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anvier 1793. Le Roi est mort. La nouvelle arrive dans le pays nantais et suscite des réactions contrastées où dominent l'incompréhension et la stupéfaction. Néanmoins, la colère gronde dans les campagnes et certains royalistes cherchent des militaires pour former et encadrer une armée de paysans. La révolution contre la Révolution est en marche. Après avoir trahi l'armée pour plaire à son père, Enguerrand commence à avoir des doutes sur la bande de paysans qu'il a encadrée. Les royalistes savent orienter les émotions populaires et la République leur apporte une aide inespérée avec le vote de la levée en masse par l'Assemblée. La loi passe très mal dans les provinces et suscite des émeutes lorsque les forces de l'ordre viennent chercher les hommes. C'est aussi pour cette raison que Titor et Pince-mitraille sont libérés de prison. Non pas que la justice les ait innocentés, mais parce qu'ils vont grossir les rangs de l'armée républicaine, qui peine à trouver des recrues. Après avoir retrouvé son père dans le tome précédent, Léodatie, accompagnée de Mélinda poursuit l'enquête pour faire tomber le marquis de Valoire. Au fur et à mesure de leur voyage et des dangers, elles parviennent à entrer dans l’hôtel particulier du marquis où Mélinda fait une découverte importante. Quant à Célénie de Montencourt, son alliance avec le brigand Mange-Doigt lui a fourni un allié de poids. Malheureusement, ce dernier est blessé par le commissaire Lambert. Lors d'une entrevue, qui aurait permis à l'aristocrate de convaincre un juge, Lambert tente de tuer l'enfant et c'est le brigand qui reçoit la balle. En fuite, le duo se retrouve isolé.
Que de péripéties dans ce tome ! Régis Hautière parvient à coller son récit aux grands évènements de l'année 1793. Le scénariste déroule les fils de ses narrations lentement, tenant en haleine les lecteurs. Le fait que la bande d’enfants soit séparée lui permet de traiter différents moments de la Révolution. Passant outre l’écueil du documentaire masqué en bande dessinée, l'auteur réussit à dynamiser l'intrigue principale, tout en lui arrimant de nouvelles, avec une mise en contexte souple et efficace puisque historiquement juste. Ainsi, les bédéphiles découvrent la manière dont le processus révolutionnaire est perçu dans la province nantaise. Loin des images d’Épinal et de la propagande, le scénariste montre que la période est trouble, que les idéaux sont multiples et que le consensus n’existe pas. Les ambitions et les trahisons vont bon train, ce qui donne un rythme effréné tout au long de l'album. Le scénario est habilement construit, tant et si bien que la série s'adresse tout autant aux jeunes lecteurs qu'à leurs parents.
Comme depuis le début, Xavier Fourquemin offre des planches détaillées. Que ce soit pour les rues de Nantes ou de sa périphérie rurale, le dessinateur tire profit de sa documentation pour condtruire un cadre précis. Les protagonistes sont dorénavant connus des bédéphiles, grâce au style de l'artiste, qui leur attribue un faciès semi-caricatural. Ainsi, les brigands ont de sales trognes, tout comme certains nobles félons. Jouant de son cadrage, appréciant les gros plans sur les visages de ses personnages, de fait très expressifs.
Intelligente et divertissante, sachant s'adresser à un large public, cette suite de la série Révolutionnaires se lit avec plaisir.
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