A
do rêveur et pas méchant pour deux sous, Abel cache en fait son jeu. En effet, si dans la vie de tous les jours il est plutôt discret, il a une passion qui l’enflamme quand vient le moment de se montrer. Il est cosplayeur ! Même si ce passe-temps ne rencontre pas énormément d’enthousiasme de la part de ses proches, il y tient et il y croit. Surtout, cette fin de semaine, c’est la Comi-Kon à Paris. La plus grande concentration de geeks de l’année et il y a un concours de déguisement. Avec des potes également amateurs de grimage, il va se lancer devant un public de fans en délire. Son costume est parfait et le moral gonflé à bloc. Une fois sur place, la fête commence. Attention cependant, sait-on jamais vraiment qui se trouve derrière les masques ?
Titre jeunesse mettant à l’honneur la pop-culture, Cosplay est un récit à la frontière des genres. D’un côté une histoire assez classique où le héros doit se confronter à ses peurs et tenter de s’affirmer et, de l’autre, un véritable thriller haute tension où la réalité s’invite à la fête de l’imaginaire avec moult fracas et rebondissements dignes des meilleures séries télé. Cet «affrontement» est nourri d’une multitude de références et de clins d’œil à presque toutes les productions audiovisuelles/comics/anime des trois ou quatre dernières décennies.
Dialogues improbables, tentatives désespérées et dérisoires pour reproduire un geste vu des milliers de fois sur un écran, mais aussi une vraie violence froide se font face page après page. Les tenants et les aboutissements de l’intrigue restent un peu nébuleux et la dramaturgie ne s’encombre pas trop de réalisme (cf. l’action des forces de l’ordre). Pourquoi pas, c’est comme ça que ça se passe à Hollywood, n’est-ce pas. Plus gênant pour la lecture, le découpage se montre démentiel et de plus en plus dense l’album avançant. Ça court et ça crie dans tous les sens, les planches se distordent façon manga alors que le fil narratif, déjà bien ténu, s’évapore totalement après un énième coup de théâtre. Oui, la situation est tendue, voire dangereuse, mais, de grâce, laissez au lecteur quelques cases pour respirer et faire le point !
Coup de chapeau à Maribel Conejero qui n’a pas abdiqué devant la tâche et offre un tour de force graphique. En dépit de la surenchère permanente du scénario, la dessinatrice ne perd jamais de vue ses personnages et, si tout n’est pas parfait, l’ensemble reste globalement lisible. En gros, elle sauve les meubles d’un projet sous-dimensionné qui aurait certainement mérité un ou deux tomes de plus.
Véritable partie de plaisir en direction des amateurs du genre soutenue par de nombreuses idées intéressantes et pertinentes, Cosplay souffre d’une pagination trop restreinte pour contenir efficacement la faconde d’un scénariste déchaîné. En résumé, ce n’est pas mal et un peu dommage aussi.
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