C
laire est enseignante et traductrice de poésie. Les mots remplissent son quotidien comme sa vie. Alors, quand à la suite d’un AVC, ils viennent à lui manquer, elle se voit amputée d’une partie d’elle-même. Aussi, pour continuer à vivre, la jeune Madrilène doit conjuguer son quotidien différemment.
Face à la douleur ou à la maladie, la bande dessinée peut être une forme de thérapie et donner libre cours à toute forme d’empathie. Lointains mes mots n’est pas le premier ouvrage du genre qui s’essaye à faire comprendre le long chemin de la reconstruction. Mais pour l’heure, plutôt que de s’attacher à un parcours médicalisé, Anaële Hermans ose un parallèle entre l’accident vasculaire de Claire et le naufrage du Prestige aux larges des côtes de Galice en novembre 2002. En obligeant l'universitaire à quitter Madrid pour les plages meurtries du cap Finisterre, la scénariste belge la force à aller à la rencontre de personnes qui elles aussi, pour des raisons diverses et variées, ont été obligées de se reconstruire un avenir en dehors des chemins qu’elles s’étaient tracés. Leur confrontation va donner ainsi à Claire la force de se recomposer un avenir qui à défaut d’être radieux en sera pour le moins apaisé ! La sensibilité comme la retenue imprégnant ce scénario se retrouvent en écho dans le dessin de Sandrine Revel qui opte pour un austère gaufrier mis cependant joliment en couleurs par un « jeu de crayons » en parfaite harmonie avec le ton du récit.
Sans nombrilisme et avec une simplicité salvatrice, Lointains mes mots choisit de parler de résilience mais surtout d’avenir et évite ainsi de tomber dans le pathos de circonstance. Album intimiste par excellence, il sera cependant dommage qu’il demeure confidentiel !
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