* * * Ciné-Club séance 126 en hommage à Robert Redford * * *

[jolan]

Message précédent :
...si vous le disez

[jolan]

Bon, eh bien on va dire qu'on a fait le plein.

Je vous ai envoyé le film.

[sergent latrique]

Bon, eh bien on va dire qu'on a fait le plein.

Je vous ai envoyé le film.

Prêt pour la séance !

[sergent latrique]

Les mauvaises rencontres - Astruc 1955

Ma critique sera relativement courte.

Paris 1955, dans un commissariat, une jeune femme, Catherine, interprétée par Anouk Aimée (très jeune à cette époque) est interrogée par un inspecteur (Yves Robert, dans un bon second rôle) à propos d'une histoire de moeurs, et de docteur avorteur. Par flash-backs successifs, son histoire se dévoile entre son arrivée à Paris et ses rencontres avec ses amants et son parcours jusqu'au jour de cet interrogatoire et sa conclusion .

Dès le début, j'ai trouvé curieux cette façon de présenter le film avec cet avertissement écrit qui raconte plus ou moins tout le film. C'est d'autant plus étonnant qu'aujourd'hui, cette situation, une jeune femme en garde à vue pour une histoire d'avortement parait totalement risible et insensée, témoignage d'une époque totalement révolue. Et c'est pour une enquête soignée, avec interrogatoires, recherches de témoins et de preuves qui mobilise du monde....


Que dire sur ce film, cette histoire de jeune provinciale débarquée à Paris, de ses rencontres et de ses plans pour arriver. Pas très passionnant. Tout le jeu est très affecté, et on s'ennuie devant cette femme qui est censée mener son destin mais ne semble pas comprendre et traverse la pellicule en toute transparence, ectoplasme féminin face à des Don juan tout aussi insignifiants (Jean Claude Pascal et d'autres acteurs moins connus).
Les images de Paris sont plutôt agréables et la photo est bien faite pour moi, mais ça ne sauve pas ce film décevant.
La fin avec la voix off de narrateur inutile et moralisatrice est le coup de grâce.

Allez, je mets 6/20 pour ne pas crucifier Anouk Aimée mais je ne comprends pas pourquoi ce film a été récompensé. Qu'on m'explique.

[jolan]

Les Mauvaises rencontres – Alexandre ASTRUC – 1955

Mais pourquoi y a t-il ce pitch au début, qui résume le film à venir, c'est idiot.
D'emblée, ça partait pourtant bien – après la scène d'interrogatoire par Yves Robert un peu ridicule. J'aime bien la première partie des évocations en flash-back, avec l'arrivée du jeune couple qui veut conquérir la capitale. Mais après, dès leur séparation, puis ensuite avec le riche journaliste et les autres rencontres bourgeoises et ses liaisons diverses, franchement il n'y a rien à quoi se raccrocher. Je n'ai trouvé aucun intérêt à l'histoire, l'enquête, puis les circonvolutions sentimentales de la jeune femme, dont on se fiche pas mal, il faut bien l'avouer. On ne comprend même plus le personnage d'Anouk, ses désirs, ses sentiments. On voit une jeune femme ambitieuse et arriviste, c'est à peu près tout. L'histoire d'avortement qui est au cœur de l'enquête policière ne représente aucun intérêt d'ailleurs.

Il est vrai qu'Anouk Aimée était charmante, mais là le rôle est un peu creux et guère flatteur. Elle minaude, elle plaît aux hommes, soit. Mais que veut nous dire le film, que veut-il raconter, je l'ignore encore maintenant.
(Parenthèse : comme il y avait Yves Robert, j'ai parfois trouvé qu'Anouk Aimée avait un petit air de Danièle Delorme)

Le film a été récompensé de la Médaille de la mise en scène lors du festival de Venise 1955. En effet il y a un travail de clair obscur, mais assez marqué et peu subtil. Parfois ça fonctionne, et d'autres fois moins. L’enchaînement entre l'interrogatoire et la scène de rupture dans le wagon enfumé est un peu exagérée par exemple. J'ai trouvé la musique de Maurice le Roux envahissante et surabondante également.
En revanche, j'aime bien le fait que le film soit cyclique (à la manière des symphonies de l'école franckiste), on voit la scène d'ouverture à la fermeture, lorsqu'elle sort du Quai des Orfèvres (au début à gauche et à la fin à droite, bon).

6/20 (je suis d'accord avec la note de Sergent, je vais lire sa critique maintenant)

[sergent latrique]

On va voir l'avis de lobo et de euh... et je pense qu'on ne pourra échapper à une séance spéciale Redford

[jolan]

Si tout le monde en est d'accord, je pense qu'on pourra en effet rendre hommage à ce grand du cinéma US.

[euh... si vous le dites]

Les Mauvaises rencontres – Alexandre ASTRUC – 1955

Vu le film et lu les deux critiques du sergent et de jolan et je vous trouve vraiment durs avec ce film.
Pour ce qui est de l'intérêt suscité par le film à l'époque il faut sans doute remonter à la période antérieure d'Astruc quand il était critique et théoricien du cinéma. Son article daté de 1948 et intitulé "Naissance d'une nouvelle avant-garde : la caméra-stylo" avait notamment trouvé un écho très fort chez les futurs critiques des Cahiers. Et on peut comprendre pourquoi tant l'article, de manière quand même assez confuse mais très assertive, promeut l'advenue d'un nouveau cinéma qui serait capable d'adopter tout type de récit et toutes les formes avec les moyens propres du cinéma, la caméra se substituant au stylo de l'écrivain. Ca explique sans doute la présence de ce film dans le top des Cahiers.
Ceci dit, on peine aujourd'hui à voir en quoi le film lui-même réalise les intentions qu'Astruc avait développées dans son article. Les cadrages et mouvements de caméra me semblant quand même parfois un peu sursignifiants. Comme dit jolan parfois ça fonctionne et parfois nettement moins.
Pour ce qui est du carton au début il ne m'a pas dérangé. Ce qu'il fait est surtout de nous induire sur une fausse piste tant le thème de l'avortement qui y apparait central, ne se révèle au fur et à mesure du film qu'un prétexte. Ou tout au plus comme un élément supplémentaire à la peinture hypocrite, manipulatrice de la société des hommes que montre le film.
Force est de constater que les hommes dans le film n'ont pas le beau rôle. Ils sont soit pleutres, soit manipulateurs. Le seul qui pourrait sans doute échapper à ce constat c'est le docteur et il est poussé au suicide.
Le film ne me parait pas si suranné qu'on pourrait le croire. Le personnage de Catherine avec ses zones d'ombre et ses fragilités, ses moments d'opacité m'est apparu beaucoup plus intéressant et moderne que ce que vous en avez dit. On est d'accord sir le fait qu'Anouk Aimée n'échappe pas toujours aux minauderies, mais c'est quelque chose que je vois très souvent chez elle.
L'emprise, thème central du film, me semble renvoyer à des choses qui traversent la société actuelle

Mon verdict : 12/20

[lobo]

J’ai vu vos notes mais pas vos critiques. Je les lirai après.
L’intérêt du film à l’époque tenait sans doute à son côté « illusions perdues » au féminin, à ce portrait de « femme émancipée », la première génération de femmes qui « montaient à Paris » en toute liberté, pour y « réussir », comme Lucien mais version féminine, à l’opposé des générations précédentes, disons, de bonnes bretonnes. Un autre ressort aussi, c’est le contraste entre cette nouvelle génération de femmes et l’archaïsme des mœurs. « Jamais il n’aurait fait une chose pareille » dit-on à propos d’un avortement.
Cette femme émancipée, qui cherche à « réussir » à Paris, multiplie les amants, comme il se doit, et, comme elle est entre deux mondes, elle hésite entre le provincial « raté » mais "sincère" et bien de chez elle, le timoré qui essaie de vivre de son art, et le grand prédateur qui a réussi (Blaise, Danieli).
La police, là dedans, est là un peu comme faire-valoir. « Ma vie m’appartient », dit-elle au fonctionnaire de police qui doit faire rentrer son histoire dans les cadres du judiciaire : une affaire d'avortement.
Question réalisation il y a des hauts et des bas amha. J’ai beaucoup aimé les premières séquences, les belles vues de Paris, les cadrages insolites, les plans bizarres (le sac à main qui tombe, le miroir brisé, les machines à écrire en écho, l’administrative et la journalistique…), les fondus enchaînés… Par contre j’ai trouvé très plate et ennuyeuse la séquence à Nice : la fatuité du personnage joué par Jean-Claude Pascal m'a paru insupportable, le jeu lui-même de l’acteur, les minauderies de Anouk Aimé, ses états d’âme, les dialogues ridicules. C’est interminable. On apprendra plus tard que Blaise n’est pas tout à fait celui que l’on croyait, mais rien n’y fait, j’ai trouvé le personnage insupportable.
Au total l’intérêt du film s’est sans doute pas mal émoussé. Si on accepte de le voir dans son jus il est encore intéressant.
Je mettrai plutôt 14/20 mais je sais que je note large…

[jolan]

Et c'est là qu'on voit que sur la même appréciation globale - me semble-t-il - nous notons tous très différemment.

Ca nous donne donc la note de 9,5

Quant à Astruc, son nom est resté, mais il n'y a aucun film qui semble sortir du lot. J'avais vu ado son court-métrage sur "Evariste Galois", et je vais tâcher de voir son adaptation de "Une Vie" bientôt, mais apparemment son cinéma n'a pas marqué les esprits.

* * *

Tout le monde est d'accord pour une séance en hommage à Robert Redford ?

[euh... si vous le dites]

Tout le monde est d'accord pour une séance en hommage à Robert Redford ?

Redford acteur ou Redford réalisateur ? Ou les deux ?
J'aurais bien envie de découvrir Ordinary people.

[jolan]

Robert Redford les deux.

1962 : La guerre est aussi une chasse (War Hunt) de Denis Sanders
1965 : Situation désespérée, mais pas sérieuse de Gottfried Reinhardt
1965 : Daisy Clover de Robert Mulligan
1966 : La Poursuite impitoyable (The Chase) d'Arthur Penn
1966 : Propriété interdite de Sydney Pollack
1967 : Pieds nus dans le parc de Gene Saks
1969 : Butch Cassidy et le Kid (Butch Cassidy and the Sundance Kid) de George Roy Hill
1969 : La Descente infernale (Downhill Racer) de Michael Ritchie
1969 : Willie Boy (Tell Them Willie Boy Is Here) d'Abraham Polonsky
1970 : L'Ultime Randonnée (Little Fauss and Big Halsy) de Sidney J. Furie
1972 : Les Quatre Malfrats (The Hot Rock) de Peter Yates
1972 : Votez McKay (The Candidate) de Michael Ritchie
1972 : Jeremiah Johnson de Sydney Pollack
1973 : Nos plus belles années (The Way We Were) de Sydney Pollack
1973 : L'Arnaque (The Sting) de George Roy Hill
1974 : Gatsby le Magnifique de Jack Clayton
1975 : La Kermesse des aigles (The Great Waldo Pepper) de George Roy Hill
1975 : Les Trois Jours du Condor de Sydney Pollack
1976 : Les Hommes du président d'Alan J. Pakula
1977 : Un pont trop loin de Richard Attenborough
1979 : Le Cavalier électrique de Sydney Pollack
1980 : Des gens comme les autres (Ordinary People) de Robert Redford
1980 : Brubaker de Stuart Rosenberg
1984 : Le Meilleur (The Natural) de Barry Levinson
1985 : Out of Africa de Sydney Pollack
1986 : L'Affaire Chelsea Deardon (Legal Eagles) d'Ivan Reitman
1988 : Milagro (The Milagro Beanfield War) de Robert Redford
1990 : Havana de Sydney Pollack
1992 : Les Experts (Sneakers) de Phil Alden Robinson
1992 : Et au milieu coule une rivière (A River Runs Through It) de Robert Redford
1993 : Proposition indécente d'Adrian Lyne
1994 : Quiz Show de Robert Redford
1996 : Personnel et Confidentiel de Jon Avnet
1998 : L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux (The Horse Whisperer) de Robert Redford
2000 : La Légende de Bagger Vance de Robert Redford
2001 : Le Dernier Château de Rod Lurie
2001 : Spy Game, jeu d'espions de Tony Scott
2004 : L'Enlèvement (The Clearing) de Pieter Jan Brugge
2005 : Une vie inachevée de Lasse Hallström
2007 : Lions et Agneaux de Robert Redford
2011 : La Conspiration de Robert Redford
2013 : Sous surveillance (The Company You Keep) de Robert Redford

3, 2, 1

[sergent latrique]

Pour Astruc, il y a deux équipes dans le club Pourtant j'adore ce genre de film et cette période du cinéma des années 50 avec Paris en toile de fond, mais je n'ai vraiment pas accroché. En plus j'ai eu un pb technique qui écorchait la bande son les premières minutes, ça n' pas aidé

Séance Redford, il en passe plusieurs depuis hier à la télé.
Pour les points, j'essaye d' éviter les super classiques même si c'est compliqué mais et encore une fois, le choix reste difficile...


1966 : Propriété interdite de Sydney Pollack 3 pts (vu il y a très longtemps)
1972 : Les Quatre Malfrats (The Hot Rock) de Peter Yates 1pt (connais pas)
1992 : Les Experts (Sneakers) de Phil Alden Robinson 2 pts (pour le thème)

[Julien Despreux]

Hier soir, j'ai tenté Le Dernier Château découvert par hasard en zappant sur RTL9 en croyant tomber sur Brubaker, mais je n'ai pas tenu après la moitié et j'ai préféré voir sur 6ter la fin de Inside Man dont je ne me lasse pas ...

Sinon il manque dans la liste le dernier tournage de Robert Redford qui remontait à Avengers : Endgame (2019) des frères Anthony et Joe Russo. Robert Redford y reprenait son rôle d’Alexander Pierce, une des têtes pensantes de l’HYDRA sous-couverture au sein du S.H.I.E.L.D, qui avait surpris les adeptes du Marvel Cinematic Universe (MCU) en 2014, dans Captain America : Le Soldat de l’Hiver, lui-même inspiré des thrillers politiques des années 70 tels que Les Trois Jours du Condor et Les Hommes du président, avec Robert Redford également !

"Spy Game : Jeu d'espions", sans doute celui que je ne manque pas, à chaque rediffusion, avec la passation de pouvoir entre Robert Redford et Brad Pitt !

[jolan]

Ouais mais non, ici c'est le CinéClub, pas le topic des daubes.

1966 : Propriété interdite de Sydney Pollack = 3 pts
1965 : Situation désespérée, mais pas sérieuse de Gottfried Reinhardt = 2 pts
1969 : Willie Boy (Tell Them Willie Boy Is Here) d'Abraham Polonsky = 1 pt