Tsunami (Ned Wenlock) Tsunami

N ouvelle-Zélande, de nos jours. Jeune ado, Peter est un peu le souffre-douleur de son école. Gus et ses potes, en particulier, l’ont pris en grippe et ne se privent pas pour le tourmenter. Il se l’a joue donc discret pour ne pas envenimer les choses. Pourtant, il en aurait à dire à propos de cette bande. L’arrivée dans sa classe de Charlotte change la donne. Celle-ci ne se laisse pas faire et n’hésite pas à tenir tête et à jouer des poings face à Gus ou à n’importe qui d’ailleurs. Peut-être que Peter pourrait apprendre deux-trois trucs auprès d’elle et devenir un «badass» ?

Chronique adolescente comme il en existe beaucoup, Tsunami fait immédiatement penser aux œuvres de Max De Radiguès. Sortir de l’enfance, appréhender la dureté de la réalité, comprendre les non-dits indispensables à la vie en société et, avec de la chance, trouver sa place, telles sont les épreuves que tout le monde traverse. Ce n’est pas différent pour Peter. Ajoutez-y un cercle familial difficile (ses parents sont sur le point de se séparer) et une sensibilité extrême (avouer la moindre faiblesse ou, simplement, être différent est mortel dans la cour du lycée) rendent son quotidien morose et parfois cruel.

Pour son premier album, Ned Wenlock ne réinvente pas la roue, mais propose un récit solidement charpenté et très bien dialogué. Les échanges sont courts et souvent à sens unique. Face aux questions des autres et à ses propres questionnements, le jeune héros ainsi que ses coreligionnaires n’ont pas grand-chose à dire. Oui, non, peut-être et alors ? Ils testent en permanence les limites du système et tentent inlassablement de saisir la manière dont il marche. Le bien, le mal, la vérité, les mensonges et tout ce qu’il y a entre. La fable n’est pas nouvelle.

Le style graphique très simple et épuré, à la limite de l’art naïf rend la narration facile d’accès et pleine de ressenti. Certes, l’action se déroule de l’autre côté de la planète. Pourtant, cette localité pourrait aussi bien être en Amérique qu’en Europe. En fait, ce que raconte l’auteur est un rite de passage ou une étape obligée pour tout un chacun. L’instant où, devant sa maison et son petit cocon familier, un univers complet s’ouvre et dans lequel les repères et les règles du jeu en vigueur jusque-là cessent d’exister. Un changement total de paradigme, un Tsunami.