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Profession ? Éditeur !

Entretien avec Sébastien Gnaedig

Propos recueillis par L. Gianati avec l'aimable participation de M. Bain Interview 04/06/2018 à 09:44 5466 visiteurs

La deuxième édition du festival Oh les beaux jours ! à Marseille est le terrain de jeu idéal pour mettre en avant les relations intimes qui se tissent entre Littérature et Bande Dessinée. Sorj Chalandon n'en est pas à son coup d'essai puisque Profession du Père est son troisième roman adapté, après Le Quatrième Mur et Mon Traître. C'est au lendemain d'une conférence évoquant le délicieux manège des images et des mots au Théâtre de La Criée que Sébastien Gnaedig est revenu sur ce projet, sans oublier de faire un tour d'horizon des prochaines sorties des éditions Futuropolis dont il est le directeur éditorial.


Alors, cette conférence avec Sorj Chalandon ?

Sébastien Gnaedig : On s’était dit au départ qu’on allait être dix et que tout serait plié en trente minutes. Et finalement, on s’est retrouvés avec 240 personnes et la conférence a duré une heure et demie. Sorj est un orateur incroyable, il est à fond dans ce qu’il fait. Il a un grand public, très fidèle. Lui-même n’y croyait pas. La rencontre a été animée par Tewfik Hakem de France Culture dont on avait déjà fait l’émission, Le Réveil Culturel.

Si on vous demandait aujourd’hui votre profession, quelle serait-elle ? Auteur ou éditeur ?

S.G. : Éditeur. C’est mon métier principal. C’est celui que j’ai toujours voulu faire. J’ai la chance aussi d’être à une belle place, d’avoir pu relancer Futuropolis, d’y être à sa tête depuis une douzaine d’années maintenant, en retrouvant la place que cette maison d’édition occupait auparavant. Même au-delà de ce que j’avais pu imaginer. La fidélité et le contact avec les auteurs, c’est ce qui me motive principalement.

Comment partagez-vous votre emploi du temps entre ces deux activités ?

S.G. : Je travaille à quatre cinquième pour Futuropolis. J’ai donc une journée, le mercredi, où je peux dessiner. Je dois lancer la machine de telle sorte que je puisse également travailler un soir ou deux, ainsi que le week-end. Après, c’est une discipline à laquelle il faut se tenir. Pour pouvoir faire un projet aussi long que Profession du Père qui fait quand même 175 planches, il faut y travailler chaque semaine. J’ai toujours dit que la bande dessinée est un marathon, il faut donc s’entraîner.

Vos projets prennent combien de temps en général ?

S.G. : Ce projet est très particulier. Le précédent, Le Linge sale, réalisé avec Pascal Rabaté qui avait repris le scénario d’un film abandonné, a été étalé sur cinq ans. Je n’avais pas, à ce moment là, la bonne discipline et n'y consacrait pas suffisamment de temps. Quand j’ai vu le temps que devrait faire Profession du Père, je me suis dit qu’à ce rythme, je partais pour huit ans, ce qui n’était pas raisonnable. Finalement, je l’ai réalisé en moins de deux ans, adaptation comprise. C’est assez magique… Tout est venu très facilement.

Comment a été prise la décision de l’éditer chez Futuropolis ?

S.G. : C’est grâce à Sorj Chalandon. Quand j’ai commencé l’adaptation, j’ai voulu voir comment tout se mettait en musique. Si je sentais que ça allait être long, je laissais tomber. Pour le plaisir de l’adaptation, chose qui me titillait depuis déjà un moment, j’ai voulu avancer. Pendant un peu plus d’un mois, j’ai donc progressé tout seul en réalisant un découpage dessiné. J’avais fait plus d’un quart du roman, c’est à dire quarante ou quarante-cinq planches et ça venait très bien. Au moment où j’étais en train de me dire que ça partait plutôt bien, Claude Gendrot (Éditeur chez Futuropolis, NDLR) me dit, lors d’une réunion éditoriale de chez Futuropolis, qu’un écrivain de chez Grasset aimerait bien faire quelque chose avec nous. Et, c’était Sorj Chalandon. Je leur ai dit que j’étais justement en train de travailler sur son dernier roman. Je leur montre, ils trouvent ça bien. À ce moment-là, la coïncidence est telle que je prépare un dossier et un rendez-vous est pris un mois après. Je fonce alors pour aller jusqu’à la moitié du roman car il y a une scène clé que je veux montrer. Je fais donc jusqu’à 80 pages de découpage. Je rédige une lettre d’intention dans laquelle j’explique le portrait des parents… Il ne faut pas oublier que c’est l’histoire de l’enfance de Sorj Chalandon. Finalement, je ne peux pas me rendre au rendez-vous et c’est Claude Gendrot qui s’y rend à ma place. Chalandon venait de céder les droits de deux de ses romans, Mon Traître et Le Quatrième Mur. Il dit à Claude qu’il aime beaucoup les éditions Futuropolis et qu’il aimerait beaucoup travailler avec nous. Claude lui montre alors les 80 pages de Profession du Père découpées. Le lendemain j’ai un texto de sa part en me disant qu’il est ok.

Il a donc très vite accroché à votre vision de sa propre enfance…

S.G. : Oui. C’était son roman le plus personnel donc celui sur lequel il était le moins prêt à céder ses droits. Le fait d’avoir fait 80 pages lui a permis de se rendre compte comment je le représentais, comment je racontais son histoire. Ça lui a donc enlevé toutes les interrogations. C’est donc sur la foi de quelque chose qui existait qu’il a pu donner son accord. Il a ensuite été tout à fait bienveillant en me laissant faire.

Votre trait est pourtant très différent de celui de Pierre Alary…


S.G. : Oui. Il disait qu’on n'aurait pas pu échanger. Pierre Alary n’aurait pas pu faire Profession du Père et je n’aurais pas pu réaliser Mon Traître. Le fait d’avoir un dessin un peu plus ligne claire, un peu plus rond, un peu plus doux, fait passer la violence d'une enfance martyrisée. Quand le père donne des coups au fils, ce n'est pas réaliste avec la marque du poing ou le sang qui gicle, ce qui serait un peu trop dur. La violence est frontale mais il y a quand même une distance qui permet la lecture.

Qu'est-ce qui fait, selon vous, qu'un roman ait toutes les qualités pour en faire une bonne adaptation en bande dessinée ?


S.G. : Tout vient forcément d'un lien entre l'adaptateur et le roman. Il y a des romans que je juge inadaptables que d'autres ont pourtant faits. Je pense notamment à Ô vous, frères humains de Luz qu'on a publié chez Futuropolis d'après un texte d'Albert Cohen. C'est une longue logorrhée où il découvre, enfant, l'antisémitisme. Quand Luz m'a dit vouloir l'adapter, je n'ai pas pu imaginer une seule image. Ce qu'il a fait est brillantissime, c'est d'une inventivité et d'une audace incroyables. Jamais je n'aurais pensé qu'on puisse faire ça. De la même manière, adapter Profession du Père m'a semblé immédiat et évident. Je voyais très bien ce que je pouvais en faire, alors que les autres romans de Chalandon, non. Par exemple, Mon Traître adapté par Pierre Alary : je comprends ce qu'il a fait, je vois la logique, son fonctionnement dans sa mise en scène qui marche très bien mais je n'aurais pas pu le faire. Dans les adaptations que je publie en tant qu'éditeur, ça vient de l'auteur et il faut que quelque chose se passe entre lui et le roman. C'est pour ça qu'il n'y a pas de commande pour ce genre de projet.

Aucun récitatif, uniquement des dialogues...

S.G. : Je trouve que parfois le texte off est une facilité. J'ai donc voulu enlever tout narratif. J'avais envie de me confronter à ça. En même temps, je souhaitais garder les mots du romancier puisque c'est son écriture qui m'a aussi beaucoup séduit. On est dans un roman introspectif dans la mesure où on est dans la tête du petit garçon qui raconte ses sentiments. Je me suis donc dit qu'en montrant les scènes, en les dessinant, le lecteur allait un peu ressentir ce que le gamin ressent. C'était le cœur de mon adaptation. J'ai également fait en sorte que toute la narration permette de rythmer les dialogues, les séquences, même si on est beaucoup dans un huis-clos avec l'emprise familiale du père, bourreau, de l'enfant et de la mère. Il fallait donc que ce soit lisible, pas trop répétitif, et que les dialogues qui claquent dans le roman claquent également dans la bande dessinée en installant des silences notamment. A priori, à part deux bulles un peu techniques de liaison, j'ai réussi à faire en sorte que tous les autres textes soient de Sorj Chalandon.

Vous avez remis un ordre chronologique par rapport à celui du roman, mise à part la scène initiale...


S.G. : Oui, le roman commence et finit avec l'enterrement du père. C'était donc logique. Là encore, c'était une difficulté du roman. On est dans un récit de souvenirs. Un souvenir en amène un autre, puis un autre, et ainsi de suite... En bande dessinée, ça ne marche pas du tout comme ça. On ne peut pas passer comme ça d'une époque à l'autre. Il y a aussi beaucoup de scènes qui se répètent dont celle de la profession du père. J'ai choisi celle où le garçon doit remplir son cahier d'école et indiquer la profession de son père. Il y a quatre versions dans le roman. J'ai conservé celle d'agent secret qui me semblait la plus forte. J'ai donc tout remis dans l'ordre chronologique pour essayer de construire un arc narratif, du plus doux vers le plus dur avec la folie du père qui s'accroit, ainsi que le martyre de son fils. Je voulais aussi que la mère soit la première victime, c'est d'ailleurs ce que je montre dans une de mes premières scènes où c'est la mère qui subit la domination du père. Ce n'est pas le cas dans le roman. C'était mon intention de montrer la mère qui prend des coups, puis le fils, sans forcément excuser sa position qui est très particulière dans l'histoire. Elle ne protège pas son fils finalement, tout en étant la première victime. Sorj Chalandon m'a dit que j'avais donné plus d'importance à sa mère que ce qu'il en pense lui-même, que je l'avais plus pardonnée. Il m'a aussi dit que je l'avait aidé à lui enlever un peu de rancœur. Lui a très mal vécu le fait que sa mère n'ait jamais rien fait pour dire à moment donné que ce que racontait son père était faux.

À ce sujet, la première scène dans laquelle la mère ne voit pas le poisson dans le bassin est très évocatrice...

S.G. : C'est déjà une évolution du romancier... Dans la vie, elle ne l'avait effectivement pas vu, alors que dans la roman, elle avoue à son fils l'avoir vu. Chalandon a voulu évoquer le fait que sa mère savait. C'est l'une des rares choses qu'il a transformée ; ça, et le fait qu'il se révolte contre le père en le mettant en joue. Dans sa vie, même cette révolte là n'a pas eu lieu. Il l'a rêvée mais n'a pas pu le faire.

Le personnage d’Émile ressemble beaucoup à Sorj Chalandon...

S.G. : (Rires) Oui, il trouve que je lui ai fait un gros nez. Je me suis effectivement basé sur lui pour le faire. Par contre, les parents sont une invention, presque un code. J'ai voulu faire le père assez vite menaçant, je lui ai donc mis des lunettes pour que ses yeux noirs soient plus gros. Sa moustache lui durcit le visage. La mère est une sorte de petite souris un peu effacée, plus discrète avec son petit tablier et son serre-tête. Chalandon m'a dit après coup que sa mère était plus proche de la réalité, son père ne pouvant pas porter de moustache puisque ça faisait communiste. Quand il a écrit le roman, il avait forcément ses parents en tête. Quand il a lu la bande dessinée, il m'a dit que j'avais donné des parents à Émile. Ça lui a permis de prendre un peu de recul sur cette histoire, et de plaindre ce pauvre gosse. (sourire)

Vous êtes-vous fixé certaines limites quand il s'est agi de montrer la violence du père envers son fils ?

S.G. : L'une des images les plus dures que j'ai eu à dessiner, c'est finalement le lecteur qui finit d'imaginer la scène. À moment donné, quand le père voulait vraiment punir son fils, il le mettait dans une armoire toute une nuit. Il se retrouvait à genoux, les mains sur la tête, dans la penderie fermée à clé. Il passait la nuit au pied du lit de ses parents. Il y a une case dans laquelle on voit les parents qui dorment, avec une armoire fermée et on sait que le gamin se trouve à l'intérieur. Je pense que c'est l'une des pires choses qu'il lui a faite.

Certaines mises en page montrent la mainmise du père sur son fils, notamment la page 126 construite toute en symétrie...

S.G. : Oui. Au bout d’un moment, je cherche des solutions graphiques pour qu’il y ait une variété de séquences alors que c’est la énième version où le père est présent et fout des baffes. Il me semblait important d’être constamment à la recherche d’idées nouvelles pour le montrer. Une chose importante est qu’on est toujours avec le gamin. Je ne le lâche jamais. Il n’y a pas de scène périphérique. C’est toujours lui qui est là et au centre des choses. Même quand le père rentre à la maison et qu’il apprend que son fils a de mauvaises notes, qu’il donne une baffe à sa femme et qu’on comprend qu’il va rentrer dans la chambre pour taper son fils, tout est vu de la chambre où se trouve Émile. On est avec le garçon qui se ratatine au fur et à mesure qu’il entend les éclats de voix qui sont évoqués par bulles. On comprend tout le cheminement mais la seule chose que je montre c’est le gamin en train de se dire que son père arrive juste au moment où il ouvre la porte. C’était ma solution pour rester dans la tête du petit garçon de manière graphique.

Comment avez-vous imaginé la couverture ?


S.G. : Je cherchais à montrer la domination du père. C’est notre directeur artistique, Didier Gonord, qui m’a suggéré l’idée de ces pères géants. Pour la petite histoire, le premier projet de couverture est l’image qui est aujourd’hui en quatrième de couverture et inversement. Finalement, pour des questions de maquette, celle-ci s’est imposée. Je suis très content finalement du résultat final et on a eu beaucoup de retours positifs. Je crois qu’en fait, dès qu’on voit cette couverture, on comprend tout de suite le problème. (sourire)

On imagine mal Émile porter un pull rouge, un symbole sûrement trop communiste pour le père…


S.G. : (Sourire) Le fils n’avait certainement pas un pull rouge, c’est sûr ! La couleur tranchée marche bien sur cette couverture.

Selon vous, un bon éditeur doit-il forcément passer par la case auteur ?

S.G. : Non car beaucoup ne le sont pas. Il y a d’ailleurs très peu d’éditeurs-dessinateurs, je n’en connais  pas. Il y a, en revanche, quelques éditeurs-scénaristes. Je pense que ça m’a appris à avoir plus d’empathie envers les auteurs. Il y a deux choses importantes. Lorsqu’on est auteur, on manque de recul sur son travail en cours. Avoir un éditeur bienveillant qui est là pour accompagner un projet qu’il a signé, qu’il aime et qui aide un auteur à tenir jusqu’au bout ses intentions est essentiel. C’est pour ça que c’est Claude Gendrot qui a suivi mon projet chez Futuro. C’est quelqu’un qui, de temps en temps, vient me voir en me disant de faire attention à certains moments pour des problèmes de compréhension. C’est très important car ça permet à l’auteur, à moment donné de son travail, d’avoir le recul nécessaire. Ensuite, comme réaliser un album est un marathon, il y a forcément des moments de faiblesse, de creux, où l’on est moins sûr de ce qu’on fait. D’avoir ressenti une aide de mon éditeur à chaque album me permet d’être plus bienveillant face aux auteurs qui me disent la même chose. De toutes façons, le côté "je fais 5, 8 ou 10 pages par mois" ne peut pas être tenu sur toute la longueur. Il y a des moments où l’on est moins en forme, d’autres où l’on va en faire plus que prévu parce que ça vient très bien.

Quelles sont les principales sorties chez Futuropolis en 2018 ?

S.G. : On a plusieurs livres avec un fond historique pour la rentrée, c’est l’une des directions qui s’est imposée avec le temps. Il y a tout d’abord le premier livre d’un journaliste et animateur de radio de France Inter, Philippe Collin, qui raconte l’histoire de la vie de son grand-oncle qui a été l’un des dix mille Malgré-Nous, jeunes français alsaciens en 1944, a être intégré dans l’armée allemande. Pas dans la Wehrmacht mais dans la Waffen-SS. À ce moment-là, ces divisions d’élite ne se constituent que sur la base de volontariat mais elles sont décimées sur le front notamment à cause du débarquement qui a déjà eu lieu. Il faut donc les reconstituer et le préfet d’Alsace, contrairement à celui de Lorraine, donne son accord pour incorporer dix mille jeunes. Cette histoire raconte cela du point de vue de ces adolescents qui vont combattre du mauvais côté alors qu’on sait, à ce moment-là, que les choses sont dites. On comprend comment ils se retrouvent à le faire et à ne pas s’enfuir. S’ils venaient à déserter, leurs familles partaient tout simplement dans les camps. Cela raconte aussi comment cet enfant va faire toute la campagne d’Italie et se retrouver au cœur de ce qui sera l’un des plus grands massacres de civils; environ 1500, à Marzabotto. Ça s’appelle Le Voyage de Marcel Grob et c’est dessiné par Sébastien Goethals qui avait fait chez nous Le Temps des sauvages. On a aussi le premier tome sur 4 d’une nouvelle série des auteurs d’Un Maillot pour l’Algérie : Kris, Galic et Rey. Ils racontent l’histoire invraisemblable de Violette Morris, une femme qui, avant guerre, était aussi bien championne de boxe que championne de lancer du poids… Elle a été l’une des femmes les plus titrées de l’histoire mais aussi chanteuse de cabaret. C’est une femme hors norme à tous niveaux, elle a aimé hommes et femmes, elle a été l’égérie de Cocteau… Pendant la Guerre, on l’a soupçonnée d’être une espionne à la solde des allemands, on l’appelait la Hyène de la Gestapo. Elle a été tuée dans un guet-apens organisé par les FFI. Toutes les vies de cette femme sont racontées dans quatre livres qui correspondent à quatre époques et quatre directions différentes. Dans la collection Louvre, on continue la veine japonaise. On va faire paraître en deux tomes la mini-série de Naoki Urasawa qui vont sortir en août et octobre. Il y aura à la fin de l’année un livre de Luz, Mon Journal, qui raconte vingt-cinq ans de dessin. On y rencontre évidemment pas mal de gens dont certains, malheureusement, sont aujourd'hui disparus… On a également une nouvelle histoire de Rabaté et Ravard qui se passe à la campagne. C’est le récit d’un agriculteur qui, à 45 ans, n’a jamais connu l’amour. Sa sœur, qui vit avec lui, décide de l’inscrire sur Meetic. C’est très marrant. Cela s’appelle Olivier ou la cinquième roue du tracteur. Dumontheuil revient également avec une fable qui s’appelle L’Ogre amoureux. Jean-Claude Denis avait commencé une sorte d’autobiographie un peu déguisée avec Nouvelles du Monde Invisible à travers des odeurs. C’est à travers les vertiges qu’il poursuit dans La Terreur des hauteurs. C’est l’occasion pour lui de parler de tous les vertiges et d'évoquer à sa manière, par petites touches et de façon toujours poétique, la vie. Pour revenir sur les récits historiques, il y aura également le deuxième tome du Suaire de Mordillat, Prieur et Liberge. Le troisième tome sortira en 2019.

La tournée de promotion de Profession du Père continue-t-elle ?

S.G. : Cette tournée dure encore jusqu'à mi-juin. Elle me permet avec ma double casquette de visiter des libraires et de pouvoir parler des éditions Futuropolis.

Que pensez-vous de cette deuxième édition de Oh les Beaux Jours ?

S.G. : C'est très bien organisé. Je pense que c'est un festival qui va se développer. C'est très chouette aussi de voir ce mélange entre Littérature et Bande Dessinée aussi bien géré.

C'est aussi mettre de côté les habituelles séances de dédicaces pour organiser des conférences à thème...

S.G. : Oui. Je l'ai aussi vu récemment pour Étonnants Voyageurs à Saint Malo que j'ai fait avec Sorj Chalandon. Les salles sont remplies. On a fait une conférence à 11h un dimanche matin à l’École de Marine, donc pas dans le lieu principal, sur le roman et la bande dessinée. Il y avait Martin Veyron, Jacques Ferrandez, Jean Harambat, David Sala et moi. Il y avait 150 personnes... Je pense que c'est en train d'évoluer. Regardez les concerts dessinés, ils attirent de plus en plus de monde. À Angoulême, les salles se remplissent aussi pour les conférences. Ça nous permet de parler de fond, la bande dessinée aborde des champs nouveaux qui attirent un public différent qui ne lisait plus de BD et qui a tendance à y revenir.

Des envies de retravailler avec Philippe Thirault ?

S.G. : Oui. J'aimerais bien boucher la boucle, c'est à dire presque regrouper les deux histoires qu'on avait faites ensemble Vider la corbeille et Une Épaisse couche de sentiments pour en faire une sorte d'épilogue.



Propos recueillis par L. Gianati avec l'aimable participation de M. Bain

Bibliographie sélective

Profession du père

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Le linge sale

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Note: 3.1/5 (13 votes)

Vider la corbeille

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Note: 2.6/5 (5 votes)

Une épaisse couche de sentiments

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Note: 2.9/5 (34 votes)