carbonnieux a écrit:Charlier raconte que Giraud l'avait rappelé pour lui dire de ne pas venir vu le traquenard tendu ...
Jean Giraud téléphone à Jean-Michel Charlier,
scénariste et corédacteur en chef de Pilote, pour
l’apostropher : « Nous, les auteurs, nous avons décidé de
prendre la direction du journal Pilote. René Goscinny et
toi vous êtes les valets des patrons ! »
Charlier se marre et répond qu’il s’en fiche et lui
fait bien comprendre que sans Dargaud pour financer
Pilote, lui et ses copains vont tous se retrouver sur le
carreau. Il lui rappelle aimablement que l’effet colla
téral serait de ne plus travailler avec lui sur Blueberry.
Giraud réalise sa bévue, il opère aussitôt un 180 degrés
tactique et demande à Jean-Michel Charlier de venir à
la brasserie pour arrondir les angles. Charlier acquiesce
et raccroche… avant de recevoir un autre appel.
René Goscinny lui annonce qu’à la demande de Jean
Giraud, il se rend à pied au 10, rue des Pyramides,
pour rencontrer un groupe d’auteurs de chez Pilote.
Giraud rappelle Charlier qui allait partir pour
rejoindre Goscinny à la brasserie. Il l’implore de ne
plus venir, la situation s’aggrave, une mise en accusa
tion se profile. Des individus étrangers au journal ont
fait savoir qu’ils seraient présents, en l’occurrence, il
s’agirait de jeunes trotskistes et de syndicalistes.
« Ok, répond Charlier, je ne bouge pas, mais toi tu
rappelles Goscinny et surtout, tu lui dis bien de ne pas
aller là-bas ! Compris ? »
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« Pas de souci, acquiesce Giraud, je le préviens et si je
te rappelle pas c’est que j’ai eu Goscinny au téléphone. »
Jean Giraud ne peut malheureusement prévenir
René Goscinny, injoignable car déjà parti, et commet
l’erreur fatale de ne pas rappeler Jean-Michel Charlier
pour le lui signifier.
Charlier rassuré par l’absence de ce coup de fil en
conclut que Goscinny est resté chez lui.
À cause de ce malentendu, René Goscinny se dirige
vers la brasserie pour endosser le mauvais rôle.
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