Nirm a écrit:alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...
Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.
Xavier Guilbert a écrit:Comme ce n'est pas la première fois qu'il y a débat sur ce sujet précis, et que l'on retrouve les mêmes questions qui reviennent, je me permets de reposter quelques remarques que j'avais faites précédemment:
En 2016, sur les formats souples:Le problème est effectivement la rentabilité de l'opération pour l'ensemble de la filière. Par exemple, les auteurs se sont plaints par le passé de la rémunération qui leur était accordée sur les ventes des versions numériques de leurs livres (versions vendues à prix inférieur), ce qui leur occasionnait une forte diminution de leur revenu, à ventes égales.
Le jeu de la distribution-diffusion et la disparition des coûts de fabrication faisait que l'éditeur, dans la même situation, s'en sortait beaucoup mieux. (pour ceux que ça intéresserait, j'avais fait le calcul il y a quelques temps, c'est ici -- avec un tableau à la limite du lisible, la faute à un changement de CMS, désolé)
Souvenez-vous: les auteurs sont rémunérés en pourcentage du prix hors-taxe. Donc divisez le prix par 3, et vous divisez le revenu de l'auteur par trois également... pour rester à revenu égal, il lui faudrait donc multiplier ses ventes par 3. Et c'est là que le bât blesse.
D'abord très intéressante analyse
Le numérique est un enjeu. Pour l'instant on a démontré que la BD numérique est minoritaire. Si le rapport s'inverse, les éditeurs auront-ils intérêt à baisser le PV de leur BD physique pour compenser ou au contraire gagneront-ils mieux leur vie sur le numérique (et inversement pour les auteurs) entraînant le déclin de la bd physique au détriment du revenu des auteurs ?Xavier Guilbert a écrit:Parce qu'on se heurte à un truc qui s'appelle l'élasticité des prix. En gros, ça signifie que les ventes additionnelles sont plus ou moins corrélées à la baisse de prix. Par exemple, je vends mon burger 5% moins cher, et hop, je gagne 10% de ventes, parce que les gens ont super envie de manger mon super burger. Et là, l'opération est forcément intéressante pour moi (pour les consommateurs aussi, cela étant).
Le problème, c'est que ça ne marche pas toujours. Il y a des produits pour lesquels cela ne marche pas du tout: les produits de luxe, par exemple, voient même parfois des phénomènes inverses (on augmente le prix, la demande augmente). Le cas Vuitton au Japon en est un bon exemple. Et puis il y a des produits pour lesquels les ventes additionnelles sont très loin de compenser le manque à gagner dû à la baisse de prix -- tout simplement parce que la demande n'est pas là, et que les principaux facteurs limitant les ventes n'ont rien à voir avec le prix. (en fait, c'est un peu le sujet sur lequel on s'écharpe depuis deux semaines, donc je ne suis pas certain que ma démonstration convaincra ceux qui soutiennent mordicus que le prix est le seul facteur important dans l'acte d'achat)
Ma démonstration ne partait pas du principe que le prix était le seul facteur. Mais partait aussi d'un constat que les séries anciennes qui se vendent moins sont progressivement retirées des rayons, tout comme les nouveautés one-shot.
Les rééditer à prix réduit "pourraient" permettre leur retour. On offre une 2ème vie à des albums pas forcément vieux d'ailleurs, mais pour lesquels certains sont passé à côté à cause du prix. Certains ne vont pas acheter "l'homme gribouillé" à 30 € mais vont attendre de le trouver moins cher chez le bouquiniste. C'est le même principe.Xavier Guilbert a écrit:un album des Aventures de Tintin était vendu par Casterman 480 F en 1952 (anciens francs bien sûr, soit 10€ de 2014) ; 6,90 F en 1961 (soit 10,40€ de 2014) ; 7,80 F en 1966 (soit 9,85€ de 2014) ; 15 F en 1976 (soit 9,30€ de 2014) ; 43 F en 1990 (soit 9,70€ de 2014) ; 8,95€ en 2004 (soit 10,30€ de 2014)… et 10,95€ en 2014.
Pour autant, l’idée d’une augmentation conséquente du prix de la bande dessinée reste fortement ancrée dans les esprits, comme on peut le lire chez Henri Filippini : «Lentement mais sûrement, la bande dessinée, jusqu’alors accessible à un prix plus abordable que le livre par un lectorat jeune et pas toujours riche, devient un produit de luxe réservé à la classe aisée.»
Tu prends l'exemple de TINTIN. OK. Mais ce que Filippini veut dire, c'est aussi que, à côté des albums à 10 € dont le prix ne varie, on trouve finalement un nombre de plus en plus important de bande-dessinées dépassant les 15 € quand rien ne le justifie.
J'ai cité l'exemple de "Jamais" de Duhamel par exemple. L'histoire ne justifie pas un GF avec couverture rigide. L'éditeur a mis en avant un bel objet visant là une certaine catégorie de lecteurs.Xavier Guilbert a écrit:- d'autre part, la question du prix est loin d'être centrale pour déterminer l'achat ou non d'une bande dessinée, comme le montre l'enquête 2011 qui s'intéresse également aux anciens lecteurs.Contrairement à ce qui est souvent avancé, les raisons évoquées pour cet abandon sont rarement d’ordre financier. Au contraire, il ressort assez largement une réelle perte d’intérêt pour la bande dessinée : «La bande dessinée ne vous intéresse plus» cité par 41 % des anciens lecteurs, «Vous avez moins de temps pour lire» pour 40 %, ou encore «Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs» pour 35 %. En comparaison, l’argument «Les bandes dessinées coûtent trop cher» n’est évoqué que par 7 % des anciens lecteurs. [...]
Nirm a écrit:alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...
Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.
Et merci à Xavier pour les infos.
toine74 a écrit:Mort des petits commerces et d'une bonne partie des éditeurs de la place. Le prix unique, même avec ses défauts, est une véritable richesse culturelle qu'il faut préserver à tout prix.
toine74 a écrit:Dans l'édition, les nouveaux acteurs sont plus enclins à copier le modèle existant (qui, pour l'instant, se montre très rentable) que de le casser. Aux USA, Images s'est bien aligné sur les DC et Marvel et a même tendance à être légèrement plus cher. En Europe, Paquet (boîte qui ressemble le plus à éditeur BD généraliste) n'est pas allé vers le low-cost, même quand il réédite des séries anciennes via Place du Sablon.
kilfou a écrit:Leclerc éditions ça existe déjà, c'est MEL Publishing et si tu jettes un oeil à leur catalogue, tu verras que c'est tout sauf populaire.
Pour le reste, Xavier a tout dit (et je l'avais déjà dit plus haut...)
Ton idée n'est pas mauvaise en soi, mais elle ne convainc pas. Pour le moment. ça peut changer dans 5/10/30 ans, qui sait...
Xavier Guilbert a écrit:toine74 a écrit:Mort des petits commerces et d'une bonne partie des éditeurs de la place. Le prix unique, même avec ses défauts, est une véritable richesse culturelle qu'il faut préserver à tout prix.
Je m'étais amusé (hum), il y a quelques temps, de voir les apports de la loi Lang en faisant la comparaison entre la situation britannique et la situation française.
alambix a écrit:Le numérique est un enjeu. Pour l'instant on a démontré que la BD numérique est minoritaire. Si le rapport s'inverse, les éditeurs auront-ils intérêt à baisser le PV de leur BD physique pour compenser ou au contraire gagneront-ils mieux leur vie sur le numérique (et inversement pour les auteurs) entraînant le déclin de la bd physique au détriment du revenu des auteurs ?
alambix a écrit:Ma démonstration ne partait pas du principe que le prix était le seul facteur. Mais partait aussi d'un constat que les séries anciennes qui se vendent moins sont progressivement retirées des rayons, tout comme les nouveautés one-shot.
Les rééditer à prix réduit "pourraient" permettre leur retour. On offre une 2ème vie à des albums pas forcément vieux d'ailleurs, mais pour lesquels certains sont passé à côté à cause du prix. Certains ne vont pas acheter "l'homme gribouillé" à 30 € mais vont attendre de le trouver moins cher chez le bouquiniste. C'est le même principe.
alambix a écrit:Tu prends l'exemple de TINTIN. OK. Mais ce que Filippini veut dire, c'est aussi que, à côté des albums à 10 € dont le prix ne varie, on trouve finalement un nombre de plus en plus important de bande-dessinées dépassant les 15 € quand rien ne le justifie.
J'ai cité l'exemple de "Jamais" de Duhamel par exemple. L'histoire ne justifie pas un GF avec couverture rigide. L'éditeur a mis en avant un bel objet visant là une certaine catégorie de lecteurs.
Les données historiques exploitables (remontant seulement à 2005) confirment en partie cette perception : en effet, les prix moyens observés ne cessent d’augmenter sur la période, enregistrant une progression conséquente de plus de 20 % en huit ans. Si le manga reste plutôt stable (et en adéquation avec l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé), le reste du marché montre une claire inflation des prix, qui augmentent de 26 % sur cette période (contre 11 % pour l’indice des prix à la consommation harmonisé).
Cependant, il faut souligner que le prix moyen observé au global est la résultante de phénomènes très divers, qu’il s’agisse de l’introduction du format poche (avec des prix en rapport) de la grande majorité des manga, ou de l’arrivée sur le marché des romans graphiques et autres intégrales, à la pagination et au prix plus élevés. C’est plutôt en s’attardant sur l’évolution du prix à la nouveauté de certaines références «canoniques» que l’on peut véritablement estimer si la bande dessinée s’est appréciée ou non au cours des décennies passées.
Depuis juillet 2007, le SNE publie deux fois par an une grille des tarifs pratiqués par une partie des éditeurs ; pour les dates antérieures, le dépôt légal à la BnF permet de retracer les prix de vente à chacune des sorties. Afin de considérer un échantillon réduit mais suffisamment représentatif, nous avons choisi de nous intéresser aux séries XIII (Dargaud), Largo Winch (Dupuis), Blake & Mortimer (Éditions Blake et Mortimer), Titeuf (Glénat) et Lanfeust (Soleil). Ces séries présentent l’avantage d’avoir des sorties quasi-annuelles, et représentent presque un quart (24 %) des titres franco-belges classés dans les Top 50 annuels de Livres Hebdo sur la période 2000-2013, et constituent 36 % des ventes cumulées.
En moyenne, l’évolution des prix à la nouveauté de ces cinq séries sur la période 1996-2013 suit (par paliers) l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé. Alors que le passage à l’euro en 2002 n’occasionne pas de «réajustement» notable, la tendance depuis 2010 semble être à une augmentation notable pour les trois titres de Média-Participations — une tendance également renforcée par le passage de la TVA sur le livre au taux majoré de 7 % en avril 2012, avant un retour «à la normale» à 5,5 % au premier janvier suivant.
Dans ce contexte, le «prix de vente abordable» du dernier Astérix s’inscrit dans l’évolution globale, dans une fourchette basse comparable aux pratiques observées sur Lanfeust ou Titeuf, XIII et Largo Winch représentant la fourchette haute de l’évolution.
nexus4 a écrit:[APARTÉ]
M'sieur Guilbert, je sais que c'est pas toi qui gère le bousin mais il y a un truc qui manque dans les articles de Comicalités, c'est la date. On l'a quand on vient de la "table des matières", mais quand on débarque direct dans l'article, ca manque. Je sais pas si ca a été débattu avec vote à main levée, bouderie et création d'un mouvement séparatiste théochroniste, mais ça manque.
[/APARTÉ]
kilfou a écrit:Tiens ceux qui réclamaient le retour des formats poche pour démocratiser la bd ont été entendus.
J'ai Lu sort une nouvelle collection en juin, prix entre 6.90€ et 7.90€, le dernier est même un inédit
- Un autre regard T1
- Le petit grumeau illustré T1
- Chat Bouboule T1
- Tous mes amis sont morts de Avery Monsen et Jory John
J'espère que vous êtes contents.
kilfou a écrit:Tiens ceux qui réclamaient le retour des formats poche pour démocratiser la bd ont été entendus.
J'ai Lu sort une nouvelle collection en juin, prix entre 6.90€ et 7.90€, le dernier est même un inédit
- Un autre regard T1
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- Tous mes amis sont morts de Avery Monsen et Jory John
J'espère que vous êtes contents.
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