On arrive (presque) au bout. Ca a quand même été moins pénible que je le craignais dans l'ensemble, malgré des défauts récurrents dont souffre encore cette dizaine de tomes. Evidemment, après 90 tomes, Aoyama a des difficultés à se renouveler (il en avait bien avant d'ailleurs). Les intrigues policières intéressantes sont assez rares : en négatif, on notera encore 2 histoires de vengeances et de quiproquos pour des meurtres stupides, dont l'une dans un manoir isolé (l'autre a quand même le mérite de faire des références à Yaïba de façon plus subtile et intelligente que d'habitude). En positif, pas d'histoires de monstres et de pseudo-surnaturel cette fois-ci et une amusante histoire plus légère et mignonne avec une petite-fille à laquelle sa grand-mère défunte avait laissé un message sous forme de jeu de piste. Autrement, comme d'hab, dès que Conan va faire des courses ou du camping ou se rend à une fête, il y a des morts.
Rien de phénoménal non plus du côté des histoires d'amour, même si des avancées sont notables : au cours d'un voyage scolaire durant lequel Shinichi peut prendre son médicament, lui et Ran finissent par se mettre en couple ; et il y a un bisou – mais seulement sur la joue, n'allons pas trop vite… Ca suffit pour rendre Heiji jaloux et le pousser à prendre des initiatives stupides – et sans résultat, vu que Kazuya n'est pas non plus très maline (notamment dans la conclusion de l'histoire qui se déroule au temple).
Chez les policiers, c'est un peu mieux. Yumi et Shukichi se sont installés ensemble et c'est aussi probablement le cas pour Miike et Chiba vu que ceux-ci évoquent un dîner commun préparé par la jeune femme. Rien de nouveau pour les autres.
L'intérêt vient surtout des fils conducteurs de la série. On peut en évoquer 3 qui avancent pas mal ici, avec le volume 100 (pour lequel on remarquera la couverture très moche, façon torchon à vaisselle ; heureusement, j'ai l'édition collector) en point d'orgue pour les deux dernières. On notera la bonne idée de l'auteur d'avoir, dans les volumes 91 et 92, fait des pages récapitulatives en fin de volume sur la famille Akai et les événements liés à Kôji Haneda. Vu le micmac autour d'eux, ça n'était pas du luxe...
On commence avec la famille Akaï, liée d'ailleurs à la famille Haneda puisque Shukichi a été adopté par la famille Haneda suite au décès de Kôji dans des circonstances troubles. On sait maintenant comme Shinichi et Sera se sont rencontrés et maintenant également dans quelles circonstances Mary, la mère, est devenue une enfant. Bon, ça serait quand même plus simple s'ils se mettaient tous autour d'une table pour discuter au lieu de jouer au chat et à la souris vu qu'ils sont dans le même camp ; mai ça serait trop simple… Notons aussi qu'on voit Mary adulte et que, contrairement à ce qu'indique Sera, elle n'a pas spécialement une grosse poitrine : pas de chance pour la jeune fille et ses futures espérances…
Chez les hommes en noir, les gros enjeux sont autour de Rhum : qui est-il ? On sait qu'il est borgne et, évidemment, un nouveau borgne et une borgne supposée font leur apparition. Le premier est Kanenori Wakita, serveur dans un restaurant de sushis et détective amateur, qui demande à Mouri de l'accepter comme second disciple ; il a un cache-oeil sur l'oeil gauche ; il a une allure étrange mais une gouaille assez sympathique. La seconde est Rumi Wakasa, assistante du professeur Kobayashi, assez maladroite et qui semble avoir un problème de vision à l'oeil droite (le verre droit de sa lunette devient opaque lorsqu'elle semble cacher quelque chose). Avec Kansuke Yamato et Hyoe Kuroda, ça nous fait donc 4 suspects potentiels à ce stade (même si l'inspecteur Yamato n'est guère soupçonné).
Je trouve le suspens particulièrement bien géré dans ces volumes, avec de bons développements sur les différents personnages, et notamment sur Rumi Wakasa, qui est clairement mon personnage préféré de cette partie par son ambivalence. Le suspens existe pendant un bon moment, avec La révélation de l'identité de Rhum dans le tome 100 est intéressante, parce qu'elle ne concerne que le lecteur qui le voit mettre son déguisement mais maintient l'ignorance des personnages du manga (et notamment de Conan), et augmentera la sensation de danger pour le lecteur à chaque fois qu'il apparaîtra. C'est plutôt bien joué de la part d'Aoyama.
Enfin, dans le tome 100 et juste avant cette révélation, on a droit à une assez longue séquence de course-poursuite et d'action avec toute la bande d'homme en noirs, dirigée sur le terrain par Gin et supervisée au téléphone par Rhum. Au niveau du rythme, ça change des enquêtes en 3 parties avec récapitulatif au début de chaque deuxième et troisième chapitre de l'enquête et c'est appréciable. Le suspens est là et les astuces des différents acteurs rendent cette partie vraiment prenante.
Pas mal de nouveaux personnages dans ces 10 volumes (sans parler de ceux liés à Yaïba, sur lesquels je ne reviendrais pas). Les premiers (sur l'image de droite) sont plutôt anecdotiques :

Momiji Oka est une riche lycéenne, amoureuse d'Heiji. Elle tentera donc de l'empêcher de se déclarer à Kazuya, comme si ces deux-là avaient besoin d'un obstacle de plus… Elle ne fait pas d'arts martiaux, contrairement à sa rivale, mais du karuta (un jeu de cartes japonais : cf. le manga Chihayafuru).
Muga Iori : majordome de Momiji qu'il aide dans ses entreprises. Si on était dans Hayate the combat butler, ils auraient des sentiments réciproques malgré l'attirance de Momiji pour Heiji. Mais il y a une différence d'âge notable, ça n'arrivera donc pas. Le personnage est assez intéressant et intelligent et semble totalement dévoué à sa maîtresse.
Et, bien plus intéressants (avec des spoilers cette fois-ci, puisqu'on arrive aux derniers volumes parus en France) :

Kanenori Wakita : personnage intéressant avec une certaine gouaille, qui a des capacités de déduction mais se trompe quand même (volontairement ?) dans la première enquête. Comme Rumi et l'inspecteur Kuroda, on le voit manifester son intérêt lorsque. Et il participe à une enquête aux côtés d'Amuro/Bourbon, ce qui donne lieu à quelques échanges qui le rendent suspect. [spoiler]Et c'est donc lui, Rhum puisqu'on le voit dans le tome enfiler son déguisement. On apprend aussi qu'il est lié à l'histoire de Kôji Haneda. On peut donc supposer qu'il tombera lorsque l'enquête sur celui-ci sera conclue – ce qui n'est pas encore le cas à ce stade du manga, même si le tome 104 nous révèle la vérité sur cette affaire.[/spoiler]

Rumi Wakasa est la nouvelle maîtresse assistante de la classe de Conan. Si elle semble normale au premier abord, lorsqu'elle voit des criminels, elle se montre particulièrement violente – tout en se montrant assez rusée pour que ça ne se voie pas. Bon, normalement, une fois remis de leurs blessures, les criminels arrêtés devraient dire qu'elle les a démontés mais ça ferait probablement avancer l'histoire trop vite… On voit aussi qu'elle se fiche des enfants quand elle se débarrasse sans gêne d'un cadeau que la mignonne Ayumi lui avait faite.
Comme Wakita et Kuroda, elle croise à un moment la route de Bourbon et interagit avec lui d'une façon qui nous fait soupçonner qu'elle puisse être Rhum
ce qui n'est pas le cas : voir ma critique du tome 104.
Le tome 105 sortia dans 2 semaines, avec en cadeau une serviette offerte pour l'achat d'un tome de Conan et d'un autre manga Shogakukan publié chez Kana :
