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zra, concepteur de jeux vidéo dans la Silicon Valley, est contraint de rentrer d'urgence à Marseille. Son frère a disparu, laissant son père en plein désarroi. Il traîne un peu les pieds. Cela fait des années qu'il ne parle plus à Yan, ce dernier lui reprochant d'avoir fui. Sur place, le jeune homme doit renouer avec ce passé qui l'embarrasse. Au fil de son enquête, il fait la connaissance du docteur Daoud, psychiatre qui s'occupait, entre autres, du disparu. Le médecin lui apprend l'existence d'un mal mystérieux : le syndrome de l'iceberg, causé par l'exposition aux objets connectés. Des hommes et des femmes utilisent massivement ces assistants vocaux, qui deviennent de véritables substituts aux interactions sociales. Le repli sur soi qui en découle peut devenir irréversible, d'autant qu'une véritable culture souterraine se développe à son sujet avec, en point de mire, le Japon.
Dans cet étrange récit d'anticipation, Paul Rey s'inspire des hikikomori, ces Japonais qui se cloitrent chez eux, fuyant tout contact avec le monde extérieur. Il dresse un constat troublant, s'alarmant de l'omniprésence d'assistants personnels en tous genres, qui offrent l'illusion d'une présence bienveillante. Black Mirror n'est pas très loin.
Le scénario jongle habilement entre enjeux intimes et universels, et propose quelques belles idées ainsi que des personnages complexes. Le traitement graphique très sobre accentue le côté terriblement crédible de ce qu'imagine l'auteur. Indubitablement, Le syndrome de l'iceberg s'impose comme une belle réussite, intelligente et inquiétante.
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