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Ils ont fait l'Histoire : Philippe Le Bel

Interview de Mathieu Gabella et Cédric Illand

BDGest Interview 10/03/2014 à 13:49 23210 visiteurs

Aborder l'Histoire, particulièrement en bande dessinée, est loin d'être une sinécure. Trouver le juste milieu entre l'aspect factuel, parfois rébarbatif, et une vision plus romancée mais éloignée de la réalité n'est pas une mince affaire. La nouvelle collection des éditions Glénat, Ils ont fait l'Histoire, propose de mettre en lumière des personnages emblématiques sous forme de biographies historiques. Rencontre avec Cédric Illand, éditeur, et Mathieu Gabella, scénariste de l'un des deux premiers tomes qui vient de paraître, Philippe Le Bel.

INTERVIEW DE MATHIEU GABELLA 

Comment êtes-vous arrivé sur le projet d’Ils ont fait l’Histoire ?

C'est Cédric Illand, mon éditeur chez Glénat, qui m'a demandé si je voulais y participer. Il co-dirige la collection avec Sophie de Closets chez Fayard.

Pourquoi le choix de Philippe Le Bel ? Qu’est-ce qui vous a intéressé dans son histoire ?

J'avais beaucoup lu sur le Moyen Age, à une époque, et j'ai lu les Rois Maudits, donc je connaissais un peu son histoire, même si le roman de Druon ne raconte que la fin de son règne. Mais je savais qu'avec ce roi, j'avais un personnage ambigu, manipulateur, qui avait joué un rôle important dans l'Histoire de France, et c'était exactement le type de profil qui m'intéressait : un manipulateur, un stratège. Et je n'ai pas été déçu par ce que j'ai découvert en lisant sa biographie détaillée. D'ailleurs, je prépare une autre bio pour la même collection, sur Catherine de Medicis. Personnage que j'ai choisi pour les mêmes raisons ...

Comment avez-vous travaillé avec Valérie Theis et Etienne Anheim ?

Une fois que le choix de Philippe le Bel était validé, on s'est réuni chez Fayard avec Cédric, Sophie, Valérie et Etienne pour faire connaissance, et commencer à discuter du personnage. Je m'étais déjà un peu renseigné, mais je n'avais pas encore lu de vrais documents.
J'avais déjà réfléchi à une dramaturgie, je voulais voir ce qu'ils en pensaient, s'ils avaient d'autres axes à proposer.
Au début, il y a eu un malentendu : mon gros problème, c'était de dégager un axe dans l'histoire du règne de Philippe, mais aussi d'expliquer quelles étaient ses motivations. En faire un vrai personnage, avec une psychologie. Le pouvoir, c'est bien, mais il y a l'envie d'en faire quelque chose, en général. Je crois que Valérie et Etienne ont eu peur que j'en fasse un geignard méditatif qui parle à son miroir, ils n'étaient pas trop d'accord pour qu'on « explique la psychologie de Philippe le Bel »... et, en fait, elle s'explique d'elle-même par la dynastie, par sa formation : il a été construit, programmé par son entourage pour être un roi avec une volonté d'absolutisme. Ce que nous expliquons. Problème réglé, si j'ose dire. 
Et assez vite, on est tombé d'accord avec Valérie et Etienne sur un double axe que vous découvrirez dans le livre : les guerres de Flandres, et son conflit avec l'adversaire le plus puissant qu'un roi pouvait avoir à l'époque, le Pape. C'est du grand spectacle.
Après, pour être précis, j'ai lu une bio, écrite par Jean Favier, ainsi que les documents fournis par Valérie et Etienne. C'était conséquent. Ensuite, j'ai construit mon synopsis là dessus, Valérie et Etienne sont repassés derrière pour corriger un peu la trame, attirer mon attention sur l'importance relative de certaines scènes (les templiers, on en parle en dessous), corriger le contenu, les dialogues. Pareil au storyboard et au dessin avec Christophe.

Même si une explication est donnée en fin de récit, choisir de reléguer la répression des Templiers au second plan vous a-t-il paru être une évidence dès la construction du récit ?

Je voulais commencer et boucler sur ça pour emmener le lecteur, parce que, évidemment, tout le monde connaît. Mais je voulais de toutes façons passer assez rapidement dessus : il s'avère, vraiment, que ce n'est pas l'épisode le plus intéressant de la vie de Philippe. 
Valérie et Etienne, eux, ont carrément milité pour qu'on prenne vraiment le lecteur à contrepied, en lui montrant à quel point c'était anecdotique. Ils avaient raison. Même d'un point de vue scénaristique, ce dont on parle est beaucoup plus fort. Et pourtant, méconnu.
Donc, on parle des templiers, bien sûr, mais en montrant justement à quel point ce n'est qu'un combat de plus, après d'autres, plus importants, que Philippe a menés. Et surtout, on balaie rapidement les fantasmes concernant le trésor des templiers.
Franchement, à la lecture de la bande dessinée, je pense que les gens comprendront à quel point le règne de Philippe le Bel a été plus important, plus intéressant, et même bien plus spectaculaire, que cette affaire. Si j'osais, je dirais presque que c'est un détail. C'est dire ce que Philippe le Bel a fait, a vécu à côté de ça.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées pour cette adaptation en bande dessinée ?

Pour Philippe le Bel, c'était assez facile, justement parce que sa vie a été, naturellement, très dramaturgique. Avec un héros plongé dans un conflit légal avec l'autre pouvoir de l'époque, le Pape, et attaqué en même temps sur un autre front, la Flandre, avec de « vraies » guerres.
Et en plus, cette partie de sa vie ressemble à une intrigue hollywoodienne ! Au « milieu de l'histoire », le « pivot central de l'intrigue », il plie. C'était presque trop beau, j'ai vérifié avec Valérie et Etienne : c'était vrai, la bio que je lisais n'était pas romancée.
Mais Philippe se relève, progressivement. Et il va gagner sur les deux fronts, de deux manières différentes. J'avoue que ça m'a bluffé. Avec Philippe le Bel, la réalité est plus forte que la fiction. Vraiment ! Il y a une guerre qu'il perdra, en fait, c'est celle contre l'argent : les caisses seront toujours vides … et on explique pourquoi, bien évidemment. 
En fait, c'est sur Catherine de Medicis, dont la vie est plus récente, donc mieux renseignée, que j'ai eu plus de travail de tri... c'était une autre paire de manches...

N’est-il pas trop frustrant pour un scénariste de jouer le rôle d’un technicien plutôt que celui d’un créateur ?


Si, bien sûr. L'aspect créatif est ultra limité, c'est du technique, vous l'avez dit. Et une masse de documentation dont j'ai eu du mal à me dépêtrer au début.
Mais la dramaturgie est là, c'est une belle histoire, d'autant plus forte qu'elle est vraie. Et j'étais vraiment content de le faire, parce que la collection nous offre le choix, parce que j'ai pu collaborer avec des historiens, et que l'Histoire est quelque chose d'important, pour moi. Voir les luttes pour le pouvoir, qu'elles naissent d'ambitions mais aussi d'idées, de volontés sincères (Philippe le Bel est persuadé d'être le protecteur du peuple, choisi par Dieu, mais Boniface aussi, évidemment), voir ce qu'elles impliquent, c'est important. C'est un thème qui m'intéresse énormément, en tant qu'auteur, que personne, en tant que citoyen.
Et la finesse, l'intelligence de Philippe le Bel, ses innovations... sa cruauté, aussi, ou ce qui peut être considéré comme tel : tout ça est fascinant, soyons honnête. 

Inaugurer une nouvelle collection, ce n’est pas trop stressant ? (sourire)

Non. C'est Didier Convard qui l'inaugure. Moi je ne suis pas connu. Hé hé hé... et d'une certaine manière, ce sont aussi Philippe le Bel, Vercingétorix, et Glénat – Fayard, qui inaugurent. A eux de bien faire le boulot. Moi, j'ai le sentiment d'avoir fait du bon boulot sur ma partie, je n'ai plus de pression.

3 Souhaits étant désormais achevée, avez-vous d’autres projets de séries ? De one-shots ?

Chez Glénat, j'ai encore la bio de Catherine de Médicis dans cette collection, et une série qui s'appellera le Ventre du Dragon. On finit le premier tome, le deuxième est presque complètement écrit, on va enchaîner dessus dans les semaines qui viennent. Je pense que ça sortira l'année prochaine. Et on discute d'autres choses avec Glénat.
Chez Delcourt, il y a plusieurs projets en préparation, je ne peux pas en dire plus pour l'instant. 
Il faut dire aussi que je me suis un peu dispersé l'année dernière, dans d'autres domaines. Mais là, je me suis essentiellement remis à l'écriture bd, vous allez vous en rendre compte en 2015 et 2016...



INTERVIEW DE CEDRIC ILLAND, EDITEUR 

Comment est venue l’idée de la collection Ils ont fait l’Histoire ? Pour quelles raisons avez-vous choisi de coéditer cette collection avec Fayard ? 

Les deux maisons se connaissent depuis un certain temps maintenant et une première collaboration pour La face karchée de Sarkozy qui date de 2006. Cette première expérience, couronnée de succès, nous a incités à renouveler les partenariats, notamment dans le domaine historique qui fait partie de l’ADN des deux maisons ! Les éditions Glénat se sont fait une spécialité des BD historiques dès les années 80 avec Les Passagers du vent ou Les 7 vies de l’Epervier et se trouvent par ailleurs reconnues pour leur investissement dans les œuvres à caractère patrimonial, en livres ou en bandes dessinées. De leur côté, les éditions Fayard sont, depuis des décennies, l’une des premières maisons d’édition pour les Sciences Humaines et l’Histoire – sa collection de biographies réunit les plus grands historiens, de Jean Tulard à Pierre Milza, en passant par Jean Favier et Alain Corbin. 

Nous avons proposé l’idée de biographies historiques en 2011, accueillie avec enthousiasme, et nous avons établi les principes éditoriaux de cette nouvelle collection destinée à un large public. Chaque œuvre devait, selon nous, s’attacher avant tout à un personnage majeur de l’Histoire, derrière lequel toute une époque pouvait être évoquée. Ne restait plus qu’à choisir les personnalités d’importance… Et trouver les historiens, scénaristes, dessinateurs et coloristes appropriés pour se lancer dans cette aventure.

Quel est le rôle de chaque éditeur ?

Une fois la liste des personnages établie ensemble, Les éditions Glénat proposent des auteurs de BD auxquels les éditions Fayard associent un historien spécialiste de la période. Nous travaillons de concert tout au long de la réalisation de l’album, chacun selon ses compétences. 

Comment choisissez-vous les personnages historiques qui sont au centre des albums ? Est-ce une proposition des scénaristes à qui vous soumettez le projet ou existe-t-il déjà une liste préétablie ?

Nous sommes partis du catalogue des biographies de Fayard pour faire une première sélection. Et le choix était vaste : Catherine de Médicis, Louis XIII, Louis XIV, Napoléon, Gengis Khan, Jean Jaurès… Nous avons donc choisi une cinquantaine de personnages emblématiques qui ont, chacun à leur manière, contribué à la construction de notre Histoire. Puis ce sont les auteurs de BD qui choisissent quel personnage ou quelle période historique les intéresse le plus. 

Quels sont les rôles des concepteurs et des conseillers historiques ?

Notre souhait n’était pas d’adapter des biographies en bande dessinées mais, au contraire, de créer des œuvres originales grâce au travail collectif d’un historien, d’un scénariste et d’un dessinateur. La confrontation des différents points de vue permet de donner un rendu unique et nous l’espérons, instructif. 

Les albums de cette collection sont-ils destinés, selon vous, à intégrer les bibliothèques scolaires ?

Cette collection s’adresse à tout le monde qu’il soit féru d’Histoire ou amateurs de bandes dessinées. Mais nous espérons bien évidemment toucher aussi les jeunes lecteurs et les enseignants, et, dans cette idée, les CDI et bibliothèques sont des lieux privilégiés.

Philippe Le Bel et Vercingétorix inaugurent la collection. Est-ce un choix délibéré ou un simple hasard du calendrier ?

Simple hasard.

Quel sera le rythme de parution ?

Une trentaine d’albums sont en chantier, dont huit sortiront en 2014. Si le succès est au rendez-vous comme nous l’espérons, nous ne nous interdisons évidemment pas de poursuivre l’aventure.


RECHERCHES DE CHRISTOPHE REGNAULT

Propos recueillis par Laurent Gianati et Laurent Cirade
BDGest

Information sur l'album

Ils ont fait l'Histoire
1. Philippe le Bel

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