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« Dragon est un héros dans ses paroles »

Entretien avec Simon Spruyt et Nicolas Juncker

Propos recueillis par L. Gianati Interview 23/08/2022 à 11:04 4771 visiteurs



Revisiter l'Histoire s'apparente souvent à un exercice de style périlleux. Comment rendre un récit captivant en respectant un minimum l'authenticité de faits avérés tout en tournant astucieusement en dérision des personnages connus de tous ? Pour la recette idéale, il faut demander à Simon Spruyt et Nicolas Juncker qui signent avec Les mémoires du Dragon Dragon un album à la fois passionnant et irrésistiblement drôle. 


Nicolas, quelle a été l'idée première de ce projet ? Le personnage de dragon Dragon ou le contexte historique ? 

Nicolas Juncker : Les deux en même temps. Je voulais faire un récit d'aventures mais décalé. De nombreuses périodes pouvaient correspondre mais je me voyais mal partir sur quelque chose de méconnu. Cela aurait pu être un western, une histoire de pirates ou de chevaliers du Moyen-âge, ou de Vikings mais, assez rapidement, il y a eu cette idée de dragon Dragon. Je pensais certainement à un truc d’Héroic Fantasy ou de chevaliers et, tout à coup, j’ai eu l’idée d’un personnage qui s’appelait dragon Dragon et ça m’a fait vraiment rire, je trouvais ça complètement con. Je me suis dit : imaginons qu’un dragon s’appelle vraiment Dragon comme nom de famille, comme s’il y avait un boulanger qui s’appelait Boulanger ou quelque chose comme ça, et j’ai pensé aux Dragons. Si je fais ça à la période de la Révolution et de l’Empire, j’ai de la matière pour faire une série en soixante-douze tomes. J’ai commencé à me documenter et à lire un peu sur la période, surtout sur les batailles de l’époque, celles plutôt méconnues, comme la toute petite bataille dont je parle au début du tome 1 où le général Dillon se fait assassiner à Quiévrain. Il y avait plein de petites anecdotes plus "débiles" les unes que les autres. On a par-ci par-là des dragons qui mettent en fuite des régiments entiers, ou un général qui se fait assassiner par ses hommes, et comme souvent dans l’histoire militaire, il y a plein de petits trucs assez improbables. Je me suis dit que j’allais avoir une matière assez conséquente pour faire des scénarios.

Lors de la bataille de Valmy, on ne sait pas trop ce qu’il s’est passé, ce qui laisse la porte ouverte à beaucoup de possibilités...

N. J. : Oui c’est ça. C’est assez étonnant mais il n’y a pas que Valmy, c’est le cas de plein de batailles. On y reviendra dans des tomes, plus tard, mais même sur de grandes batailles mythiques comme Arcole ou Waterloo, il y a des zones d’ombre complètement hallucinantes. On ne comprend toujours pas pourquoi Napoléon envoie un télégramme à Paris à dix-huit heures depuis Waterloo pour dire qu’il a gagné la bataille. Que s’est-il passé donc passé entre dix-huit heures et dix-huit heures quinze ? La bataille de Valmy est moins connue, on a tous l’image d’Épinal du moulin, des troupes françaises qui dévalent la vallée, la pente et les Prussiens qui s’enfuient. En creusant, tout vient très vite, il suffit de taper « Bataille de Valmy » dans Google et c’est une avalanche de remises en question, de « mais non, ça ne s’est pas passé comme vous le croyez » et de « on nous ment » et tous ces trucs-là.

Historiquement, quelle est la version la plus plausible ?

N. J. : A priori, c’est quand-même la version traditionnelle. Les Allemands étaient mal en point, ils étaient supérieurs en nombre selon les professionnels mais il ne faut jamais oublier leur différence. On le voit actuellement en Ukraine entre une armée de mercenaires qui ne comptent que sur leur paye et une armée de gens qui se battent pour leur territoire, pour leur idéal, pour leurs envies... Les Français étaient très remontés et beaucoup de militaires de métier s’étaient barrés et avaient rejoints l’armée émigrée. On a vraiment des sans culottes, des gugusses qui remontent de Marseille, de Bordeaux, et ils en veulent, ils veulent bouffer du noble, ils veulent mettre la pâtée à ces étrangers qui souhaitent mettre à bas la République. Les Prussiens en face sont vraiment malades apparemment, ils ont des problèmes de santé, peut-être la dysenterie. L’armée n’est pas très bien tenue par Brunswick qui n’est pas très courageux, on lui a reproché une grosse passivité durant la bataille… D'ailleurs, a-t-il vraiment livré bataille ? Tout ça n’empêche pas de se poser des questions sur le fait du trésor royal qui a été dérobé, comme par hasard, une semaine avant et dont on n’a jamais retrouvé trace. Est-ce qu’on a vraiment retrouvé le diamant bleu dans les poches du descendant de Brunswick ? On ne le saura jamais.

Simon, vous veniez de terminer Le Tambour de la Moskova, période un peu plus tardive que celle du dragon Dragon...

Simon Spruyt : Je n’avais pas l’intention de recommencer dans cette période, c’est juste Le Lombard qui m’avait envoyé le scénario du Dragon Dragon parce qu’ils cherchaient un dessinateur. Quand j’ai lu le sujet, j’ai d’abord pensé « non, j’en ai assez » et c’est le scénario qui m’a convaincu de le faire. Même si l’époque est un peu similaire, c’est un tout autre style, un tout autre registre, c’est beaucoup plus marrant. C'était assez éloigné du Tambour du Moskova donc, finalement, le scénario m’a convaincu.

On retrouve comme dans Le Tambour de la Moskova un personnage qui est au milieu des batailles et qui finalement s’en sort par on ne sait quel miracle...

S. S. : Aucun des deux n'est un vrai héros. Même si Dragon n’est pas un héros classique militaire, c’est tout de même un héros dans ses paroles, il prend l’initiative même si ce sont des initiatives à la con. Vincent (personnage principal du Tambour de la Moskova, NDLR) par contre n’a rien de ce coté héroïque, il est tout à fait neutre. 

Nicolas, comment avez-vous imaginé le personnage du dragon Dragon ? Avez-vous dressé une liste de tous les traits de caractère qu'il devait posséder ? 

N. J. : (rires) J’ai fait la liste des sept péchés capitaux et j’en ai coché certains tout en gardant les autres pour des idées futures de scénarios. Plus sérieusement, j’ai eu une influence d’un personnage littéraire qui s’appelle Flashman issu de la littérature anglaise populaire, une espèce de héros anti-héros, une crapule, un hussard qui traverse les guerres de l’Empire britannique à la fin du XIXe. Pour le dragon Dragon, je voulais un personnage qui soit à la fois un vrai héros, beau, super cavalier, combattant, duelliste et je me suis demandé ce qui pourrait complètement foutre en l’air cette image-là. J'ai pensé à la lâcheté, mais vraiment une grosse lâcheté, pas juste avoir les foies comme n’importe quel soldat avant la bataille parce que ça, au contraire, ça rend attachant. Je voulais un truc qui pose vraiment problème comme un type qui fout en l’air tout le reste du régiment pour sauver sa peau. Il y a aussi le coté obsédé sexuel, j’allais en faire une sorte de gros dégueulasse qui saute sur tout ce qui bouge évidemment, pas forcément attiré par les belles nanas parce que ça n’aurait pas fait rire du tout non plus. J’avais tout de suite des idées de blagues, de gags, dont la première scène avec le capitaine, la première scène avec Anselme dans la forêt, celle avec le père et sa fourche qui l’accuse d’avoir violé sa fille, la scène avec Dumouriez... Moi, en tous cas, ça me faisait rire donc je l’ai écrit comme ça. Je trouvais que c'était décalé, que c'était drôle, qu’on avait envie de tourner les pages car c’est aussi un récit d’aventures mine de rien. Il y a un fond historique un peu lourd, un peu sérieux, il y a des duels au sabre, des types qui courent dans les hautes herbes la nuit, des scènes de cheval au galop histoire d’embêter Simon. 

Finalement, il y a très peu de femmes dans le récit...

N. J. : Oui, il n’y en avait pas à l’époque dans le milieu militaire et je ne suis pas du genre à rajouter des femmes là où il n’y en a pas besoin comme quand j’ai fait Immergés. Par contre, quand j’ai fait La Vierge et la Putain ou Seules à Berlin, il y a des personnages féminins qui sont en première ligne. Il y aura des personnages féminins qui vont venir, notamment dans le tome trois avec Joséphine.

Une bonne histoire passe souvent par un bon duo. Bien qu’Anselme subisse souvent les assauts du dragon Dragon, il lui dit aussi ses quatre vérités...

N. J. : Au départ, Anselme était un personnage secondaire qui apparait de temps en temps et qui sert juste à faire verbaliser des choses à Dragon. D’un point de vue narratif, c’est plus facile de faire dire une pensée dans un dialogue plutôt qu’une bulle de pensée à la noix, c’est plus vivant et plus marrant. D'autre part, j’introduisais l’idée de sexe entre les deux personnages. Dans ma tête, c'était quelqu'un d’un peu âgé sans grande importance. C’est Simon qui l’a dessiné immédiatement comme une espèce de jeune homme, une sorte d'éphèbe, et ça a éclairé les choses différemment. Camille Monnart (responsable éditoriale au Lombard, NDLR) et Matthias Vincent (éditeur au Lombard, NDLR) ont soulevé un peu ce coté Jiminy Cricket. Camille me disait : « tu peux faire un personnage comme le dragon Dragon qui fait les pires atrocités mais, à un moment, il faut qu’il y ait un personnage à coté de lui qui verbalise que c’est une atrocité ». C’est pour ça qu’Anselme est là et je trouve que c’est une bonne idée. 

Vous êtes tous les deux scénaristes et dessinateurs sur vos précédents albums. Comment s’est effectuée la répartition des tâches ? 

S. S. : Au début, le scénario du tome un était déjà prêt, Nicolas l’avait déjà écrit avec les dialogues mais sans découpage. J'ai commencé à faire les storyboards et quand je les lui envoyais on en discutait. Nous donnions des remarques à tour de rôle et ça fonctionnait assez organiquement. On m’a laissé assez de liberté pour faire la mise en page, ce que j’ai beaucoup apprécié. Pour le reste, c'était déjà fait et j’en étais content. La chose la plus importante que j’ai ajoutée, c’est l’idée de faire les gravures. C'est Nicolas qui a imaginé toutes les blagues, il sait bien comment ça fonctionne dans sa tête et parfois je n’avais pas bien compris. On a fait quelques petits ajustements pour mettre au point le coté humoristique, pour que la chute de la blague tombe au bon moment.

N. J. : Je ne pense pas que ce soit un hasard si Matthias Vincent nous a mis ensemble. Il devait penser que Simon et moi avions un peu le même esprit. Mes dialogues étaient écrits mais effectivement pas découpés. Simon s'en est très bien chargé et c’est ça qui est bien pour un scénariste. D’une part, il ne plante pas les blagues, il sait exactement quand faire tomber une bulle, une fin de phrase, comment faire l’expression du visage en en faisant pas trop mais juste assez. Si on en fait trop c’est raté, si on en fait pas assez c’est pas très clair. De plus, avec les gravures et son style de dessin, il donne une touche particulière au récit. Avec un autre dessinateur, ça aurait pu très vite dégénérer en espèce de comics troupier un peu cul et un peu lourd. Je pense que la manière dont s’y prend Simon élève le dessin et les gravures y participent parce qu’elles donnent une pause dans le récit, elles le rythment mais donnent aussi un cachet historique et esthétique.

Ces gravures sont-elles aussi un plaisir pour le dessinateur, l'occasion de changer de registre et de sortir de la réalisation de planches plus classiques ?

S. S. : Je ne pense pas car j’ai gardé la plupart des gravures pour la fin. J’ai pris du plaisir mais c'était un peu comme faire une couverture d’un album. J’aime bien le faire mais pour une raison ou une autre, il y a plus de stress que sur des pages de BD simples. Quand on réalise de grandes illustrations comme ça ou une couverture, vous savez que ça va sauter aux yeux et que ça va être regardé avec plus d’attention que le reste. Je pense que c’est peut-être pour ça que j'ai repoussé le moment où je devais les faire. 

Bien qu’on soit sur une mise en page plutôt classique, celle de la deuxième planche ressort un peu différemment...

S. S. : J’ai commencé à faire quatre pages de storyboards pour donner une idée de ma vision à Nicolas et à Matthias et cette page-là est quasiment identique à la première version. Ça m’est venu assez naturellement. Au niveau du scénario, la scène est très bien écrite. Elle introduit le héros avec tous ses défauts. En même temps, elle a un coté très dramatique. Il était évident de mettre la mort de Dillon en plein milieu, sans cadre. Cela permet de faire ressortir un peu plus les différentes réactions autour comme celles des fantassins qui sont plutôt étonnés. Le dragon Dragon, quant à lui, reste tout à fait cool. C’est une très belle introduction du héros je trouve. 

Il y a une autre pleine page, qui n’est pas une gravure, celle de la bataille au sabre entre Dragon et Louis-Philippe...

S. S. : Oui, c’est pour changer le rythme et expérimenter. Je suis en train de faire un autre livre qui parle de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert et j’avais vu cette coupe d’un moulin en bois. Je m’en suis servi comme arrière-plan et je l’ai rempli avec mes petites figurines qui se battent. Comme toujours dans la bande dessinée, on lit du haut à gauche jusqu’en bas à droite. Je n’ai juste pas fait de vraies cases, j’ai mis les personnages dans un ordre qui simule un peu une action, un mouvement, de haut en bas.

Avez-vous trouvé le personnage du dragon Dragon rapidement graphiquement ? 

N. J. : Je n’avais rien donné comme indication, je ne crois pas.

S. S. : Si, tout au début dans le storyboard. Dans les quatre premières pages je l’avais dessiné tout à fait autrement, il était plus vieux, il avait un air aristocrate.

N. J. : Ah oui c’est vrai, il me faisait penser au Pied-Tendre dans Lucky Luke avec des cheveux longs, un peu aristocrate et, du coup, il avait un coté un peu trop aristo.

S. S. : Je ne m’en étais même pas aperçu mais quand Nicolas me l’a fait remarquer, j'ai alors fait quelques recherches Google direction porno années 70.

Pour les personnages historiques, êtes-vous resté fidèle à ce à quoi ils ressemblaient ?

S. S. : Avez-vous fait des contrôles ? (Rires) Alors, honnêtement, ils sont tout à fait parfaitement semblables.

N. J. : Je suis si peu physionomiste que je trouve qu’ils ont tous la même tête. Ils sont interchangeables. Comme dans les tableaux d’époque, ils toujours tous la même tête.

S. S. : Surtout dans un style un peu BD comme ça, c’est souvent juste les cheveux ou la moustache qui font la différence mais ces personnages historiques ont tous la même perruque, tous les mêmes uniformes de généraux. Un personnage comme Danton a quand même une gueule incroyable, donc ça aide beaucoup.

Les dialogues sont très importants, surtout dans ce type de récit...

N. J. : Il y a des dialogues qui viennent tout de suite très vite et la question est : « est-ce qu’ils me font encore rire à la cinquième relecture ? » Parfois, il y a des dialogues dont je ne suis pas très content et ça peut durer des heures. Il y a eu des passages du bouquin, pas beaucoup, peut-être deux ou trois vers la fin où j’avais envoyé d’autres versions et je les ai envoyées à Simon ou Mathias en leur disant qu’on devrait peut-être changer, j'étais encore à hésiter sur un mot et tant que ce n’est pas parti sous presse on peut encore tout changer. Quand je ne suis pas satisfait, j’essaye de changer un mot jusqu’au bout mais, finalement, ça ne change pas grand chose. La plupart du temps, tout est assez fluide et plutôt rapide, je n’ai pas à retravailler cinquante mille fois les dialogues. Je relis beaucoup. Je relis pour vérifier qu’il n’y a pas trop de répétitions et il y en a, qu’il n’y a pas trop de tics d’écriture mais il y en a plein. 

La couverture n’est pas sans rappeler la position de De Gaulle dans Un Général, des Généraux avec un personnage qui semble complètement détaché de tout ce qu’il se passe autour de lui...

N. J. : C’est drôle votre façon de comparer De Gaulle à un héros anti-héros dégueulasse, je vous en laisse la paternité du coup (rires). Je n’avais jamais fait le lien mais maintenant que vous me le dites c’est vrai que c’est marrant, c’est frappant. On pourrait même avoir comme le tableau de Valmy, un petit tableau de l’Assemblée Nationale ça serait super. Je crois que c’est mon goût commun un peu sarcastique pour raconter l’Histoire d’une manière un peu décalée, un peu ironique, en mettant en pièce les grands personnages de l’Histoire, ceux qu’on considère comme des grands. Ce n’est pas trop ma tasse de thé. On peut avoir un attachement émotionnel ou sentimental pour tel ou tel personnage mais un être humain ne fait pas l’Histoire, je n’y crois pas. De Gaulle est vraiment un de ces personnages-là, le dragon Dragon est quant à lui le gugusse qui va côtoyer les grands personnages sans en être un. On a un degré de plus dans l’ironie, du second-second-degré.

Y a-t-il eu plusieurs versions de la couverture ?

S. S. : Oui, six ou sept, je ne sais plus. C'était souvent trop centré sur le coté hyper-sexuel qui ne rend pas hommage au dragon Dragon qui est bien plus que ça (rires). On a eu du mal à trouver un équilibre entre toutes ses facettes, il devait y avoir un peu d’aventure, un peu de sexe quand-même aussi, un côté satyrique, humoristique, un peu de sérieux, un peu historique... En mêlant tout ça, nous avons trouvé la bonne couverture. 

N. J. : Quand tu as fait celle-ci, nous étions tous unanimes dessus.

Les mémoires du Dragon Dragon, c’est combien de tomes de prévu ?

N. J. : On verra, pour l’instant on a signé pour trois tomes.

Les séries longues comme Immergés, ça ne vous a pas vacciné ?

N. J. : Cette fois ce n’est pas moi qui dessine (rires) ! Le concept d’Immergés était un huis clos dans un sous-marin allemand sous le troisième Reich et il y avait dix-neuf sous-mariniers. La série était donc prévue en dix-neuf tomes car il y avait un tome par sous-mariner qu'on suivait de 1935 à 1943. On changeait de narrateur à chaque fois, d’histoire, de contexte. Évidemment, j’ai fait trois tomes et ça s’est arrêté. Peut-être que ça reprendra un jour, on ne sait pas. Là, on ne va peut-être pas faire dix-neuf tomes, Simon n’a peut-être pas que ça à faire. On va essayer d’en faire trois mais ce n’est pas une trilogie, ce n’est pas un scénario qui se boucle en trois tomes. Ce sont des aventures ouvertes un peu à la Tanguy et Laverdure ou à la Asterix. Il y aura quand-même des liens entre les tomes, évidemment une progression, mais il n’y a pas une intrigue avec des questions et une résolution en fin de tome trois. 

Avez-vous d’autres projets en cours ? Simon vous avez commencé à nous parler un peu plus haut d'un projet concernant l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert...

S. S. : Oui, c’est pour la revue dessinée dans la série de l’histoire dessinée de la France (voir : https://www.bedetheque.com/serie-58407-BD-Histoire-dessinee-de-la-France.html NDLR), je fais les Lumières, le XVIIIe siècle. C’est une collaboration avec des historiens.

Finalement, vous ne sortez pas du XVIIIe...

S. S. : Non et ça aussi, c'était tout à fait pas hasard car c'était un copain à moi qui devait le faire et comme il n’avait pas le temps il m’a demandé de m’en occuper. La Revue dessinée était d’accord et moi j’avais besoin d’argent donc j’ai dit oui (rires). C’est comme ça que ça marche. Sinon j’ai un autre livre, un truc sur lequel je bosse depuis quelques années déjà qui est un peu compliqué. C’est un mélange entre une histoire biblique de l’Ancien Testament et l’histoire d’un mec qui travaille dans le monde de la communication comme consultant, d’ailleurs il conduit une Renault Clio, c’est très important (rires). C’est une expérience pour voir ce que ça donne de mettre ces deux histoires cote à cote, elles sont tout à fait séparées mais sont racontées sur le même ton. C’est un peu difficile de la boucler, d'en faire un truc cohérent…

Nicolas, le dessin vous manque-t-il ? 

N. J. : Je dessine, mais un peu laborieusement. J’ai des planches près de moi, je dessinais encore cet après-midi. Le dessin c’est super important mais j’ai eu un peu de mal après Seules à Berlin, j’ai eu un coup de mou et je suis parti sur d’autres projets. Il y a eu Un Général, des Généraux puis Dragon Dragon. Là j’ai un autre scénario en cours avec un dessinateur, ça fait un autre projet encore. Il y a aussi la BD que je dessine, sur laquelle j’ai pris beaucoup de retard parce que je vais assez lentement : ça se passe de nos jours, c’est une historienne qui doit faire un mémorial de deux victimes de la guerre d’Algérie dans une petite ville fictive de Provence avec un artiste plasticien et un maire et tous les trois ne sont d’accord sur rien évidemment. Il y a des communautés, il y a des subventions européennes, le ministère de la culture, plein de trucs qui font que rien ne va jamais se passer comme prévu. C’est pas un gros pavé mais il y a quand-même pas mal de pages, c’est un bon roman graphique. Il est écrit depuis très longtemps et là je suis en train de le dessiner donc je ne sais pas quand ça va sortir, je ne me presse pas trop. Ce n’est pas une série donc je vais y arriver tranquillement.



Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

Les mémoires du Dragon Dragon
1. Valmy, c'est fini

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Un général, des généraux

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Immergés
1. Günther Pulst

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La vierge et la Putain
Élisabeth Tudor

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Seules à Berlin

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Le tambour de la Moskova

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