de sergent latrique » 04/09/2025 12:07
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Perfect days - Wenders 2023
Si l'ambition d'un homme se mesurait à celle de son métier, alors Hirayama serait au degré zéro de l'ambition. Nettoyer des chiottes publiques chaque jour de la semaine n'est pas un métier de carrière ni une vocation. Malgré son rôle hygiénique et social, il est une sorte d'homme invisible, toujours à s'effacer, et plus exactement homme invisibilisé car on le voit sans le considérer, exemple en est de cette maman paniquée retrouvant son enfant égaré dans un square; ramené par un Hirayama tout sourire mais qui ne lui adresse ni un sourire, ni un mot de remerciement. Cette image est un peu emblêmatique du personnage, sympathique et décalé, magistralement interprété par Koji Yakusho. Il vit dans la métropole gigantesque de Tokyo mais son monde est ailleurs, on va le découvrir petit à petit, et par touches successives, comprendre son bonheur, une vie hermétique aux autres, à sa sœur par exemple lorsqu'elle revient chercher sa nièce en fugue qui ne comprend pas comment il se satisfait de sa condition.
Hirayama, le personnage central donc est un taiseux, avare de paroles, qui déroule une routine faite de rites quotidiens, sa façon de ranger son lit, de se laver le matin, de couper quelques poils de moustaches et de prendre ses clefs, un café au distributeur avant de rouler en écoutant ses vieilles cassettes de pop-rock anglophones. Hirayama, a une vie intérieure que lui seul comprend et que le spectateur ne fait qu'entrevoir, par ses contemplations du ciel, et surtout des arbres, arbres qu'il a adopté sous forme de bonsaï dans son logement. Son univers est plus réceptif à un SDF, une jeune fille qui prend son déjeuner, un rayon de soleil dans le bruissement d'arbres que dans la vie des gens normaux
Tout semble glisser sur lui, et il est rarement sorti de ses rites. Parfois, il se laisse entraîner, par son jeune collègue ou sa nièce, mais son univers semble intangible, son zèle scrupuleux jusque dans les détails, un miroir pour vérifier les moindres taches sur l'émail d'un évier ou sous une cuvette de toilette.
Monde fascinant des toilettes tokyoïtes dont je n'ai pas le souvenir personnellement, mais ce quotidien du Japon moderne par ce personnage quasiment anachronique, tellement hors de son époque que les nouvelles modes le rejoignent (cassettes audio, appareil à pellicule) est longuement décrit à la mode Wenders, long plans, gros plans, dialogues rares. Je n'apprécie pas spécialement cette manière de filmer à la Wenders, avec ses longueurs, ses images travaillées comme des œuvres plastiques modernes et du fait que au delà de l'aspect contemplatif du film, il n'y a pas de récit ou d'histoire réelle, mais il faut reconnaitre que les images sont bien tournées.
Ma note 13/20
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