N
atacha fait partie d’un groupe de dix hommes et autant de femmes. Tous participent à une expérience dans un centre de recherche russe. Ils ont en commun d’avoir subi un traumatisme dont ils peinent à se remettre. Pendant une année, ils prendront part au projet Anastasis. Au terme de l’exercice, ils devraient être soulagés de leur poids. Avec son quotient intellectuel de cent quatre-vingt-quinze, la protagoniste réalise que quelque chose ne va pas. L’endroit s’apparente à une prison ; les gardiens sont d’ailleurs armés. Elle a aussi l’intuition qu’un mystérieux lien l’unit au professeur Vetrov, le maître des lieux.
Le prolifique Philippe Pelaez (Automne en baie de Somme, Le bossu de Montfaucon, La Chambre des merveilles) inscrit Ceux qui n’existaient plus dans un futur relativement proche. Le récit est bien mené, l’auteur distille doucement les indices pour conduire à une conclusion qui, si elle n’est pas vraiment surprenante, se montre satisfaisante. L’ensemble se présente comme un hommage au neuvième art ; chaque chapitre se dévoile sous l’égide d’un classique du cinéma anglo-saxon. D’abord Fenêtre sur cour, d’Alfred Hitchcock, suivi du réconfortant La vie est belle, de Frank Capra ; mais quand les choses se corsent, Vol au-dessus d’un nid de coucous, de Milos Forman, et Orange mécanique, de Stanley Kubrick, apparaissent au menu. Le jeu de pistes cinématographiques est intéressant ; cette information vend toutefois la mèche, alors que le bédéphile, s’il est un peu cinéphile, sait exactement à quoi s’en tenir.
La couverture est également très bavarde : une dame dans un fauteuil roulant, des électrodes plein la tête ; derrière elle un malabar armé d’un fusil muni d’un silencieux. Disposant d’emblée de toutes ces données, le lecteur comprend immédiatement que la convivialité des premières planches n’est qu’un leurre. Le dessin réaliste d’Olivier Mangin est soigné ; les comédiens jouent juste et les décors, dépouillés et impersonnels, accentuent le malaise dégagé par les lieux. La construction dynamique et les prises de vue variées donnent beaucoup de dynamisme au projet.
Un agréable suspens, parfois court-circuité par des indications trop nombreuses.
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