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Xiao Pan, naissance d'un éditeur de BD chinoise

La révolution chinoise en marche ?

Jérôme Briot News 23/03/2006 à 12:47 2413 visiteurs
La bande dessinée chinoise était invitée au festival d'Angoulême 2006, au sein d'un "pavillon" qui à défaut d'être impérial, permettait de se faire une idée du style des auteurs du pays de l'Encre. Une toute jeune maison d'édition en profitait pour se présenter au public : Xiao Pan, structure française spécialisée dans la publication de bandes dessinées d'auteurs chinois.

Les trois premiers titres sont en librairie depuis début mars : dans un format album cartonné, Le fils du marchand de Nie Chongrui, est une adaptation dessinée d'un conte chinois. C'est une sorte de vision extrême-orientale du mythe du vampire. Au lieu de chauves-souris, on y rencontre des renards maléfiques et magiciens, capables de prendre forme humaine pour commettre leurs méfaits. La famille d'un marchand se fait terroriser par une de ces créatures. Heureusement, le fils de la maison est un garçon espiègle et courageux, qui va se rebeller pour sauver sa mère, abusée par le renard.

My Street de Nie Jun, histoire en noir et blanc prévue en cinq tomes, est un récit qui mélange onirisme et polar, dans un monde futuriste. La pègre, Maoye en a marre. Alors il a tout "balancé". Quand il se fait convoquer par son caïd, son espérance de survie est bien mince. C'est alors qu'il se retrouve sous les feux croisés entre sa bande, et une organisation rivale. Il n'en sort pas indemne, mais se fait soigner par une étrange vieille dame qui commande aux abeilles. En rétribution, elle exige de Maoye qu'il l'écoute raconter une histoire...

Quant à Remember par Benjamin, il s'agit d'histoires à demi autobiographiques, qui posent la délicate question de la liberté artistique, dans un pays où les rédacteurs en chef ont des idées très arrêtées (et rétrogrades) sur la bande dessinée, et ne souhaitent rien moins que de bousculer les habitudes du public en la matière. La dernière partie du livre présente un art-book commenté, l'occasion pour Benjamin d'exprimer différents souvenirs. Tout cela, avec une évidente facilité graphique et une approche des couleurs particulièrement originale.



Deux nouveaux livres sont déjà annoncés pour avril : L'envol de Zhang Xiaoyu, et le premier tome d'une nouvelle série de Nie Jun : Diu Diu. Une telle passion pour la bande dessinée chinoise, cela méritait quelques questions à Patrick Abry, fondateur des éditions Xiao Pan :

- Quels ont été vos premiers contacts avec la Chine, et plus particulièrement avec la bande dessinée chinoise ?
Dans mon emploi précédent, dans une entreprise française internationale, j'étais souvent amené à effectuer des déplacements professionnels en Asie. C'est ainsi que j'ai pu rencontrer des Chinois dessinateurs, qui partageaient la même passion que moi pour la bande dessinée.

- En octobre 2005, vous avez participé à l'organisation du premier Festival de l'image dessinée française à Beijing. Quel en est le bilan ?
C'était un véritable challenge, une expérience exaltante dont tous les participants se souviendront longtemps, tant elle s'est révélée riche en échanges et en rigolades. Nous avons réussi ce pari un peu fou, mais cela nous a conduit à devoir assumer une grande partie du déficit budgétaire (causé par l'abandon des sponsors publics en particuliers). Mais enfin, cela nous a permis de poser les premiers piliers d'un pont reliant le monde de la BD franco-belge et celui de la BD chinoise.

- C'est donc à cette occasion que votre projet éditorial a vu le jour ?
Oui, lors de la préparation du Festival. Le projet Xiao Pan est né d'une nécessité : en rencontrant les auteurs chinois (notamment Benjamin), je ne comprenais pas que leurs talents puissent rester méconnus en Europe.

- Comment sélectionnez-vous vos auteurs ?
Comme beaucoup d'éditeurs, je fonctionne au coup de coeur, en essayant de en pas perdre de vue le marché... Ce qui n'est pas toujours facile. Avec le Festival de Beijing, beaucoup d'artistes connaissent maintenant Xiao Pan et sa politique éditoriale. Pour eux, c'est une approche très nouvelle. En Chine, les éditeurs sont tous des structures d'Etat, avec des employés fonctionnaires très indifférents au travail des auteurs. Les exceptions sont rares. Aujourd'hui, c'est le bouche à oreille dans la profession et la communication que nous faisons sur le web chinois qui m'envoie les auteurs. Et puis j'ai la chance d'avoir des partenaires locaux qui sont très actifs.

- Le nom "Xiao Pan" signifie t-il quelque chose ?
Je n'ai fait qu'utiliser la recette de bons nombres d'éditeurs célèbres (Dargaud, Dupuis et les autres) : j'ai pris mon nom comme label. Avec quand même une originalité : Xiao Pan, c'est le surnom asiatique que m'ont donné les Chinois (c'est une pratique courante en Chine quant vous développez des affaires à long terme avec eux). Je me suis donc contenter de l'utiliser. Je voulais un nom dont la sonorité serait immédiatement identifiable à la Chine. Idem pour le logo.

- Vous insistez pour qu'on parle de "bande dessinée chinoise" au lieu d'une appellation plus locale comme existent manga, manhwa, comics ou fumetti. Quelle raison à cela ?
C'est surtout pour éviter de se faire coller l'étiquette manga qui aujourd'hui est réductrice et qui est même péjorative dans la bouche de beaucoup d'adultes. C'est aussi la raison pour laquelle nous avons voulu commencer avec des albums en couleur, dont Le fils du marchand au format cartonné 22x30. En fait, on peut dire BD chinoise ou man hua, son nom local. Mais je voulais par dessus tout éviter le terme "manga chinois"...

- Parmi les trois premiers livres des éditions Xiao Pan, deux sont inédits en Chine. Est-ce à dire que vous faites réaliser en Chine des bande dessinées conçues pour le marché européen ?
Non ! Au contraire, je réponds à une attente des auteurs chinois : pouvoir faire éditer leurs travaux sans contrainte, leur permettre de raconter ce qu'ils veulent, comme ils le veulent (j'exclus toutefois tout contenu qui attaquerait le régime en place). Le fils du marchand a été prépublié en noir et blanc, mais dans une version édulcorée, sans scène d'érotisme. My street avait été prépublié partiellement. Mais pour les auteurs, l'aboutissement reste l'album qu'ils ont entre les mains. Et j'ai en cours des vrais projets partant juste d'une idée et de 2 ou 3 pages avec des auteurs, publiés prochainement chez Xiao Pan.

- Xiao Pan ouvre le marché de la BD chinoise... Craignez-vous que les éditeurs déjà implantés dans l'édition de mangas ou de manhwas ne cherchent à s'infiltrer sur votre "créneau" ?
Ils vont fatalement y venir. Mais le marché est vaste, et j'ai un réseau et une crédibilité qu'ils n'ont pas encore (la taille ne suffit pas !). De toute façon, je n'ai pas la capacité à éditer tous les artistes chinois. Je cherche juste à éditer les meilleurs (en terme artistique ou en terme de marché, ou les deux ensemble, ce qui est le rêve de tout éditeur) avant tout le monde.

- Et comment souhaite t-on "bonne chance" en chinois ?
En voilà une colle ! Je vais me renseigner. C'est une chose que mes partenaires et amis ne m'ont jamais dite...



>> site web de Xiao Pan
Jérôme Briot