors ?, allez-vous me dire. Eh bien, Ahtis se trouve sur le bord de Seine dans l'Essonne, et Draveil, où Jijé et sa famille s'étaient installés en 1954, se trouve sur l'autre rive de la Seine, en face d'Athis. Donc, à quelques kilomètres à vol d'oiseau. Roland était connu comme un bricoleur imaginatif, et Jijé aussi. De là à penser que Jijé a eu l'occasion de rencontrer Payen...

Il faudrait demander à la famille Gillain si elle se rappelle de quelque chose dans cet ordre d'idée, ou chercher dans les archives de Jijé s'il n'y a pas des coupures de presse de l'époque montrant le Katy (ce nom est le diminutif de la fille de Payen, Catherine).

Il faut aussi noter que le Payen est le plus petit avion à réaction du monde à l'époque, et aussi l'un des tout premiers avions à ailes Delta. Or, le Mirage de Dassault est aussi un avion à ailes Delta (Marcel Dassault en personne assista au premier vol du Katy ; s'en serait-il inspiré pour créer peu après le Mirage ?). Et c'est le Mirage III que Jijé dessinera à de nombreuses reprises quand il reprendra la série Tanguy et Laverdure, dix ans avoir créé l'histoire Valhardi contre le Soleil noir.

Je comprends bien que la BD est une totale fiction et que Jijé a extrapolé le Katy, mais s'il fallait critiquer l'aspect technique de l'avion dessiné par Jijé, et s'il fallait le comparer au modèle réel (si le modèle est bien le Katy), on peut dire que Jijé l'a dessiné beaucoup trop grand (le Katy était tout petit) et le pilote (Valhardi dans la BD) n'a pas à porter une tenue pressurisée pour la très haute altitude, ce que le Katy était bien incapable d'atteindre...

Bravo pour la pertinence de cette analyse, mais laisse au moins à Jijé la possibilité de rêver sans toujours devoir coller à la réalité !
La tenue pressurisée est une belle idée je trouve , et la ligne des avions fait très science fiction ! Moi j'adore d'ailleurs la couverture.

[JYB]

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[Cabarezalonzo]

Hypothèse très séduisante et pertinente comme le souligne carbonnieux.
Je n'ai pas mon album sous la main pour m'y replonger, hélas. Et je n'ai pas encore acheté cette intégrale, ni le volume 3 du tandem Charlier-Paape, bien que ça soit programmé.
Le dossier de l'intégrale tome 4 propose-t-il une explication sur le fait que Charlier qui était le scénariste de la série depuis 1953 soit en retrait sur l'épisode du Soleil Noir qui précède le Gang du diamant (récit pour lequel Charlier sera crédité) ?
Une explication est-elle avancée sur l'absence de Valhardi dans Spirou durant les années 1954 et 1955 ? Les relations entre Dupuis et Paape étaient-elles déjà difficiles ? Même si Gillain avait manifesté le souhait de reprendre son personnage, une aussi longue interruption (pour l'époque ) n'était-elle pas préjudiciable ?

[Jopo de Pojo]

Oui, Cabarez, des réponses ou au moins des pistes à toutes tes questions.
Merci, JYB, pour ces précisions aéronautiques très pertinentes. J.D

[Cabarezalonzo]

Jopo
Curieuse coïncidence : en remettant d'aplomb une pile de livres de poche (pour dénicher des albums de Gaston Lagaffe !), je suis tombé aujourd'hui sur un petit roman de Charlier paru jadis (en 1957) en feuilleton dans le journal Tintin sous le titre "Les Samouraïs du Soleil Noir" et devenu quinze ans plus tard le roman "Max Larcher et les samouraïs" (Hachette, coll. Point Rouge). Le personnage principal est un bourlingueur qui navigue avec sa goélette dans les atolls polynésiens. La société secrète des Samouraïs du Soleil Noir veut mettre la main sur le trésor de guerre de la 3ème Force impériale caché dans un abri au moment de l'évacuation par les Japonais de la Nouvelle Guinée pendant la 2ème Guerre Mondiale. A la tête de cette société, un contre-amiral nippon qui a soif de revanche et voudrait hisser à nouveau l'Empire du Soleil Levant au rang des grandes puissances militaires. Cette société présente quelques ressemblances (origine ethnique de ses membres, aspirations politiques) avec celle qui tente de faire échouer le tir nucléaire français dans Menace sur Mururoa (Tanguy et Laverdure).
La publication de ce roman dans Tintin (1957) fut postérieure d'une année à celle de la BD de Jijé dans Spirou (1956). Dans mon souvenir, les deux récits sont bien sûr différents, notamment au niveau des péripéties et du cadre, mais j'aimerais relire cette aventure de Valhardi car il me semble qu'il y est également question de folie des grandeurs nipponne, cette folie s'appuyant cette fois sur la suprématie en matière aéronautiques (un thème cher à Charlier). Je voudrais voir si on trouve d'autres similitudes.
Il ne me reste donc plus qu'à dénicher cette intégrale (et le tome précédent également) si je veux me replonger dans ces madeleines. Une commande chez mon libraire généraliste, qui n'a pas ces articles en stock, s'impose.

[JYB]

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[JYB]

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