Wilson marque un changement éditorial important dans la carrière de Daniel Clowes. En effet, c’est la première œuvre de l’auteur de Ghost World à sortir directement en album, sans passer par la prépublication via son comic Eightball. Ironiquement, au moment où la notion du « à suivre » disparait, Clowes a construit son récit sous la forme de soixante-dix gags indépendants d’une planche. Nostalgie du temps passé ou troublante anticipation de la future BD sur Iphone ?
Le lecteur ne sera pas dépaysé en découvrant Wilson, car le dessinateur continue d’y explorer ses thèmes fétiches de l’aliénation face à la société. Si Wilson n’est pas exactement une version plus âgée de David Boring, il partage néanmoins de nombreux points communs avec celui-ci. Plus ou moins - selon le point de vue - anti-héros, Wilson a choisi de vivre dans sa propre réalité au sein de la civilisation. Il poursuit sa petite existence et critique sans aucune pitié ses contemporains. Évidemment, quand vient le temps d’établir des relations humaines plus durables, comme avec sa famille par exemple, les choses pourraient se compliquer. Pas pour lui, il continue, tête la première, à suivre son credo, faisant fi des conséquences. Le décalage permanent entre ces deux mondes est amusant et effrayant. À la fois sage et paria, Wilson semble faire preuve d’un immense discernement et, parfois, d’un bon sens imparable. Il se révèle, également, un monstre d’égoïsme, froid et détaché. Au final, ce récit, oscillant en permanence entre farce et tragédie, est passionnant à explorer.
Après avoir revisité à sa manière les super-héros dans le Rayon de la mort, Clowes rend hommage aux funnies et Sundays comics. Il utilise la structure segmentée de son histoire pour varier le style graphique d’une planche à l’autre, passant allégrement du naïf à l’hyperréalisme. En plus de confirmer son immense talent, ce changement continuel de graphisme donne une exceptionnelle profondeur à l’ouvrage, le burlesque apparent de la forme ne correspondant pas toujours à la légèreté de certains propos (et vice-versa).
Fable moderne cruelle et drôle, Wilson séduit autant par sa construction originale que par son ton décalé. À lire.
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Le livre décrit la vie d'un personnage parfaitement cynique et asocial par un enchainement de 71 planches chronologiques. Mais malgré la construction originale, cela m'a déçu. Et pourtant pour ses autres livres j'avais toujours adoré Daniel Clowes. Mais ici, le format qui enchaîne à la fois les gags sur une page et une avancée temporelle, qui au fil des histoires, construit un récit est assez déroutant, voire brouillon par certains moments. On ne sait pas bien qui est qui. Par ailleurs les variations de styles graphiques ne sont pas bienvenues certaines étant particulièrement pauvres.
Pour les gags en une page, j'en ai trouvé très peu de vraiment cocasses. Le récit est plutôt du genre décalé, voire incongru ce qui est loin du comique, même si au fil des pages le système narratif se cale de mieux en mieux.
Ne pas découvrir Daniel Clowes parce livre!
Wilson est une bd fort étrange dans la conception. Le style graphique change à chaque page en faisant pourtant évoluer le même protagoniste à savoir Wilson. C’est très intéressant de voir cette palette de variation graphique qui démontre un talent certain de dessinateur.
Au niveau du fond, je serai beaucoup moins dithyrambique. Je n’ai pas aimé cette forme d’humour un peu caustique même si je dois reconnaitre qu’il y a un talent certain dans l’enchainement. A vrai dire, cela ne m’a pas fait rire du tout. Je trouve Wilson complètement imbu de sa personne et ce n’est pas le genre d’ami qu’on aimerait avoir.
C’est trop glauque et amer pour moi. Quand il n’y a pas la légèreté, il y a la noirceur. Il faudrait juste une œuvre qui trouve le juste équilibre pour pouvoir me séduire.