J
érémie, quinze ans, a dû suivre son père du Havre vers un petit port normand où ce dernier a décidé d’ouvrir un bar-tabac. Une aubaine pour les gens du coin ? Pas selon Maëlys, une camarade de lycée, qui interpelle le garçon au sujet des affiches publicitaires vantant les parfums des nouveaux produits à la mode : les vapoteuses. Tout semble fait pour attirer les teenagers vers une dépendance qui pourrait nuire à leur santé. Les deux adolescents se lancent alors dans des recherches pour comprendre les enjeux derrière ces campagnes orchestrées par l’industrie tabatière et en démasquer les dangers.
Depuis 2003 et le brevet déposé par le pharmacien chinois Hon Lik, la cigarette électronique a envahi les échoppes des buralistes, en ville comme en ligne. Merchandising attrayant, multiplication des saveurs, format rechargeable, tout est bon pour appâter celui ou celle qui voudrait être dans le vent et avoir l’addiction « sociale ». Surtout, les cibles sont de plus en plus jeunes et la législation a toujours un train de retard. Pour aborder ce sujet encore inédit en bande dessinée, le journaliste Guillaume Coudray s’est associé à l’illustratrice Émilie Damberville. Ensemble, ils offrent un album tout public, axé sur l’information et la prévention, qui prend la forme d’une enquête documentée menée par un duo d’ados.
Afin de rendre le propos abordable, plaisant et moins sec, le scénariste a choisi des héros et une toile de fond crédibles. Les investigations menées par le duo se font grâce aux outils actuels : internet, les vidéos et autres podcasts. Les lecteurs pourront d’ailleurs visiter eux-mêmes les sites consultés : les adresses citées et des QRcode permettant d’accéder aux sources évoquées sont intégrés avec beaucoup de naturel dans les pages. Surtout, Maëlys et Jérémie mettent le doigt sur la puissance et l’utilisation des images, ainsi que sur leur manipulation par les lobbys du tabac et de la vape dont l’objectif est d’utiliser des codes, des couleurs, des formes propres à séduire le chaland non-averti (telles ces vaporettes au design de cornet de glace). Évidemment, le combat enclenché dépasse les jeunes gens ; toutefois, ils parviennent à se faire entendre en employant toutes les armes à leur disposition : réseaux sociaux, badges, logos, banderoles. Et çà marche ! Leur parole est écoutée et relayée, y compris à la télévision, ce qui prouve que l’action compte. Si le dénouement semble un brin trop optimiste, il apporte une indéniable touche positive. Au service de la narration, la mise en image d’Émilie Damberville, soutenue par une colorisation en nuances de gris, est agréable. Le trait semi-réaliste se montre assez expressif, tandis que la composition des planches s’avère efficace.
Premier album pour ses auteurs, La vape. Derrière le goût, le mensonge se révèle être une BD-Documentaire instructive et qui retient facilement l'attention. Un titre à découvrir aux éditions Des ronds dans l'O.








J’ai été un peu décontenancé au départ car je m’attendais à une BD Docu, de type enquête journalistique tel Algues vertes.
C’est en réalité une fiction, l’histoire de 2 ados confrontés au sujet. Et c’est donc à ce public que cette BD s’adresse en priorité.
Dans ce sens, elle est très bien faite, bien construite, elle se lit facilement, les personnages sont attachants, elle n’est pas moralisatrice, et surtout elle décrit bien comment tout est lié à l’industrie du tabac qui manipule, utilise des moyens détournés pour attirer les jeunes vers la cigarette électronique : le côté bonbon, stylé, cool, qui procure des sensations fortes.
En revanche, si j’ai trouvé le fond plutôt fourni quant aux moyens mis en œuvre pour attirer les jeunes, il m’a manqué le côté nocivité.
Le raisonnement qui revient souvent chez les jeunes, et très bien décrit dans la BD : « ce n’est pas comme la cigarette, c’est plus un bonbon ».
Une fois que le jeune a essayé, y a-t-il des additifs pour rendre dépendant, et quels en sont les dangers pour la santé ?
Même si la BD illustre clairement que les deux produits, cigarette et vapoteuse, utilisent des stratégies similaires pour séduire leur public, elle ne démontre pas que leurs effets sur la santé sont équivalents.
Au moins la BD interroge : « les études scientifiques sur les effets de la vapoteuse existent-elles déjà et sont-elles assez avancées ? Les résultats en montrent-ils les dangers ? Et sont-elles réalisées en toute indépendance des industriels du tabac ? »
BD sur commande par des lobbies privés antivape qui cultive les mêmes intérêts que l'industrie du tabac. Le tabagisme "nourrit" l'industrie du tabac (fabrication), les buralistes (vente), l'État (taxes), la pharma (maladies, traitements), les associations antitabac (subventions). La vape met "un coup de pied" à tout ce système… les jeunes ont compris, et ça les rend dingue : ils ne fument plus… ils vapent ;-)