I
l y a quelques années, avant d’avoir gagné les lauriers gaulois grâce à sa honteuse exploitation de la variété française, Fabcaro avait montré la voie. Plus près de nous, Emmanuel Reuzé résumait la démarche en un titre choc : Faut pas prendre les cons pour des gens. Aujourd’hui, au tour de Quiproquos de venir s’ajouter à la longue liste des albums synthétisant la pensée profonde de Pierre Dac : «Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir.»
Aphorismes, vannes, piques et bouts de bon sens.
La trajectoire est devenue habituelle : Constance Lagrange tenait tranquillement salon sur instagram© (@constance_lagrange) et a été remarquée par James. Deux-trois ajustements éditoriaux et voilà ses gags minimalistes, allant de la critique sociale à l’absurde en passant par la chasse aux irritants, intégrés à la collection Pataquès des éditions Delcourt. Prévu initialement pour être partagés et immédiatement oubliés, ces strips jouant sur la répétition et la connivence avec le lecteur se lisent facilement, sans un certain plaisir plus ou moins coupable suivant son niveau de désespoir personnel. Bien affûtée, l’autrice débusque avec gourmandise les errements de nos discussions de tous les jours et ne se fait pas prier pour les démonter, une chute cinglante à la fois. Sans cruauté, mais pas sans une bonne dose de mauvais esprit, elle démonte ainsi notre bêtise commune.
Joli petit livre carré à la réalisation soignée et au contenu gentiment acide, Quiproquos est un ouvrage dans l’air du temps. Celui dans lequel les problèmes complexes ne nécessitent pas plus de deux phrases et de trois cases d’explications. Heureusement, ces réponses toutes faites font rire, ce qui est parfaitement suffisant et salvateur.







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